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Leçon de rap #3 : quelle importance joue la cover d’un album ?
La cover d’un album est la première appréciation artistique d’un projet, et son importance s’étend bien au-delà du simple visuel.
Traiter l’art musical à la simple échelle de quelques mélodies et paroles serait bien réducteur. Il s’agit, et d’autant plus dans le rap, d’un travail de mise en forme conséquent qui cumule plusieurs disciplines. La musique, évidemment, en est le principal pilier, mais elle doit essentiellement se coupler avec un degré visuel pour rendre un tout uniforme. Au-delà des clips et toute la communication qui entoure un projet, la cover joue un rôle fondamentale dans sa perception.. Elle doit décrire une ambiance, un univers, tout en étant au maximum représentative. De plus, elle se doit d’être esthétique pour donner envie à l’auditeur d’écouter le disque. Bref, plus qu’un simple reflet artistique, la cover fait partie intégrante d’un projet, et son influence est bien trop souvent sous-estimée.
Le rap sous toutes ses formes
En France, on l’appelle la jaquette, mais dans le rap, on lui préfère le terme cover, pour d’évidentes raisons de goût. Néanmoins, rien n’empêche que ce cheminement puisse se mesurer sur l’ensemble des œuvres musicales.
Mais une fois n’est pas coutume, c’est bel et bien le rap qui nous intéresse, puisqu’il reflète à lui seul toute la beauté de la société de consommation et d’images. Un vrai fan de rap serait capable de vous citer quasi une trentaine d’artistes, presque rien qu’en France. Secteur ultra-concurrentiel et overdosé, il ne s’apprécie presque plus tant les projets se supplantent de manière fluide et autonome. Quand on est fan de variété française, on peut se mettre sous la dent que quelques projets par-ci, par-là. Pour le rap, il faut s’accrocher.
Un reflet artistique
C’est dans ce contexte, plus ou moins nauséabond qu’apparaît le rôle premier de la cover : marquer l’esprit d’un auditeur. C’est sa facette esthétique qui va jouer ce rôle, en attirant l’œil. Le destinataire doit se reconnaître dans le projet, se dire « Waouh, ça a l’air cool ça ». Hormis à la radio, l’esthétique endosse toujours le costume du premier entremetteur, que ce soit à travers un clip ou un visuel. C’est pourquoi la cover se doit d’être épurée, puisqu’au fond, elle cible un public et cherche à l’accrocher à elle.
Mais plus que l’esthétique, la cover doit être le prolongement de l’oeuvre qu’elle représente. En outre, quelqu’un attiré par le visuel se fait déjà une première idée du projet, et si celle-ci s’avère être fausse, l’expérience sera vaine. La tâche de la cover est donc primordiale : accrocher l’auditeur, et surtout, le garder au chaud. Elle doit alors représenter avec exactitude l’ambiance d’un album, sans fioriture, ni artifice. Une jaquette trop extravagante risque de complètement perturber le destinataire, alors qu’une trop lisse risque de ne pas en dévoiler assez. Bref, se forme ici tout un travail masqué par l’aspect musical, mais pourtant ô combien essentiel.
50 nuances de cover
Une question subsiste alors : est-ce qu’une cover moche ou, du moins, trop abstraite peut bloquer l’auditeur ? Le récent DAMN. de Kendrick Lamar en a été l’un des exemples les plus marquants. La jaquette, montrant K.Dot dans une position étrange, orné d’un DAMN rouge digne d’un vague montage Paint avait égratigné les internautes. A quelques jours seulement de la sortie de l’opus, le premier regard entre ses fans, et le projet semblait déjà corrompu (évidemment, un tout pardonné avec la sortie de l’excellent « HUMBLE. » et de l’opus lui-même).
Dans la catégorie laid, ou du moins, peu représentatif, le rap américain semble faire très soft. En témoigne l’incompréhensible Yeezus et sa cover de CD. Kanye West qui semble, d’ailleurs, être un habitué en la matière avec son Life Of Pablo étrange. Dernièrement More Life de Drake pourrait, lui-aussi jouer des coudes pour le titre. En France, on opte plus pour des jaquettes bodybuildés aux stéréotypes de banlieues ou autres shootings photos retouchés.