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Les dix punchlines les plus sales de « Or Noir », couvrez-vous

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Pour les 6 ans de Or Noir, voici quelques punchlines d’Or Noir 1 et 2 qui sont restées mythiques.

« C’est pas parce que tu ne joues plus que le jeu s’arrête. » (Zoo)

Avec cette punchline, le Dozo rappelle que quand la partie commence, aucun retour en arrière n’est possible et qu’abandonner ne t’empêchera pas de perdre face à lui. En gros tu es bloqué et quoi que tu fasses, à partir du moment où tu as commencé à joué, le jeu continue sans toi et tu en paies les conséquences, quand bien même tu déciderais d’arrêter. C’est aussi une subtile métaphore de la vie faite par Kaaris, puisque dans celle-ci aussi, cesser une action ne t’empêchera pas d’en subir les revers, autrement dit : « on récolte, ce qu’on sème ».

« Très souvent les armes y sont, mais le tueur n’y est pas. Trop souvent les larmes y sont, mais le cœur n’y est pas. » (Or Noir)

Ici, Kaaris insiste d’abord dans la première partie sur le fait que ceux qui parlent le plus sont ceux qui agissent le moins. Ceux qui ont les armes impressionnent mais ce n’est pas pour autant qu’ils feront ou seront capables de ce qu’ils disent. Selon lui, le tueur ne se vante pas et ne montre pas ce qu’il a. Cela pourrait aussi vouloir dire de façon plus subjective que parfois ceux qui ont les capacités d’agir n’agissent pas et que les plus doués ne sont souvent pas ceux qu’on voit percer dans un domaine : tout le monde a les moyens de faire quelque chose, mais souvent on ne fait rien.

Dans tous les cas, la suite est un isolexisme, c’est-à-dire une répétition de termes issus d’une même famille. Quand il affirme « trop souvent les larmes y sont mais le coeur n’y est pas », Kaaris montre à quel point il est facile de faire semblant, surtout en matière de sentiments. D’un autre côté, souvent la peine semble résulter d’un état passif, un peu comme le pensait Damso avec l’image du Lithopédion : en bref, quand tu ressens quelque chose, tu es comme dans une mort lente, tu ne montres pas grand chose, tu essaies de le cacher et n’arrive pas à l’exprimer correctement ; alors que ceux qui pleurent le plus, sont finalement ceux qui ressentent le moins selon ce jugement, car ils n’ont pas honte de ressentir ou d’aimer autant. Ça se discute.

« Je suis capable du meilleur comme du pire. Et c’est dans le pire que je suis le meilleur. » (Bizon)

On pourrait croire que la punchline vient de Kaaris mais c’est en réalité Coluche qui en est à l’origine. Reprise par Dry et Médine depuis, celle-ci est un chiasme exprimant que le rappeur peut faire le bien et le mal, mais que ce qu’il fait le mieux, c’est le mal. Dans Bizon, il termine son couplet par cette phrase très symbolique, puisqu’il l’utilise pour se décrire.

« Si j’devais choisir entre tout ce biff et toutes ces bitchs, je prendrais le gros chèque, parce que l’oseille est la plus bonne des schnecks» (Or Noir)

En évoquant « tout » et « toutes », Kaaris implicite qu’il fait référence à des quantités assez conséquentes pour pousser à faire un choix entre les deux. En choisissant l’oseille, il rejoint l’idée – courante – que l’argent achète tout, y compris le bonheur. Et si on peut tout acheter alors avec beaucoup d’argent, on pourra également acheter des bitches, des prostituées donc et autant qu’on le désire. Ainsi pour lui le choix est vite fait puisque l’argent lui permet de résoudre le choix cornélien sans la moindre hésitation et lui permet de « tout » avoir. En effet, la synecdoque particularisante – très peu respectable – « schneck » représente les femmes et les rabaisse donc à la qualité d’objet, puisque l’argent permet d’acheter les biens et services de la plus bonnes d’entre elles.

