Deeloc : «La moindre des choses, c’est de tout niquer»

Avec Arayna vol. 1, Deeloc se découvre avec une prestigieuse liste d’invités. Une carte de visite témoin d’un univers en pleine formation. 

La tête sur les épaules, les rimes sur l’instru. Voilà qui résumerait plutôt bien Deeloc, rappeur de Dreux, avide de croquer l’Hexagone. Avec Arayna vol. 1, l’artiste s’entoure d’un casting 5-étoiles pour convertir son ambition en succès d’estime et commercial. Plus audacieux dans ses approches, également plus éclectique, Deeloc se révèle au grand public avec une palette presque imprévue. Étonnante et saisissante. Bourré de talent, le rappeur admet aussi une mentalité conquérante, avec une conscience précise des rouages du rap actuel. Jeune, humble et ambitieux. Rencontre.

Tu viens de Dreux, tu représentes la ville. Elle ressemble à quoi ta vie là-bas ?

La vie au quartier, elle a un peu changé par rapport à avant. Aujourd’hui, je me consacre vraiment sur la musique, je mène une vie plutôt cool. J’ai toujours mes relations avec mes amis d’enfance, on essaye de se voir quand on peut car comme tout le monde à grandi, il y en a qui travaillent, d’autres qui se consacrent à leur projet ou leur vie de couple. 

Comment la musique et le rap sont arrivés dans ta vie ? 

Dans mon quartier, tout le monde s’est mis à rapper en même temps et moi quand ça s’est passé, je devais avoir 9 ans. Ça n’était pas vraiment sérieux et beaucoup ont lâché. À l’âge de 13 ans, j’ai commencé à écrire mes vrais premiers textes. Au fur et à mesure j’ai des potos qui ont lâché. J’ai aussi eu mes périodes où je n’écrivais pas pendant 1 ou 2 ans mais je n’ai jamais vraiment lâché. Et ensuite à 19 ans, je me suis dit : « Pourquoi pas faire quelque chose sérieusement là-dedans ? ».

Tu te souviens de tes premiers textes ? Ça te faisait du bien de pouvoir écrire et extérioriser certaines choses ? 

Oui, ça parlait du quartier. Après, j’avais 13 ans, donc je n’avais pas grand chose à dire, c’étaient des rimes faciles, des conneries. Ça me faisait du bien dans le sens où j’ai toujours aimé la musique, parler, raconter ma vie, ou raconter la vie des gens que je connais, faire des histoires, des jeux de mots, des morales, j’ai toujours aimé ça. 

Tu te souviens des premières instru sur lesquelles tu posais ?

Oui, c’était des type-beats YouTube à l’ancienne style Mopp Deep. En suite, en 2015 quand j’ai commencé à rapper plus sérieusement, c’est allé dans un délire un peu plus Chief Keef. Il nous a beaucoup inspiré.

Crédits : @Lou_bet

Du coup c’est en 2015 que tu as eu le déclic pour essayer de vivre du rap ?

Non, c’était en 2018. Je me suis dit que je voulais faire quelque chose de sérieux. Pas forcément pour en vivre au début, mais je me suis dit que j’allais me concentrer là-dessus pour que ce soit mon but principal et voir ce qu’on peut en faire. Je rappais par envie et aussi car des gens de mon entourage qui me disait de faire quelque chose là-dedans car j’avais un potentiel. Ça m’a motivé.

On t’a découvert avec la série de morceaux Bloquage, comment ça s’est fait cette série de morceaux ?

J’ai d’abord fait un morceau qui ne s’appelait pas Bloquage il s’appelait « Freestyle Bitume » puis j’ai réfléchi et je me suis convaincu d’aller sur une série de freestyle Bloquage. C’est aussi à ce moment-là que j’ai rencontré mon producteur Doggmovie. On s’est mis d’accord pour faire cette série.

Tu as déjà fait pas mal de featurings, c’était quoi la première connexion avec quelqu’un hors de ton entourage ? 

Quand j’ai commencé, j’ai envoyé une mixtape en indé avec le petit frère de Bosh, il s’appelle Libo. On n’avait pas un groupe mais on rappait ensemble. La mixtape est encore dispo sur YouTube, Chirac Volume 1, c’était en 2015 si je ne me trompe pas. On allait déjà vers de la drill, on était matrixé. 

D’où la connexion avec Bosh sur ton projet ? 

Non, la connexion musicale avec Bosh s’est faite plus tard. On ne se connait pas de la musique, on se connait en dehors, c’est la famille. C’est pas une histoire de musique, c’est bien plus que ça. 

