Musique
Qui est PNL, le groupe de rap qui va plier l’année 2019 ?
Voici l’histoire d’un groupe du 91 qui fait son petit bruit ses derniers jours dans le joyeux bordel du rap français. À juste titre ? On a peut-être la réponse.
Bon, si certains s’imaginait encore qu’on vient de découvrir PNL un certain 1er mars 2019, on vous rassure : non. À moins de vivre en autarcie depuis cinq ans : impossible. PNL est partout, tout le temps, avec un ratio assez confortable d’un morceau par an depuis deux ans. Pas trop mal. Communication aussi intense qu’un passement de jambe de Mitroglou, clips nommés pour le festival de Cannes et une concu’ dans la poche arrière : PNL, c’est juste les boss final du rap jeu. Mais, dans un souci de bienséance, on a quand même tenu à rappeler qui ils étaient. Et pourquoi ont-ils réussi à chopper un statut quasi inédit en France.
Un disque de diamant, what else ?
PNL, c’est un disque de diamant. Voilà, c’est dit, on passe à autre chose ? Au-delà d’être la pierre précieuse la plus prisée de l’industrie musicale, le diamant est aussi (et surtout) terriblement rare à acquérir dans le rap. Ils ne sont qu’une petite poignée à avoir pu l’accrocher dans leur chambre. Et pas des moindres : Diam’s, Nekfeu ou… Manau. En juin 2018, PNL atteignait même les 800 000 ventes avec Dans la légende. Ça va le tournis ? Statistiquement parlant, ils ont rappelé en un seul clip, un seul messieurs, qu’ils étaient les boss avec la sortie de « À l’ammoniaque ». En une journée, l’intégralité des habitants de Tours avait vu le clip près de 10 fois. Ouais, on a du mal à se rendre compte mais ça fait un sacré paquet de monde. (PS : Tours est une ville universitaire française située entre le Cher et la Loire. Elle compte 136 125 habitants).
Un style de vie, QLF à la mort
Plus qu’un univers musical, PNL a forgé une esthétique ultra puissante autour de ses personnages. Fan-fictions ou comptes détaillant le moindre vêtement qu’ils portent : ils sont juste suivis avec un traceur par leurs fans. Aussi, leur succès a fait augmenter de 49 690% le nombre de demandes de défrisage dans les salons de coiffure (chiffre non officiel). On peut même trouver des tutos pour avoir la coupe de Nos ou d’Ademo. Le pire ? Ils cumulent plusieurs centaines de milliers de vues. Leur communication étant tellement inexistante qu’une multitude de comptes fans parlent à leur place, ou en tout cas, tentent de faire vivre leur communauté en leur absence. Et ça fonctionne terriblement.
Théories du complot et tout ça
L’INSEE explique que 1/3 des théories du complot sur le Web concernent PNL (un autre tiers concernant Damso, chiffre toujours non officiel). Le moindre mouvement du duo est étiré pour construire une hypothèse aussi folle qu’alléchante. Les internautes ont même façonné des noms d’albums, des tracklists fictives pour anticiper la sortie du prochain album qui, pour l’instant, ne possède pas la moindre information. PNL, c’est ça aussi : une fanbase ultra solide qui complote ouvertement autour du groupe. Les médias ne sont pas en mal non plus et partagent, le sourire au coin des lèvres, les quelques extraits diffusés par le groupe sur ses réseaux sociaux. Ça marche à chaque fois. Certains ont même suggéré que PNL était une sorte d’expérience musicale réalisée par des scientifiques. Leurs mélodies respecteraient des codes établis par la science pour s’assurer un succès. Donc quand on vient à passer par la science pour tenter d’expliquer ton succès, c’est que t’as vraiment percé.
PNL, un Ovni de l’industrie musicale
En ne respectant aucun code et en inventant sa propre manière de faire de la com’, les deux frangins sont devenus les plus gros vendeurs de l’hexagone. Aucun jeu de piste fictif avec les fans, une image dévoilée tous les trois mois : Ademo et Nos sont des fantômes quand ils ne sont pas en studio. À ce jour, ils n’ont toujours pas réalisé la moindre interview. On répète. À ce jour, ils n’ont pas fait UNE SEULE interview. Et ils sont disque de diamant. C’est dire à quel point leur contre-communication est devenue invraisemblable. PNL est un Ovni. Ils sont passés au JT, ont fait la Une de la quasi-totalité des médias mainstream français. Ils ont même été chantés en prime-time sur The Voice. C’est dire. PNL est rentré dans la culture en surjouant de sa discrétion. C’est ce qui bâtit avec le plus d’insistance leur mythe. Comme s’ils n’existaient pas. Comme si leurs concerts étaient les derniers. Dans le grand bain d’un rap jeu surproductif, chaque parcelle dévoilée par le duo est appréciée jusqu’à la dernière goutte car il est impossible de savoir quand il reviendra, et surtout, ce qu’il a prévu.
Et pourtant, PNL fait débat
Le plus fou, c’est de se dire qu’un groupe aussi populaire, aussi puissant commercialement et en termes d’influence, ne parvient pas à faire l’unanimité. Par son statut, PNL divise. C’est, en général, la contre-partie de la gloire. PNL a considérablement et violemment brusqué le rap français. Par son approche de la musique, par son style artistique. Mais comme d’autres, c’est le terme de « rap » qui froisse certains fans. L’autotune ultra poussée et les paroles plus décomplexées imposent un débat. Alors qu’ils devraient incarner la nouvelle image populaire du rap, PNL crispe une sorte de divergence avec l’âme supposée du rythm’n’poesy. De toute manière, c’est un débat interminablement chiant, qu’on aimerait éviter, mais ce n’est pas possible. Pourtant, le groupe se trouve un peu au milieu de différentes fanbases où se retrouvent de nombreux artistes. Si on arrive sans trop de problèmes à définir qui sont leurs détracteurs (coucou ceux qui regrettent le Booba de Temps mort), le public de PNL est beaucoup plus difficile à qualifier.
Puis de toute manière, lorsqu’on approche du million de ventes, on a plus vraiment le temps de se poser ce genre de questions. Surtout quand on ne fait pas la moindre interview pour répondre à ce genre de questions. Comme quoi.