« À l’heure dans le building, chez nous pas de Breitling, c’est la dalle qui donne l’heure» (Paradis ou enfer)

Ponctualité et travail semblent être deux valeurs qui ont du sens pour Kaaris, à tel point que celui-ci se sent partagé entre les deux. En effet, le rappeur aimerait réussir une profonde ascension sociale, c’est d’ailleurs une source de motivation pour lui, mais d’un autre côté il ne veut pas se plier aux codes sociaux de la classe fortunée. Par ailleurs, Kaaris, issu d’une classe ouvrière, refuse la Breitling pour prouver qu’il n’en avait pas d’où il vient et que ce dernier souhaite garder les pieds sur Terre. Il n’avait pas les moyens de se la payer et surtout il n’en avait pas besoin, car il savait qu’il devait aller travailler afin d’être rassasié, et n’avait pas besoin d’une montre pour le lui rappeler.

Subvenir à ses besoins a longtemps été le leitmotiv du rappeur qui ne pouvait pas se permettre une consommation ostentatoire. Ainsi, en même temps qu’il désire charbonner et qu’il est envieux dans le fond de ceux qui ont la Breitling, il demeure conscient de ce qui importe et souhaite se distancer de la classe BCBG qui à en croire ses propos, est parfois éloignée de la réalité, en ce qu’elle oublie ce qui compte réellement, à savoir avoir de quoi se nourrir, la santé et un toit.

« J’m’en bats les couilles de qui rend l’âme, j’trempe mes cookies dans tes larmes» (Zoo)

Cette punchline pourrait être interprétée comme un rappel à American Dad et surtout à la phrase culte de Roger dans la saison 1 dans laquelle il dit : « Je vais te faire pleurer et je tremperai mes cookies dans tes larmes ». La phrase a peut-être inspiré le sevranais. En tout cas, celle-ci montre Kaaris insensible et inébranlable, fort donc mais aussi et surtout méprisant, puisqu’il compare son mépris à des cookies, sous-entendant qu’il n’apprécie pas les personnes qui se plaignent ou se morfondent en permanence. Il ne les prend pas au sérieux. Une critique facile, qui montre aussi sa capacité à aller de l’avant et à ne pas retourner en arrière. Ce trait de caractère l’a rendu presque indifférent au chagrin et à la peine, faisant de lui une véritable machine à rapper, comme sa riche discographie en témoigne.

« Un jour, je sécherai les larmes et les torrents, les rivières derrière les fenêtres de mes yeux » (Paradis ou enfer)

Il semblerait que Kaaris se montre sous un angle différent à chaque morceau. La punchline précédente le montrait comme celui qui n’avait pas d’émotions et était presque agacé que les autres en aient. Ici, pourtant, dans « Paradis ou Enfer », le rappeur laisse tomber sa carapace et révèle une faiblesse. Loin de faire de lui un homme faible, cette phrase démontre au contraire une bravoure exceptionnelle puisqu’elle défie tous les codes du street cred’, normes à cause desquels les rappeurs doivent souvent se montrer dépourvu de la moindre once de sentiments.

Il fait donc là preuve d’une très belle plume puisqu’il reprend l’image utilisée au début du couplet avec : « Les larmes sont le sang de l’âme ». Il compare ses larmes à une véritable catastrophe naturelle, qu’il ne peut empêcher et qui vient détruire les digues qu’il avait construit autour de son âme, à commencer par les fenêtres de ses yeux, qui ne parviennent plus à empêcher ses larmes de couler. La phrase rappelle également une citation culte de Dexter : « Si les yeux sont la fenêtre de l’âme, alors la souffrance en est la porte. »

Enfin, il a recours à une gradation temporelle grâce à l’utilisation du futur et en commençant par « un jour », cette figure de style exprime souvent le souhait, le désir, peut-être est-ce ici celui de trouver un moyen de mettre des mots sur ses maux. Pour autant, à l’image de Rohff, il décrit ses larmes comme des torrents : « Retenir ses larmes est plus amer que pleurer des torrents. » Mais cela prouve surtout que derrière des allures de gros durs, Kaaris est humain et que lui aussi, préférerait le paradis plutôt que l’enfer, comme il l’avait d’ailleurs confirmé dans une interview.

