Musique
Squadra : «On fait la musique par passion avant tout»
A l’occasion de la sortie de leur premier projet Cité Rose, nous avons eu la chance de rencontrer le groupe Squadra.
Avec un parcours semé d’embuche, peu d’artistes auraient eu la force de continuer l’aventure, mais Squadra font parti de ceux qui comme ils le disent «font la musique par passion avant tout», lorsqu’elle leur permet de «sortir tout ce qu’on a en nous, des choses qu’on ne peut pas raconter à n’importe qui». Avec la détermination et la volonté de s’en sortir, comme leitmotiv le groupe de Pierrefitte, à livrer le mois dernier son premier album composé de 16 titres hauts en couleurs. C’est à cette occasion que nous avons eu la chance de discuter avec tous les membres de Squadra.
Alors Squadra, on se retrouve pour la sortie de Cité Rose, le projet est disponible depuis plus d’une semaine que disent les premiers retours ?
Broly : On a que des bons retours, dans notre quartier, dans les alentours, sur les réseaux sociaux. On a essayé d’élargir notre public et pour l’instant tout ceux qui ont écouté ont validé.
La B : Ils adhèrent à la diversification.
C’était un choix d’aller dans une direction avec plus de musicalité ?
Zoken : C’était pour rentrer dans l’air du temps, on a toujours eu les mêmes sonorités, mais on a sélectionné les instrus différemment, mais c’est toujours notre image.
Depuis 2021, vous êtes de plus en plus présent, avec deux mixtapes sorties l’année dernière et votre premier album cette année.
Floben : On travaille beaucoup, mais on ne sort pas les choses. On n’a pas sorti les sons à cause de problèmes, c’est pour ça que ça a tardé, mais maintenant tout est réglé et on va faire qu’envoyer.
Zoken : Nous on a toujours été au studio en vrai, on a toujours bossé. On a déjà peut être trois ou quatre albums qui sont prêts. Maintenant que tout est rentré dans l’ordre, c’est carré.
Ça doit être frustrant de travaillant en sachant que rien ne peut sortir.
Floben : On fait la musique par passion avant tout, ce n’est pas que du business. Si c’est que ça, on aurait arrêté depuis bien longtemps. Ça nous permet aussi de sortir tout ce qu’on a en nous, des choses qu’on ne peut pas raconter à n’importe qui, on s’exprime par la musique.
La plupart des gens vous ont remarqué en 2018 avec le succès de « En bas de chez moi » qui récolte aujourd’hui près de 49 millions de vues sur Youtube. Avec du recul, quelle conclusion vous pouvez donner sur ce gros coup de pouce ?
Zoken : C’est beau sur le moment, mais le plus dur c’est de continuer à faire des gros sons. On est content c’est notre classique, mais on veut toujours faire mieux.
Suite à ce buzz, vous avez sorti un premier projet Baltirose en 2018, et un second en 2019, avant de revenir avec un projet 2021 et quelques singles entre temps. Pourquoi cette absence ?
Broly : Ça fait partie des conflits qu’on a eu avec notre ancien label. Baltirose, c’est pas un vrai projet, c’est des sons qui ont juste été ramassés, le projet est sorti à notre encontre. Notre premier vrai projet c’est Introduction et il est sorti en 2021.
Est-ce que vous pensez que votre carrière en groupe aurait pu prendre un autre tournant si vous n’aviez pas eu cette pause en cours de route ?
Zoken : On n’est pas dans les regrets, ça a permis de voir que tu peux tout avoir et tout perdre.
La B : On fera plus les mêmes erreurs. À vrai dire, on n’en parle pas, même pas entre nous. On ne se demande pas ce qui ce serait passé si on avait fait ci ou ça.
Broly : C’est juste qu’on a raté notre wagon à ce moment-là, on avait du succès qu’on pouvait pas exploiter, mais même si ce train est passé on est toujours à la gare, on dort à la gare !
