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La légende de Rim’K en featurings
Pour se révéler toujours aussi pertinent après 20 ans de carrière, Rim’K a su ré-adapter son style de rap, se greffant aux personnalités fortes du moment. Un caméléon sans la moindre ride, devenu totem du rap français.
Dans un repas de famille, il serait celui qui fait fantasmer les gosses avec ses Air Max aux pieds, tout en souriant lorsque son beau-frère se plaint du poids des cabas. Il serait le patriarche, les coudes posés sur la table. À la même place depuis vingt ans, toujours discret, le regard humble derrière ses lunettes de soleil.
« Tonton » respecté et unanime du rap français, Rim’K est la légende que personne ne pourra contester. Mais contrairement à la plupart de ses confrères, portés par des classiques dissimulés tout au long des années 2000, l’ancien du 113 conserve une pertinence artistique intacte. Et ce, grâce à un renouvellement de forme et de flow, projet après projet, en se greffant aux nouvelles générations. Zoom en cinq points.
Rim’K – « Parloir fantôme » avec Sefyu
Trois ans après L’enfant du pays, où il dessine son univers en solo à quelques pas du 113, Rim’K sort Famille nombreuse. Parmi les quelques grosses collaborations qui recouvrent la tracklist, Médine, Dry, ou encore la Psy4 de la Rime, Rim’K a fait appel à Sefyu pour un entretien au « Parloir fantôme ». À travers ce morceau, où les timbres de voix des deux artistes ont dû secouer l’ingénieur du son, Rim’K s’arme de l’une des têtes d’affiche du moment pour briller. Seul. Sur une instrumentale typique des années 2000, surplombée d’énormes basses et d’un synthé façon film d’horreur, les deux hommes livrent un classique dégoulinant de bitume. Devant la caméra de Chris Macari, le tandem s’est offert un clip cinématographique, où, placés derrière les barreaux, ils narrent leurs histoires respectives lors d’un « Parloir fantôme ».
« Call of bitume » avec Booba
Entre la production de Therapy 2093 et Chichi 2031, le couplet de Booba et le refrain de Rim’K, difficile de retenir ce qu’il n’y a pas de classique dans « Call of bitume ». Après « Banlieue » quelques années plus tôt, les deux hommes se retrouvent sur l’opus Chef de famille en 2012. De l’eau a coulé sous les ponts : Booba a dévoilé respectivement Panthéon, Ouest Side, 0.9, Lunatic et Futur et culmine avec quelques poids lourds au sommet du rap français. Rim’K, lui, est déjà un nom en solo, et frappe avec son quatrième album. Cette connexion à l’entrée des années 2010 réunit deux grands noms marquants de la décennie. Entre punchlines, alchimie et efficacité, elle reste l’un des trésors non clippé de la discographie de deux piliers du rap français. Un vrai classique oublié.
Rim’K – « Paris la nuit » avec Nekfeu
Pour ceux qui dormiraient au fond de la classe : oui, Rim’K a collaboré avec Nekfeu. Le son est même clippé dans une session studio au croisement de deux générations. En 2016, Rim’K n’a pas plus livrer de projet solo depuis quatre ans. Et avec Monster Tape, il dévoile sa première cure de rajeunissement. Lacrim, Lartiste et même Rich Homie Quan : Rim’K s’entoure de la crème du rap actuel pour un projet dans l’ère du temps, marquant le renouveau d’un artiste, la cape du 113 sur le sol. Avec Nekfeu, porté par le succès de Feu quelques mois plus tôt, il signe l’une de ses collaborations les plus marquante et inattendue. Nerveux et autoritaire, le « Tonton » frappe fort dans un premier couplet percutant, et laisse son invité se charger d’un refrain obscur en accord avec le thème. Une rencontre respectueuse, respectable et respectée.
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« Air Max » avec Ninho
Survêtement du Paris Saint-Germain, chaise pliante et fond de plage. À 41 ans, Rim’K a peut-être signé l’un de ses plus grands classiques. Avec l’une des têtes brûlées de la nouvelle génération, Ninho, l’artiste s’est envolé, après près de 20 ans de carrière vers son premier disque de diamant avec « Air Max ». Comme une consécration ultime pour féliciter sa capacité d’adaptation quasi héroïque. Dans ce titre, tout est parfait. Le refrain ultime de Ninho, le couplet de Rim’K et le flamant rose qui dressent sans aucun doute le titre au rang de single hip-hop de l’été 2018. Extrait de Mutant, sur lequel est également présent Vald sur le génial « DeLorean », « Air Max » marque sans conteste le nouveau statut d’un Rim’K, à qui «on ne parle pas d’âge».
Rim’K – « Valise » avec Koba LaD et SCH
Rim’K, huit albums solo, une carrière étalée sur quatre décennies, finissant par s’inspirer du flow d’un jeune de 20 ans qu’il accueille sur son nouveau projet. Merci. Juste, merci. Avec « Valise », Rim’K a certainement atteint le sommet de sa métamorphose. Au milieu de Koba LaD et SCH, il prend la pose comme un jeune rookie aux dents longues prêt à marcher sur le rap. Il s’offre même le luxe de balancer un EP de cinq titres, tranquillement. Le tout avec Dadju et Hamza, deux artistes à mille lieues de son univers, avec qui il épouse parfaitement l’instrumentale. Rim’K est un monstre artistique autant qu’il est un monument du rap français.