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Mister V, rappeur le plus drôle de YouTube, ou youtubeur le plus drôle du rap ? Mister V, rappeur le plus drôle de YouTube, ou youtubeur le plus drôle du rap ?

Musique

Mister V, rappeur le plus drôle de YouTube, ou youtubeur le plus drôle du rap ?

Crédit photo : Kevin Millet

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Disque de platine dans le rap, 4.8 millions d’abonnés sur sa chaîne Youtube : pourquoi l’un empêcherait l’autre ? Talentueux dans tous les domaines qu’il effleure, Mister V est inspirant, drôle, et sa success-story incroyablement singulière.

Mister V : rappeur le plus drôle de YouTube, ou youtubeur le plus drôle du rap ? Un dilemme cornélien, quasi-impossible à trancher depuis quelques années et les incursions de plus en plus profondes de ce dernier dans l’univers du rap qu’il perce avec ses codes.

Mais qui est vraiment Yvick Letexier ? Un jeune de 25 ans originaire de Veurey-Voroize dans l’Isère. Une icône de la première génération d’humoristes du web qui accumule plus de 350 millions de vue sur sa chaîne YouTube, créée il y a presque dix ans. Un rappeur certifié disque de platine dès son premier album Double V. Un fervent défenseur de la Fiat Panda, des claquettes chaussettes, et du bon shit sa mère qui casse la gorge. Oui, tout ça à la fois. À quelques mois de la sortie de son deuxième album, il est donc grand temps de revenir sur le parcours particulier d’un jeune homme incarnant une certaine vision du rire auprès de toute une génération, et qui ne saurait être résumé à ses étiquettes de youtubeur, humoriste, rappeur ou influenceur.

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La folie des podcasts

Si vous êtes nés dans la deuxième moitié des années 1990, vous avez sûrement eu la chance d’assister en spectateurs assidus à l’explosion de ces jeunes humoristes sur la Toile, régnant en maîtres sur ce que vos géniteurs s’acharnaient à prononcer « Youtoube ». Victimes d’un succès viral, ces derniers furent rapidement présentés dans les médias généralistes comme des « podcasteurs ». Ces humoristes en devenir, accumulant les vues en s’appuyant sur cette formule qui semblait plaire aux jeunes de ce qui fût rapidement qualifié comme « la génération Y ». Entre stand-up et simples histoires de la vie quotidienne, ces comiques du web allaient s’installer durablement dans le paysage humoristique et numérique français il y a de cela une dizaine d’années, accumulant aujourd’hui pour les plus connus des dizaines de millions de vues sur leurs vidéos.

Ainsi, à côté d’un Norman, d’un Hugo, ou d’un Cyprien, s’est illustré Mister V. En usant de cet outil de partage médiatique que devenait progressivement Youtube, ce dernier a saisi l’opportunité de partager son humour peut-être moins convenu, plus auto-tuné, mais surtout bien plus spontané. Dans ses premières vidéos, c’est un grand adolescent qui parle, comme cet ami bien plus drôle que la moyenne, et qui ne semble s’imposer aucune barrière. Les problématiques de ses vidéos qui devenaient les vôtres, Mister V les abordait face caméra dans sa chambre dès 2010. Le Bac, le permis, l’éducation sexuelle, une parodie scatophile de Colonel Reyel… Tout y est passé en quelques années. Et constamment, cet amour déçu pour la chanson qui resurgissait à grand coup de vocodeur, comme dans cette première vidéo, d’il y a presque dix ans, qui avait fini par trouver son chemin jusqu’à la télévision à une heure de grande écoute : Jean-Michel Pokora, le chouchou des stades.

Premiers amours avec Mister V Music

Il ne l’a jamais caché, même dans ses premières vidéos où pouvaient perler quelques punchlines et ébauche de flow. Yvick a toujours été un grand amateur de rap. Il lui dédie même cette vidéo en avril 2013, déjà aux côtés de Geronimo Beats (le beatmaker désormais derrière Double V), dans laquelle il tente de tordre le coup aux idées reçues du genre. Tout en se moquant de certains de ses travers. Et cela en démontrant qu’il maîtrisait les codes, et possédait les aptitudes lui permettant de dérouler sa verve humoristique sur un beat.

