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On a parlé Damso, clips et Pitch avec Guillaume Durand
Depuis 2015, il est le véritable prolongement artistique de Damso. Photographe et réalisateur talentueux, capturant l’ambiance sombre et esthétique du rappeur bruxellois, Guillaume Durand est un artiste à l’univers grandissant qu’on est parti découvrir à travers ses réalisations et ses projets. Entretien.
On croit savoir que toute l’histoire commence par une rencontre avec Caballero dans une banque. Tu peux nous raconter ça ?
«C’est exact, j’ai rencontré pour la première fois Caba en allant retirer de l’argent. Un échange de numéros et quelques messages plus loin, je me suis plug avec Anthony et Max de Back in the Dayz. On a eu un bon feeling, donc on a continué à bosser ensemble.»
Depuis quand travailles-tu avec Damso ? Comment s’est faite cette connexion ?
«J’ai rencontré Dems en 2015 à l’époque de « Salle d’Attente ». On s’est respectivement complimentés sur nos travaux, puis on a fait quelques photos. C’est en 2016 que j’ai rejoint son équipe, sous l’impulsion de Santos.»
Comment décrirais-tu ton rôle pour l’artiste ?
«Je dirais que mon rôle était de documenter son parcours, et de lui fournir du contenu photo et vidéo pour communiquer et alimenter son image, ses réseaux. J’ai ensuite eu l’opportunité de créer la scénographie pour l’Ipseité Tour. J’avais donc un rôle créatif dans l’équipe.»
Tu as expliqué à YOUR magazine avoir décliné une invitation de Damso pour réaliser un clip, de quel morceau s’agissait-il ? Pourquoi ?
«Après un shoot en 2015, Dems m’a proposé de bosser une cover et un clip car il préparait QALF. Comme je bossais sur un court-métrage, j’ai décliné. J’ignore donc de quel morceau il s’agissait, mais je me rappelle que l’idée qu’avait Dems pour la cover était dingue.»
Tu as également évoqué avoir réalisé les clips d’ »Autotune » et de « Gova ». Sais-tu pourquoi ils ne sont jamais sortis ?
«J’étais en charge de la création visuelle pour l’Ipseité Tour. Pour « Gova » et « Autotune », on voulait un délire plus clippé car on avait mis en place une interaction entre le visuel et le jeu de scène. Il était un temps question de sortir « Gova », mais cela ne rentrait pas dans la stratégie artistique, donc ça ne s’est pas fait. Fallait venir au concert !»
Depuis 2016, Damso a énormément évolué. Est-ce que ses exigences ont changé ?
«Le contraire serait inquiétant. Dems a toujours eu beaucoup d’idées, de concepts. C’est une des raisons qui a rendue cette collaboration aussi stimulante. Il a toujours été exigeant, la différence se situe désormais dans les moyens de le faire.»
Si tu devais retenir trois photos marquantes de ta collaboration avec Damso, lesquelles seraient-elles ? Pourquoi ?
«J’ai fait tellement de photos que c’est un choix délicat, mais je pense celles-ci. La première est un cinémagraphe (ndlr: une image fixe avec un élément animé) issu du visuel que j’ai réalisé pour Kietu. J’ai capturé cinq images de Damso dans des éléments qui le définissait (la paternité, la galère, le travail, l’enfance). Ici j’ai voulu mettre en avant ses racines congolaises, la sappe, le matériau précieux. Il est puissant, imposant, on dirait un président.
La seconde a été prise sur le tournage de « Mosaïque Solitaire ». Il faisait froid, tout le monde était en stand-by, et Dems avait ce gun dans les mains, donc j’en ai profité pour shooter. Il a un vrai flow sur cette photo. La troisième est la première photo que j’ai faite de lui. On a shooté devant un nightshop, sans lumière, sans artifices. J’aime beaucoup cette photo car on sent la détermination de son regard, même caché derrière les lunettes.
J’ai ajouté une 4e photo bonus que j’aime beaucoup aussi, car elle est très iconique.»
À en voir tes différents clichés, tu travailles également avec Laylow ou ICO, des artistes à l’esthétique très prononcé. Ce sont eux qui viennent te chercher pour ton travail ? Et toi, choisis-tu les artistes avec qui tu travailles ?
«Laylow est un artiste incroyable, son univers est très travaillé, très cohérent, très audacieux. Son univers est unique dans le rap français. J’ai pris des photos de lui sur scène, domaine où son talent prend toute son envergure.
Pour ICO, je l’ai rencontré il y a quelques années quand il avait sorti #dispaswallah et j’avais aimé sa vision. On s’est revus avant la sortie du projet pour parler de faire un clip ensemble, puis j’ai finalement travaillé sur cinq visuels du projet, dont deux qu’on est allés tourner à Los Angeles, avec la team de Back in the Dayz justement. On s’est vraiment amusés à faire ces visuels, ICO est quelqu’un qui comprend vite, qui écoute beaucoup, et qui s’implique énormément. C’était une super expérience.
Je travaille toujours avec des artistes que j’apprécie, sinon je serai moins pertinent dans ma création. C’est aussi très lié à l’humain, ce qu’un artiste dégage et ses ambitions artistiques. Une histoire de feeling quoi.»
D’ailleurs, avec quels artistes aimerais-tu collaborer ?
«J’aime beaucoup ce que proposent S.pri Noir et Angèle, je suis fan de ce que fait The Blaze. Mais je dirai que ma tête de liste reste Alpha Wann. Au niveau international, j’aime beaucoup le travail d’A$ap Rocky et de Rosalia (s’ils nous lisent).»
En dehors de l’univers musical, quels sont tes autres projets artistiques ?
«Je travaille aussi dans la pub, donc je développe des concepts régulièrement, que ce soit des commandes ou personnellement. Sinon je suis en train de lancer PITCH (@pitchprod), une agence qui réunit des créatifs. On bosse justement sur des concepts, du pitch, et on cherche de nouveaux collaborateurs pour s’étendre.»
Découvrez le travail de Guillaume Durand sur son compte Instagram ainsi que sur le compte Vimeo de PITCH.