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La menace Freeze Corleone pourra-t-elle tout changer ?

Photo : @camulojames

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Alors que sa Menace fantôme pourrait débarquer sur Terre à la rentrée, Freeze Corleone a profité des six derniers mois pour préparer sa stratégie du côté obscur. 

Au-dessus de la Terre, un immense vaisseau Sith tournoie dans les airs. Voilà longtemps qu’il est là, et chaque jour, les habitants de la planète bleue jette un coup d’oeil vers le ciel, appréhendant la terrible malédiction qui les frappera lorsqu’il se décidera, enfin, à atterrir. À son bord, un étrange capitaine, aux multiples noms. La plupart l’appelle Freeze Corleone. Dans son navire sombre et inquiétant, il laisse planer une menace qui ne devrait plus tarder à s’abattre. Une Menace fantôme. Et s’il met si longtemps avant de rejoindre la Terre ferme, c’est parce que son plan avait besoin d’être parfait.

La menace Freeze Corleone

Nous sommes le 13 novembre 2018. Le Projet Blue Beam, ce court dossier de onze pages, vient d’être publié il y a un an. Une sorte de mythe qui s’est ébruité au fil du temps, jusqu’à disposer les premières pierres d’une nouvelle vague rap. Un rap lugubre, fourmillant de références complotistes parfois dérangeantes et de clips hostiles. Un rap volontairement inaccessible, prodigieusement technique, assurément avant-gardiste. En tout cas dans l’Hexagone. Au fil des mois, le projet de Freeze Corleone s’est répandu, au rythme d’une propagande orchestrée par une fan-base d’une solidité quasi-inédite. Fendu sous sa capuche noire, comme ses confrères qui composent la secte du 667, le rappeur a laissé ses fans parler en son nom, prodiguer son art.

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Ses rares interventions n’ont concerné que de puissants couplets, consolidant sa légende de kickeur hors-pair en pleine création. Très discret lors de sa sortie, le Projet Blue Beam a finalement empilé les allers-retours au top 200 des albums du Snep en 2020. À chaque grand couplet de Freeze Corleone, l’opus revient faire un tour dans classement. La preuve d’un manque évident d’une communauté grandissante, retournant réviser le projet dès que le Professeur donne une nouvelle leçon. Toutefois, ce 13 novembre 2019, date tristement symbolique des attentats du Bataclan, Freeze Corleone livrait un indice : son prochain projet sortira en 2020. Et il s’appellera La menace fantôme. 

Anticipant les coriaces habitudes de l’artiste, les fans ont tenté d’étudier quelle date pourrait faire l’objet de cette arrivée sur Terre. Le 7 janvier a longuement fait office de date crédible : elle correspond aux attentats de Charlie Hebdo et chaque projet de Freeze est positionné sur un tragique événement. Mais en janvier, rien. Ni même en février. Ni même en mars, avril, mai et juin. Certainement que les mesures de confinement, imposées par le gouvernement, ont enrayé la stratégie de l’artiste au même rythme que l’industrie musicale. C’est ainsi que La menace fantôme est peut-être restée dans les airs plus longtemps que prévu. Elle pourrait ainsi se poser dès la rentrée, comme en témoigne sa tournée en septembre, placée sous le sigle LMF.

La menace fantôme venue d’un autre monde

Dans tous les cas, le nouveau projet de Freeze Corleone revêt un tout nouveau costume. Terminé le rappeur underground niché dans les sombres tréfonds de YouTube avec le 667, l’artiste ne fait qu’entrevoir la lumière. Les bouleversements du rap français en deux ans, qui se sont (re)passionnés pour ces kickeurs hors-pair et antagoniste d’un rap dominé par la puissance mainstream, ont offert une vraie aura commerciale à l’auteur du Projet Blue Beam. Et contrairement à un Alpha Wann qui n’avait pas encore mesuré le potentiel qu’il renfermait à l’heure d’Une main lave l’autre, Freeze Corleone joue le jeu. Il surfe sur la vague underground que lui souffle son public, qui le mène jusqu’à des sphères qu’il semblait incapable d’effleurer il y a encore quelques mois. Et ça, il l’a prouvé avec une performance entre quatre murs orange.

