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« Man of the Moon » : comprendre le voyage de Kid Cudi en 11 ans

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kid cudi man of the moon

Avec Man on the Moon III : The Chosen, Kid Cudi clôt enfin son voyage amorcé onze ans plus tôt vers la Lune. Retour sur l’une des plus grandes trilogies du hip-hop.

Man on the Moon : The End of Day

Septembre 2009, Scott Mescudi alias Kid Cudi, sort Man on the Moon : The End Of Day. Propulsé par d’énormes singles comme Day ‘N’ Nite, Soundtrack 2 My Life ou encore Pursuit of Happiness, le premier opus de Cudi se vend à 104 419 exemplaires aux États-Unis en première semaine. D’excellents chiffres pour un album complexe. En effet, l’album ambitionne d’être une tragédie en plusieurs actes. On y suit l’histoire de Kid Cudi lui-même, rongé par l’alcool ou encore la drogue. Pendant un peu plus d’une heure, Cudi se livre et nous ouvre les portes de son univers, entre éternelle déprime et joie passagère.

Dans une interview, Cudi expliquera le concept de son album : «« Man on the Moon : The End of Day » est le premier volet de la trilogie de « Man on the Moon ». C’est littéralement le début. Il commence par un rêve, tous ces albums seront des séquences de rêve mais celui-ci est le tout premier rêve… Je m’endors et dès le morceau du début, vous aurez certainement l’impression d’être dans un état de rêve. Mais le thème est définitivement mon ascension vers la gloire et comment je l’avais imaginé dans mon cerveau. C’est un mélange de choses que j’ai traversées et de visions que j’ai eues dans mes rêves.»

L’introduction du morceau éponyme « Man on the Moon » montre clairement les objectifs de Cudi et son ambition de réussir :

«D’accord, c’est parti
J’en ai rien à foutre
Je me fous de ce que les gens pensent de moi
Je veux dire, je l’ai fait, mais, merde, tu vois ce que je veux dire ?
Tu vas m’aimer, mec
Tu vas m’aimer, mec»

Man on the Moon II : The Legend of Mr. Rager

Si la cover du premier volet de Man on the Moon montrait Cudi en fusion avec la Lune, la cover du deuxième projet est beaucoup plus sombre. On y voit Scott assis seul dans une pièce, l’air grave et un verre d’alcool à la main, symptomatique des démons qui le rongent. La seule lueur d’espoir, une magnifique nuit étoilée, vient du tableau derrière lui. Malheureusement, Cudi lui tourne le dos et s’enfonce un peu plus dans sa peine.

Comme pour le premier opus de sa trilogie, MOTM II est un récit en plusieurs actes. La première partie de l’album est plutôt légère, voir optimiste. On y voit un Scott insouciant s’amuser, faire la fête, boire et fumer. On assiste alors à la transformation de Cudi en « The Rager ». La seconde moitié de l’album est beaucoup plus sombre et nous montre un Cudi sous l’influence pernicieuse de la drogue. Le morceau « Mr. Rager » est le climax du projet et raconte l’histoire d’une overdose et du départ de Cudi vers le Paradis. Le morceau confronte Scott (sa voix claire) à Mr. Rager (sa voix grave). Mr. Rager représente alors le côté sombre de Cudi et a pour but de détruire ce qui reste de son alter-ego afin que son personnage continue de vivre.

Man on the Moon III : The Chosen

Onze ans après avoir amorcé son triptyque, Cudi le conclut enfin en décembre 2020. Entre temps, le rappeur aura traversé une dépression, des pulsions suicidaires et une désintoxication. En 2016 sort Passion, Pain & Demon Slayin’, son premier album depuis sa sortie de cure. Encore une fois composé d’actes, le projet évolue au fil d’entre eux, d’une ambiance lente et sombre à un ton plus joyeux. C’est une certitude, Kid Cudi va enfin mieux.

Pour Man on the Moon III, exit Mr. Rager. Cudi devient l’élu, celui qui doit aller sur le satellite de la Terre. Sans tomber dans sa propre caricature, Scott reste fidèle à ses ambitions et à son art. Accompagné de Pop Smoke et Skepta sur « Show Out », les trois monstres conjuguent drill et hip-hop pour nous offrir un morceau bouillant. Sur « Lovin’ Me », Scott accueille Phoebe Bridgers pour un hymne à l’amour-propre. Le rappeur prend alors conscience de qui il est et de ce qu’il vaut : «En regardant Scott, je sais qu’il est tout ce que j’ai.»

Le point culminant de cet album est très certainement le troisième acte « Heart Of Rose Gold » (Sad People – Lovin’ Me), véritable lumière du projet et caractéristique de la musique de Cudi et de ses fredonnements légendaires. De passage chez Apple Music, il racontait comment Travis Scott l’avait influencé et pousser à se dépasser. L’objectif est plus qu’atteint et une décennie après avoir commencé son voyage autour de la Lune, Scott Mescudi semble enfin avoir posé le pied dessus.

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