Mais son immersion dans le monde du rap ne faisait là que commencer. Seulement quelques mois après ouvre sa seconde chaîne Youtube « Mister V Music ». Une chaîne qui allait, quelques années plus tard, accueillir les clips de son album, mais qui commence tendrement, déjà en novembre 2013, avec une formule à plusieurs épisodes : « Sapassoupa ». Le concept est simple : « Un style musical, une ambiance, des paroles, un clip, on mélange les genres et les thèmes opposés et on voit si ça passe ou pas ». Rap Gangsta X Diner Mondain ; rap mélancolique X vie cool… Avec le temps, son flow et son phrasé s’aiguisent, et l’humour semble se distancer à chaque fois un peu plus de la performance rappée qu’il propose à ses followers. Mister V sait s’adapter à son temps et à son public.

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Le sens du collectif

Dans toute son odyssée humoristique, Mister V n’a jamais vraiment été seul. De ses premières vidéos à ses derniers clips, on peut constamment apercevoir ses amis d’enfance, toujours prêts à jouer un rôle ou même pour certains comme Juice ou Tortoz, lui accorder un featuring.  Et ce ne sont pas les seuls. Tout au long de son chemin, Yvick a eu l’occasion de se rapprocher d’une myriade de grands youtubeurs et humoristes. En 2012, il apparaissait déjà dans le morceau « XPTDR » de Leck. Sans compter également sur ses homologues Norman ou Cyprien. Il a rapidement intégré l’équipe du Studio Bagel (qui l’a même amené à jouer dans un film : « Le Manoir »), ainsi que le collectif du Woop. Et dans chacune de ses aventures humaines, il a réussi à parfaire et professionnaliser ce qui faisait sa force : la spontanéité avec le Woop, le professionnalisme et le théâtralité avec le Studio Bagel.

Un Mister V sans filtre 

Avec l’arrivée des formats plus courts, tels que les Vines à l’époque, ou plus récemment des storys Snapchat et Instagram, l’efficacité et le naturel de Mister V allaient pouvoir se décupler. En seulement quelques secondes, l’humoriste semble avoir en main un talent inné. Il peut multiplier les personnages, le comique de répétition et les gimmicks qui restent en tête, toujours avec cette auto-tune qui semble pouvoir être qualifié de « marque de fabrique ». Stromoyen, Joris le Con, Quentin Filsdeup, Rémi Susceptible. Il invite même Nekfeu pour quelques pas de danse devant Pôle Emploi. Irions-nous jusqu’à dire « Pire beauf tu meurs » ? Il faut avouer qu’il a un certain don pour la chanson paillarde…

« Si Mister V sort un disque, c’est que le monde se barre en couilles  »

Et c’est lui-même qui le dit. Ce monde aurait-il vrillé ? À la fin de son hilarante vidéo « Rap VS Réalité », Mister V emboutissait un tabou en décidant de passer de l’autre côté de la force pour la durée de tout un album. Pourtant, et en y repensant, son public aurait dû le voir venir. Déjà reconnu dans le monde de l’humour et de la comédie (avec des apparitions au cinéma, ou aux côtés d’autres pointures outre-Atlantique), pourquoi le jeune humoriste, facile dans le rap, ne prendrait-il pas le risque de se lancer dans cette passion qui l’habite ?

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Double V sort le 19 mai 2017. Et comme le youtubeur devenu rappeur l’a présenté lui-même : « T’inquiètes pas, c’est pas du Fatal Bazooka ». Tout au long de l’album, appuyé par les prod’ de Geronimo Beats qui l’accompagne depuis le début, Yvick kick de toutes les façons qu’il veut et qu’il peut, et prouve avec sérieux qu’il a sa place dans l’univers rap français. Au bord de sa Fiat Panda volant jusqu’à la planète hip-hop, la frontière entre punchline et blague a été trouvée, et le disque de platine a été assuré. De sa chambre jusqu’aux portes du rap-jeu hexagonal, il s’est même offert un featuring avec PLK et une place dans le cercle. Une place qu’il entend conforter avec un second album, annoncé pour dans quelques mois. Mais Mister V n’est pas prêt d’abandonner sa puissance humoristique pour le sérieux du kickage.

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