Le 27 juillet, Freeze Corleone est passé dans les studios de Colors. Et cet intérêt respectif entre les deux entités, le rappeur et la chaîne musicale allemande, prouve qu’il a définitivement acquis un nouveau statut. Que les studios Colors viennent le chercher confirme qu’artistiquement, la musique de Freeze Corleone suscite la curiosité du grand public. Presque contradictoire, lorsque ses paroles respirent le complot et les références ambiguës. Les membres du studio ont d’ailleurs dû grimacer en entendant le nom de Saddam Hussein lors de sa performance. Et de son côté, si le rappeur accepte de se présenter dans cet univers chatoyant et très exposé, c’est qu’il se sent capable d’assumer cette visibilité grandissante, sans pour autant dénaturer l’art ténébreux qui fait sa force. La rencontre entre ses deux univers pointe à 2 millions de vues deux semaines après sa sortie. Tous les médias rap en ont parlé, et le nom de « Freeze Corleone » est resté en tendances Twitter pendant près de 24 heures.

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Ultra-productif depuis le début de l’année auprès de son entourage artistique, il prétend également glisser son nom dans des tracklists moins habituelles. Dernièrement, on l’annonce un peu partout, et la hype ne cesse de gonfler. D’abord, Seth Gueko a parlé d’un featuring enregistré avec Vladimir Cauchemar. Ensuite, Freeze Corleone lui-même, a retourné les réseaux sociaux en s’affichant aux côtés d’Alpha Wann. Enfin, son association avec Koba LaD, aussi imprévue qu’excitante, prouve que l’artiste pose ses pions à droite, à gauche, pour préparer ce qui s’annonce comme une rentrée dantesque. Car si rien ne confirme que toutes ces collaborations orneront la tracklist de La menace fantôme, peu importe. L’artiste fera parler de lui à domicile, comme à l’extérieur. Et nul doute que d’autres rappeurs vont commencer à prendre contact avec celui qui va bousculer la fin de l’année.

Car Freeze Corleone a un dernier argument dans son vaisseau spatial : la drill. En début d’année, il bousculait déjà YouTube en posant sur le tube de Pop Smoke, « Welcome to the Party ». Une référence bien sentie, et prémonitoire, alors que le mouvement drill, popularisé par le défunt rappeur new-yorkais, prend une ampleur tentaculaire. Et la France, sensible aux charmes de ce style aux drums décuplées, pourrait chercher un prétendant capable d’incarner le mouvement au sein de ses frontières. Et si plusieurs drillers francophones ont déjà laissé leurs cartes de visite, aucun ne dispose de la hype d’un Freeze Corleone. Et si Pop Smoke n’a pas quitté le top 10 des ventes en France après un mois d’exploitation (rarissime pour un album de rap US), c’est bien qu’une brèche est ouverte.

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L’underground devient underdog

Et le vaisseau tournoie, encore et encore. Le ciel s’assombrit, quelques éclairs éclatent et laissent gronder l’inquiétude de cette Menace fantôme. À son bord, le capitaine arrive au terme d’une stratégie qui pourrait profondément bousculer les rouages du rap français. Le regain d’intérêt de la technique et du flow, une exposition en pleine explosion, un réseau qui s’étire et la mode d’un mouvement qu’il est capable d’incarner : Freeze Corleone est à l’abordage d’un tournant séduisant. Depuis son annonce en novembre 2019, La menace fantôme qu’il a promis a vu son exigence copieusement gonfler. Plus que publier un énième projet capable de ravir sa fan-base et compléter l’étagère underground du rap français, Freeze Corleone tient en ses mains un nouvel espoir. À lui désormais de tenir sa promesse, et arriver «lourd comme trois planètes», désormais alignées.

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