On compte de nombreux rappeurs à Pierrefitte, mais cette ville reste quand même en dessous des radars dans le paysage rap. Est-ce que c’est une manière pour vous de prouver que ça rap à Pierrefitte ?
Floben : C’est une manière de prouver qu’à Pierrefitte, il y a du talent. Cité Rose c’est aussi le nom d’un film, on veut montrer qu’à Pierrefitte il y a pas que des voyous.
Le film « La Cité Rose » a d’ailleurs été tourné dans votre ville en 2013, à l’époque, quel a été son impact dans votre ville ?
Floben : Il a été fait dans notre cité, le frère à Broly a bossé sur le film. L’acteur principal, Aziz, c’est un mec de chez nous. Broly aussi a joué dans le film, il y a des scènes chez lui carrément.
Zoken : Le film Cité Rose, c’est un peu comme notre son « En bas de chez moi », on ne s’attendait pas à un tel succès, il y a eu plein de films sur les cités, mais celui-là a fait un carton. Même sur Netflix il fait parti des films les plus visionnés, aujourd’hui Aziz il passe sur TF1.
Broly : C’est une vraie belle histoire.
Est-ce qu’il vous a influencé dans la conception de l’album ?
Zoken : Cité Rose, c’est un clin d’œil.
Floben : Ça représente tout : là où on a grandi, où on s’est rencontré, notre source d’inspiration. C’est vraiment tout ça.
On retrouve également le son « Cité Rose » qui reprend un morceau fait en 2004 par des grands de votre quartier. Pouvez-vous nous parler de ce morceau ?
Floben : Ce son est dans le cœur de tout le quartier.
La B : On a choqué la cité, des gens nous disaient qu’on leur avait donné des frissons avec ce morceau, toute la cité l’a validé.
Floben : Avant qu’on le sorte, l’original était déjà un classique de chez nous.
Broly : On était en séminaire quand on faisait le projet Guadalajara, on a pensé à reprendre les sonorités de leur instru avec Sam H et Chady.
Zoken : La dinguerie, c’est qu’on leur a juste fait l’intonation du refrain et ils ont réussi à reproduire la mélo du son original, on était choqué. A la cité, c’est le meilleur son de Squadra, ça rend tout le monde nostalgique.
Pourquoi avoir choisi de sortir votre premier album maintenant, sachant que votre premier projet Baltirose sorti en 2018 était déjà sensé précéder votre album.
Zoken : Faut sauter dans le grand bain à un moment, ça fait des années qu’on est présent, ça fait 9 ans. Mais même entre nous c’était compliqué, on a beaucoup discuté, on se demandait s’il y avait assez d’engouement, si on devait encore attendre et après réflexion on s’est dit que c’était le bon moment. On s’est lancé et on est content avec tous les retours qu’on reçoit, mais c’est que le début.
Vous nous avez livré un album haut en couleurs et en musicalité, ce qui se ressent d’autant plus sur le single « La danse » en feat avec Bolemvn. Comment s’est construit ce son particulier ?
La B : C’était au calme, pas pressé du tout. On a fait une première instru calme, on kiffait mais il manquait quelque chose. On a eu l’idée de faire une petite feinte de partir sur un son calme et de basculer sur un banger. Sam H, il doutait, mais nous on était confiant et à la fin il a validé.
On retrouve également Leto et SAF sur l’album, pourquoi ces choix ?
Floben : Leto on aimait bien, parce qu’on est de la même génération de rappeurs et on fait parti des seuls qui ont survécu. On se connaissait un peu, on s’est vu et on s’est attrapé en studio directement.
Vous avez maintenant sorti votre premier album Cité Rose, quelles sont vos ambitions avec ce projet ?
Broly : C’est notre premier album, on veut le pousser au maximum et plus on entend les retours des gens, plus on a envie de le booster.
A quoi peut-on s’attendre pour la suite ?
Broly : Il y aura peut-être une réédition.
Zoken : Là, on va faire que balancer du son. Il y aura d’autres featuring, on s’arrête.
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