Musique
Makala : « Chaos Kiss », une expérience auditive à contre-courant
Après la sortie de Radio Suicide en 2019, Makala est de retour avec son deuxième album studio, Chaos Kiss.
Tendez l’oreille, vous êtes sur le point de vivre une expérience auditive bien particulière. Entièrement produit par Varnish La Piscine, membre de la SuperWak Clique aux côtés de Slimka, Di-Meh et Makala, Chaos Kiss est disponible depuis le 1er avril. Au casting : Varnish, Daejmiy, Maïro et Hill-G. Makala était revenu avec « Al Dente » et « Belly », dans un clip commun fin 2021 ; puis avec « Boss » environ un mois avant la sortie de l’album. Et il n’avait pas menti: «Du gentil p’tit Jordy, romantique comme un glock / à « c’qu’il dégage fait d’plus en plus peur à chaque épisode »».
À lire aussi: A2h, «Ca m’intéresse plus aujourd’hui de faire semblant que tout va bien»
Embrasser le chaos
Chaos Kiss, c’est la rencontre entre Makala et sa paix intérieure. Chaos Kiss, ou « embrasser le chaos », c’est se débarrasser de toutes ses peurs et accepter que les choses ne vont pas toujours là où l’on souhaiterait qu’elles aillent. «Les bras ouverts au milieu de la tornade» entame le rappeur suisse sur « Intro X6 ». «C’est dur de trouver l’harmonie dans le chaos. C’est pour ça que l’album s’appelle comme ça. Accepter de lâcher prise alors que tout va mal, franchement c’est galère» explique-t-il sur Le Code.
Ce fil rouge transparaît sans hésitation sur des morceaux comme « Lards »: «J’vais te choper la ge-gor», «Dieu merci, j’suis pas broliqué». Ou encore sur « Insta Babies »: «Ok, ok, je souffre un peu / Pas d e quoi s’arrêter en route / Ok, tu viens me rejoindre / Suis les traces de sang sur l’sol». Si Makala emploie des termes sombres, parle de violence et de douleur, les prods et l’ambiance générale de l’album restent toujours dansantes.
Makala: «On est des pirates qui s’affranchissent des règles»
Cette musicalité est le pilier de Chaos Kiss. Makala joue sur les rythmes changeants, les backs, les chœurs et mélodies aux sonorités gospel. En résulte un climat estival, une bulle entraînante à l’écart de toute âme qui vive. Le rappeur suisse plonge les auditeurs au sein de son univers si particulier, tellement propre à son identité. Makala, c’est un personnage mystique avec une vibe unique, un personnage lyrique d’un autre temps. Dans une interview pour Le temps, le rappeur s’identifie à un hors-la-loi du style et du rap : «On ne respecte que nos propres codes et nos envies. Tout le monde n’a pas ce courage-là dans la musique. On est des vrais bandits, des pirates qui s’affranchissent des règles».
Son style, lui-même ne semble pas vouloir le définir. Sur « ZZ Predator », Makala ajoute: «J’ai les paupières qui pèsent à chaque fois qu’ils / qu’ils parlent dans un genre dans le pe-ra / La trap, la drill, et cetera / C’est du MMA, nous ce qu’on fait». En 2015, avec Trapzik, le rappeur affirmait déjà : «J’taffe pas pour être acclamé / mais pour être complet / comme le meilleur combattant MMA.»
Dans le rap depuis 2012, l’audace de Makala a bien porté ses fruits. Si le projet manque encore de construction, il reste d’une grande cohérence et parfait pour back it up cet été. «La médaille est quand même importante. J’ai une vision mondiale, j’veux que ça se passe et qu’on amène vraiment quelque chose à la culture. Je veux les médailles d’estime et de streams», ajoute Makala face à Mehdi Maïzi. «Je pense être un game changer.»
Aussi, Diabi raconte comment il s’est lancé dans la production : «C’était tellement laborieux !»