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Shay : Quand le rap français se plie à la « Jolie Garce »

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Shay Jolie Garce

Signature du 92i, Shay dévoile son premier projet Jolie garce. Un disque qui entend bien redorer l’image du rap féminin en France.

Découverte par Booba sur le titre « Cruella » en 2011, c’est seulement cinq ans après que la rappeuse signe son premier album Jolie Garce. A travers treize titres, Shay s’illustre dans plusieurs styles avec une aisance surprenante. La qualité épurée de son flow et de ses phases est appuyée par de solides basses et d’un travail de production efficace – « Catch up », « Qui te suivra ? ». Même dans des chansons plus colorées et plus rythmées- « Cabeza », « Mon Dealeur », Shay trouve sa voie, peut-être même plus que lorsque qu’elle se prête à un exercice de rap pur. Côté thématiques, les mots d’ordres sont Pussy Money Weed, dont le sigle « PWM » s’avère être le single phare de l’album. Un soupçon d’ego-trip servi à la sauce féminine, qui vient relever le caractère cru des lyrics.

L’empreinte du 92i

Des chansons relativement courtes, des mélodies rythmées contrebalancées par des punchlines puissantes, Jolie garce transpire le projet moulé par le 92i. Ainsi, le collectif porté par Booba termine l’année en point d’honneur, alors que Batterie faible de Damso s’était dévoilé comme une impressionnante surprise. Si Shay est souvent confrontée à la comparaison élogieuse d’un « Duc au féminin », c’est surtout grâce à son style lyrical similaire. Par exemple, la rappeuse est très adepte de la « comparaison directe » : Tu fais ci, je fais ça ; tu as ci, on a ça etc., qu’on retrouve régulièrement dans les textes du Duc.

Néanmoins, Shay démontre avec brio la manière de « féminiser » le rap jusqu’à parfois en détourner les codes, à l’image de « Ma retraite » dans laquelle elle fait allusion à un rôle de garce, tombeuse de mecs. Sans rougir, la rappeuse admet de nombreuses similitudes avec une Nicki Minaj, qui semble définitivement l’inspirer. On se retrouve donc face à un rap au féminin, ciblant clairement un public analogue. No boys allowed.

La jolie garce monte en puissance

Shay a bien grandit depuis ses premiers couplets avec le Duc. Sa maturité et son style original la place désormais en haut de la hiérarchie de moins en moins concurrentiel que constitue le rap féminin. L’artiste a su trouvé son style, et même si elle semble se chercher encore dans certains domaines, elle offre un album abouti et intéressant. Néanmoins, entre la jolie Shay qu’on reconnaît dans des tracks plus mainstream et la garce, à l’aise dans des thèmes crus, le contraste est réussi. On regrettera tout de même l’absence de featuring qui auraient pu apporter une réelle valeur ajoutée au projet. Mêlée à Damso ou Booba, la « Duchesse » n’aurait pu que briller…

L’album Jolie Garce de Shay est disponible sur iTunes ici.

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