« Marianne tu vois bien qu’on coule, et tu nous demandes si l’eau est bonne ? Sale conne» (Comment je fais)

La Marianne est un symbole de la République Française, le rappeur s’en sert donc pour effectuer une allégorie de la France et de ses dirigeants. Il semble ainsi éprouver une certaine haine envers le gouvernement, qui est selon lui conscient des différents problèmes rencontrés par la classes moyennes et ouvrières, mais qui n’y fait rien. Une accusation lourde de sens aujourd’hui encore dans le contexte des Gilets Jaunes. Cinq ans avant le soulèvement social qu’on connaît, Kaaris – et il n’est pas le seul – peignait déjà le portrait d’une France qui ne répondait pas à ses besoins.

« Les larmes sont le sang de l’âme, j’ai toujours une arme en fond de gam’» (Paradis ou enfer)

On évoquait rapidement cette métaphore juste au-dessus. Celle-ci est surprenante, dans le sens où elle transforme l’âme en un organe palpable, elle qui se veut normalement transcendantale, au-delà du perceptible. C’est donc en montrant une âme capable de saigner que Kaaris laisse croire à l’existence d’un passé violent, puisque même les larmes saignent selon lui. Gam’ fait évidemment référence à Gamos, le véhicule de luxe. Une fois encore, comme avec la montre hors de prix, il montre que même après avoir gravi les échelons, il ne se sent pas à l’aise dans ce monde fortuné et qu’il a du mal a quitter la rue et ne peut oublier là d’où il vient.

D’une sensibilité subjective, il appuie alors avoir besoin de garder une arme dans sa voiture, quand bien même il a quitté les quartiers pour une habitation plus aisée et tranquille. Comme prisonnier de son ancienne condition sociale, le rappeur ne s’habitue pas à cette nouvelle vie et semble se sentir perpétuellement en danger de mort, d’où le port de l’arme.

Enfin, on peut comprendre aussi gam’ comme une gamme de musique, et ainsi cela signifierait que la musique est sa nouvelle façon à lui de remplacer les combats et conflits de son ancienne cité. Il rappe alors pour faire l’effet d’un coup de feu et pour asseoir une certaine suprématie sur le milieu. Il ne pouvait pas dire aussi vrai, quand on voit qu’il est à l’origine de l’organisation d’un combat avec Booba, qui a eu lieu avant tout à cause de conflits musicaux.

« J’crois que j’ai assez d’amour dans l’coeur pour vous faire la guerre » (L.E.F)

C’est certainement une des punchlines qui a le plus surpris les fans de Kaaris car ce dernier préfère d’habitude dire aux femmes qu’il « n’y a que leurs strings qui les soutiennent » plutôt que de parler d’amour. La punchline est super abstraite puisqu’il rapproche l’amour et la guerre, deux termes qui vraisemblablement s’opposent. Voudrait-il ainsi dire qu’il aime tellement qu’il en vient à haïr le mystérieux « vous » mentionné ? L’antithèse fait aussi penser à la passion, bien qu’elle pourrait aussi connaître un tas d’autres interprétations.

Notamment, on pourrait imaginer, dans le sens inverse que Kaaris a si peu d’amour dans le coeur, ironiquement, qu’il peut faire la guerre sans soucis. Néanmoins, cela rappelle une célèbre citation d’Aristote : « L’objet de la guerre, c’est la paix ». Cette dernière se rapproche sensiblement de ce que tente probablement d’exprimer l’artiste puisque tout aussi paradoxalement, c’est toujours en voulant résoudre un conflit qu’on fait la guerre, ce qui provoque pourtant exactement ce qu’on souhaitait éviter : la violence.

Bonus : « J’nai aucune peine j’te nique ta race, dans les veines j’nai que de la glace. » (Zoo)

Première phrase du premier single du premier album de Kaaris. De quoi bien annoncer la couleur.

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