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Musique

On a parlé de « Ichi », des beatmakers et de Maes avec Susanoô

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susanoô

À l’occasion de la sortie de son premier EP Ichi, on a discuté avec Susanoô. Beatmaking, amour, industrie… Il nous emmène dans son univers.

Exposé au grand public en 2020 à la composition de la prod du morceau « Street » de Maes, Susanoô est un rappeur et beatmaker du Mans. Pour son premier projet, l’originaire du Cameroun dresse une réelle carte de visite de son univers nuageux. Entre amour, rêves, travail et mélancolie, le jeune rappeur de 23 ans se dévoile pleinement.

Salut Susanoô, Pour ceux qui ne te connaissent pas, tu pourrais nous parler de l’origine de ton nom ?

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Il y a deux facettes dans mon blaze. La première, c’est le Dieu japonais des tempêtes dans le folklore nippon. Quand j’ai commencé à rapper, j’avais un flow assez rapide, un peu à la Hayce Lemsi. Donc je me suis dit que le Dieu des tempêtes représentait bien cela. J’ai ensuite développé tout un concept autour de ce personnage mythologique du Susanoô. J’ai grandi dans la culture nippone, entre l’histoire, la mythologie, les mangas, les animés.

Et le rap, comment c’est venu à toi ? Et la prod ?

Je faisais de la poésie quand j’étais petit. Puis j’ai fait beaucoup de slam, des open-mic. Et dans des ateliers d’écriture avec des potes, je me suis petit à petit dirigé vers le format rap. Et la prod, c’est venu à une période où je traînais beaucoup avec Jack Flaag, Heezy Lee, Dada. Je les ai beaucoup observés et c’est avec eux que j’ai fait mes armes.

C’est toi qui as produit la totalité du projet. Est-ce que tu vois ça comme un avantage dans le processus de création, où t’es en mesure de réaliser directement les idées qui te viennent en tête ?

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Exactement ! Quand j’ai commencé à faire sérieusement des prods, c’était parce que je ne trouvais pas ce que je recherchais exactement sur YouTube ni auprès de mes proches. Je me suis donc dit : autant le faire soi-même, pour vraiment obtenir quelque chose qui me corresponde. Ça permet une liberté de personnaliser la prod au message que je veux faire passer. Sans pour autant se mettre de limites car si je trouve une prod d’un autre beatmaker qui me convient, rien ne m’empêche de l’utiliser pour faire mon son. Par exemple, la prod de « Raison », je l’ai commencée seul puis j’ai travaillé dessus avec Dada.

Qui sont les beatmakers qui t’inspirent dans le paysage du rap français ?

Autour de moi, je me réfère beaucoup à Jack Flaag, Heezy Lee et Dada. En dehors de ça, Denza. Et parmi les plus gros, je dirais Ponko, Easy Dew. Mais globalement, je mettrais Stromae au-dessus de tous les autres.

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L’année dernière, tu t’es fait connaître avec la prod de « Street » sur l’album de Maes. Tu peux nous parler de cette collaboration ?

Souvent, quand je bloque sur une prod, je l’envoie à Dada pour qu’il rajoute ses idées. Là, ça s’est passé comme ça. Je lui ai envoyé le fichier, il a travaillé dessus. Il avait une session studio avec Maes, qui a kiffé la prod. Il a enregistré le morceau dans la journée. Ca nous a fait super plaisir, en plus c’était le premier single clippé pour l’album. Ça a donné lieu à d’autres sessions, et on a pu faire l’émission « La prod » avec Mouv’. Progressivement, ça permet de débloquer les choses et se faire connaître par un public un peu plus large, mais il faut toujours continuer à travailler.

Ton EP s’appelle Ichi, qui signifie « Le premier » en japonais. Tu vois ce projet comme une introduction à ton univers ?

C’est ça !  C’est une invitation, une porte que j’ouvre et que j’essaie de développer pour inviter les gens à me découvrir. J’ai fait en sorte que la tracklist me représente un maximum, avec tous les horizons que je veux explorer dans le futur.

T’as mis combien de temps à le faire ?

Le morceau le plus vieux a été fait il y a plus de deux ans, et j’ai fini le projet l’été dernier, en plein confinement.

Comment t’as vécu cette période d’ailleurs ? Ça t’a aidé à bosser ?