Tu as aussi eu un gros feat avec Freeze Corleone. Comment ça s’est fait ? 

C’est mon producteur Doggmovie, c’est lui qui a organisé ça. On s’est vu en studio, le feeling est passé, très productif le frérot. Il a aussi un peu bossé sur l’instru, ça s’est super bien passé. Je me suis mis une bonne pression, en mode je vais feater avec Freeze, fallait que je mette la barre haute.

Tu as aussi eu des connexions à l’étranger.

Oui, avec Golden Boy Muj, c’est mon producteur aussi qui a géré ça. Ça s’est super bien passé, j’ai eu des bon retours. Je suis encore en contact avec lui et il y a possibilité qu’il y ait d’autres feats. 

Tu étais chez Def Jam, peux-tu nous expliquer ce qu’il s’est passé ?

Au début, il y a une plusieurs maisons de disques qui étaient intéressées par mon profil, après quand j’ai entendu Def Jam, je suis resté bloqué sur eux. Je voulais absolument aller là-bas, et on y est allé. Au début, ça s’est bien passé, puis ça a très vite été chelou. Par exemple, dans la fréquence d’envoi, on est parti en mode : « On ne fait pas plus d’un mois sans rien envoyer », et avec eux, je me suis retrouvé huit mois sans sorties. J’étais en développement, le but, c’est d’envoyer jusqu’à ce que ça pète. Donc ça a pris un peu de temps pour qu’il me relâche.

J’ai dû rester muet pendant huit mois supplémentaires donc ça m’a un peu éteint. Mais les gens voyaient déjà un peu qui j’étais. Ce qui est triste dans tout ça, c’est que les gens pensaient que j’avais plus d’inspiration ou que je dormais. Mais non, c’est pas l’artiste, mais la maison de disque ! Ensuite quand j’ai signé chez TripleDouble, j’ai vu que le travail était different. Il y a eu de la promotion, j’ai eu des retours de gens qui me voyaient à gauche, à droite. Même dans la fréquence d’envoi, il n’y avait rien à dire. C’est là où tu vois que le nom de la maison de disque ne fait pas tout : tout dépend de l’équipe qui t’entoure et de la conviction. Moi, je crois en moi. Des gens qui se rajoutent au projet et croient aussi en moi, donne du temps pour moi. La moindre des choses c’est de tout niquer. 

Crédits : @Lou_bet

On va parler de la mixtape qui vient de sortir ARAYNA VOL.1, tu travailles dessus depuis combien de temps ?

Le projet a vu le jour quand j’ai commencé à bosser avec mon label TripleDouble. On s’est dit qu’on allait sortir un EP Bloquage pour finaliser la série. Et ensuite, on s’est dit qu’on allait appeler mon projet Arayna car c’est une de mes gimmicks. Et la mixtape, ça doit faire huit mois qu’on est dessus. J’ai hâte que les gens la découvre car il y a un peu de tout. Il y a des gens qui seront surpris, car il n’y a pas que du Bloquage. Deeloc, ce n’est pas qu’un univers, c’est plusieurs univers en même temps.

Il y a beaucoup de morceaux variés sur ton projet, notamment « Monica » et « Cacharel », on voit que tu sais faire autre chose. Tu savais avant les Bloquage que tu étais aussi à l’aise dans ce registre ou tu l’as découvert plus tard ? 

Je savais déjà que je savais faire ça. Après, j’étais aussi conscient que je ne pouvais pas arriver directement comme ça, car les gens auraient eu du mal à me caser. Il fallait que j’arrive avec une identité précise. Et, ensuite, je me suis dit qu’avec un minimum de notoriété, j’allais pouvoir montrer ce que je savais faire dans un projet. 

Là c’est le Volume 1, j’imagine que la suite arrive. Toujours dans ces univers-là ou tu nous caches encore quelque chose ? 

Je n’ai pas tout montré. Ce que je peux dire aux gens c’est de me suivre pour voir la suite. Ça risque de les choquer, il va y avoir d’autres petites surprises. 

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ? Comment tu te projètes ? 

J’espère que je vais pouvoir exceller dans mon domaine et surtout m’améliorer. La musique, c’est devenu un marathon, les sons ont une durée de vie encore plus minimes qu’avant. Tu peux faire un son, il va tourner trois semaines voir un mois. Moi, ma politique, c’est le travail. Rien lâcher, et rester humble quoi qu’il arrive.