Interviews
Lil Dicky, l’artiste qui n’a jamais voulu devenir rappeur
À l’occasion de sa tournée européenne et lors de son passage à Paris, notre équipe a eu la chance de rencontrer Lil Dicky, le comédien qui n’a jamais voulu devenir rappeur. Nous avons notamment discuté du succès de son dernier album, de sa collaboration avec Snoop Dogg et de ses inspirations.
Première question, quand tu étais enfant, as-tu rêvé d’être un rappeur ou pas du tout?
Pas vraiment, moi je voulais plutôt devenir comédien. Aujourd’hui, je me considère comme un rappeur/comédien, c’est le concept et l’idée.
Est-ce que tu connais d’autres rappeurs/comédiens?
Ouais, à l’époque il y avait The Lonely Island avec Andy Samberg. Eminem aussi à ses débuts, il était très axé sur le côté comique. Mais je pense que je suis le seul mec qui fait ce que je fais précisément.
Eminem c’est une inspiration pour toi? Tu l’écoutes toujours en 2016?
Oui, c’est une inspiration mais aujourd’hui je ne l’écoute plus vraiment. Je l’ai découvert comme tout le monde quand j’étais jeune et je l’ai beaucoup écouté à ce moment-là, avec ses premiers projets.
Il y a beaucoup de différences entre ton premier projet So Hard et ton album The Professionnal Rapper, est-ce que tu peux nous parler de ces différences?
Je considère So Hard comme un premier essai, The Professionnal Rapper c’est une meilleure version de ce que je suis capable de faire. Même sur l’aspect musicale, Professionnal Rapper est beaucoup plus abouti que mon premier projet. Il y a des thèmes similaires sur les deux albums mais celui-là est beaucoup plus personnel, beaucoup plus mature. D’un point de vu général, la qualité est bien meilleure sur Professionnal Rapper.
Cet album, c’est une présentation de l’homme que tu es réellement?
Ouais, réellement. On comprend ça directement en ouvrant l’album avec la première chanson et avec l’entretien d’embauche.
D’ailleurs, comment est venue la connexion avec Snoop Dogg sur la chanson Professionnal Rapper?
J’avais cette idée de faire un son en mode « entretien d’embauche » mais je voulais absolument le faire avec une légende du rap. Et je me suis posé la question, qui est le mec le plus légendaire pour partager le morceau avec moi? J’ai pensé à Eminem, à Jay-Z mais Snoop est arrivé en premier sur ma liste. Mon manager a rencontré son manager, on a discuté du concept et il a accepté.
D’ailleurs le clip est vraiment énorme, d’où vient l’idée?
On voulait faire quelque chose d’original et surtout de réalisable. On était pas certain que Snoop soit disponible pour rester plus d’une journée sur le tournage, du coup on a trouvé la solution du dessin-animé plus facile et surtout plus drôle.
La première fois qu’on a écouté Professionnal Rapper, on a été très surpris par certaines prods, comment tu les choisis? Tu produis également?
Je ne produis pas, mais je fais vraiment très attention à toutes les productions. Je reçois beaucoup de beats par mail, du coup je prends mon temps pour les choisir. Par exemple, quand j’ai entendu l’instru de Lemme Freak, j’ai tout de suite su qu’elle avait un truc particulier, donc on est parti là-dessus. Je n’aime pas les beats qui sonnent comme les autres, je préfère quand il y a des sonorités originales et quand ça sort de l’ordinaire. Plus c’est unique, mieux c’est.
Quel est ton processus d’écriture?
J’écoute le beat, je fume de la weed puis je freestyle dessus. Ensuite je réécoute le lendemain, je vois ce que ça donne puis je corrige tout ce qui me déplait.
L’un des meilleurs clips est celui de Save Dat Money, le concept est vraiment très réussi. Combien de maisons vous avez fait pour le tournage?
Je crois 50 maisons mais certaines ne répondaient pas, du coup on passait à la suivante. Certains propriétaires nous ont dit « non! » et une femme a accepté, c’était fou!
Tu viens d’être certifié gold avec le single Save Dat Money, c’est la première fois, qu’est-ce que tu ressens?
Oui c’est la première fois, c’est cool mais GOLD ça m’importe peu. Je me souviens quand j’étais plus jeune, c’était surtout PLATINUM qui comptait dans l’esprit de tout le monde. Donc lorsque je serai PLATINUM, ça aura une vraie signification pour moi.
Tu viens de Philadelphie, penses-tu que le rap de ta ville est considéré à sa juste valeur?
Actuellement? Oui je pense. Il y a Meek Mill, Lil Uzi Vert, Black Thought évidemment. Même si Lil Uzi Vert est encore jeune, il est très écouté par la nouvelle génération.
Et t’as pensé quoi du clash entre Drake et Meek Mill?
Pauvre Meek Mill… Drake est mon rappeur préféré, comme j’ai déjà dit, je suis aussi un grand fan de Meek Mill. Quand Drake a sorti le premier clash en musique, j’attendais vraiment la réponse de Meek Mill, et j’ai été très déçu par sa réponse.
En parlant de Drake, t’as pensé quoi de son album Views?
Je préfère Drake quand il rappe plutôt que lorsqu’il chante, c’est pas l’idée que je me fais d’un album de Drizzy, j’ai largement préféré If You’re Reading This It’s Too Late. Mais par rapport à tout ce qui se fait, ça reste un projet très bon.
Est-ce que tu as déjà prévu quelque chose pour le futur?
Oui, ce ne sera pas un album, je vais sortir un EP ou une mixtape. Je vais faire quelque chose de différent du dernier album, je veux vraiment qu’on entende quelque chose de différent. Par exemple, aujourd’hui quand j’écoute So Hard, je n’aime pas du tout, je peux pas me poser et l’écouter, je le déteste. Et je crois que ça me fera le même effet dans 2 ans avec Professionnal Rapper, alors pour le prochain projet, je veux proposer quelque chose de différent.
Dernière question, si tu dois choisir 5 rappeurs, pas nécessairement ton TOP 5 mais 5 rappeurs que tu apprécies aujourd’hui?
Drake, moi-même, Young Thug, je ne peux pas choisir quelqu’un comme Jay-Z car il est là depuis longtemps, je préfère prendre des rappeurs de la nouvelle école. Ah! Kendrick Lamar, évidemment. Et J.Cole.
Propos recueillis par William Hoyon et Quentin Chadanian