Totalement. Je suis quelqu’un de plutôt casanier. En dehors de la musique, je suis étudiant en fac de biologie et à l’époque, je travaillais de nuit dans un hôtel. Et donc pendant cette période, je n’avais ni les cours en présentiel à la fac, ni le taff de nuit à côté à l’hôtel. Donc je me suis enfermé et j’ai pu travailler ma musique à fond.

Je trouve que la pochette dégage une ambiance assez caractéristique de ta musique, avec un côté un peu cloud et assez mélancolique. Comment tu caractériserais ton univers ?

Ces mots-là reviennent assez souvent ! Ma musique est assez personnelle, et plutôt mélancolique je suis d’accord. Après, je ne sais pas si tout le monde comprendra, mais le terme qui me vient pour caractériser mon son, c’est violet. Je trouve que ça résume bien l’ambiance et le message.

Il y a pas mal de diversité dans le format de tes morceaux. Comment ça se passe l’élaboration d’un titre en studio pour toi ?

La plupart du temps, je compose piano-voix ou guitare-voix, et après je fais les arrangements. Ensuite j’écris souvent 30/40% du texte. Puis je finis la prod et je complète soit le texte directement ou bien je pars dans les toplines et je finis après. Je joue beaucoup de guitare et de piano, c’est très important pour moi. Je viens d’une école qui considère qu’un morceau doit pouvoir se jouer avec un orchestre, en étant tout aussi bon.

Qu’est-ce que t’écoutes au quotidien ?

J’écoute pas mal de genres différents. Beaucoup de chanson française, ancienne comme actuelle, de la bossa-nova, de la musique noire américaine. Et évidemment beaucoup de rap : français, américain, britannique.

Dans le morceau « Milieu », tu dis « Ils traînaient tard le soir, je taffais mes cours ». A quel moment t’as eu un déclic, où tu t’es dit que c’est par le travail que t’allais t’en sortir ?

C’était assez progressif. J’ai fait une partie de mon enfance au Cameroun, une autre à Paris avant d’emménager au Mans. Sans faire exprès, je pense que je me suis renfermé. J’étais quelqu’un de réservé et d’observateur. Arrivé dans une ville où je ne connaissais personne, je me suis rattaché à l’école pour m’en sortir et pour rendre fière ma mère qui a beaucoup donné pour qu’on s’en sorte. Il y avait le recul et la volonté de me sécuriser et pas me laisser entraîner, et c’est ce qui a donné « Milieu ».

Plus généralement, comment tu vois le statut des beatmakers en France ?

Ils sont de plus en plus reconnus parce que la culture française s’inspire pas mal de la culture US, où les producteurs sont parfois autant voire plus importants que les artistes; ils sont reconnus à leur juste valeur et pour ce qu’ils apportent. Ça se fait petit à petit car ça prend du temps pour changer les mentalités. Mais par expérience, les rappeurs ne sont parfois pas assez reconnaissants envers les beatmakers. Alors que dans beaucoup des gros morceaux actuels, la prod fait la majorité du travail, sans même parler de toplines ou de ghostwriters. Mais j’ai confiance, la reconnaissance viendra avec le temps, par le travail !

On a entendu des beatmakers regretter le fait que certains artistes restent un peu trop dans leur zone de confort, et refusaient de prendre des risques, ce qui freine la créativité des producteurs. Qu’est-ce que tu penses de ça ?

Souvent, des artistes te disent « J’ai entendu ça qui a bien marché, fais-moi un truc comme ça » ; ils ne vont pas essayer de creuser plus loin mais plutôt chercher à sécuriser avec quelque chose qui a déjà marché. Il n’y en a que très peu qui vont développer un propos artistique à fond.

C’est quoi maintenant la suite pour toi ?

On va essayer de défendre Ichi au maximum et d’enchaîner rapidement après. La suite est déjà planifiée. Ichi, c’est la porte d’entrée, et après on bombarde pour amener la suite.

Est-ce qu’il y a des collaborations que t’aimerais faire avec d’autres rappeurs ?

Il faut absolument que je fasse un feat avec Lhiroyd, lui je ne vais pas le lâcher ! Après il y en a d’autres qui sont déjà faits, et ça va arriver. Sinon, parmi les plus gros, la consécration, ce serait avec Stromae, Swing ou SCH.

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