Musique
Tengo John accusé de harcèlement dans un thread glaçant
Dans un long thread sur Twitter, une utilisatrice anonyme a dénoncé les agissements de Tengo John, qu’elle accuse de harcèlement envers elle et ses proches depuis de longs mois.
«Je fais ce compte anonymement pour ne pas avoir à subir davantage de pressions». Il est 17 heures, ce samedi 4 avril, lorsqu’un compte anonyme, stopharcelement, se lance dans un thread. À travers une dizaine de messages, appuyés par des screenshots, SMS et messages vocaux, l’utilisatrice tend à briser l’omerta sur un «harcèlement perpétuel depuis plus d’un an».
bonjour, je fais ce compte anonymement pour ne pas avoir à subir davantage de pressions que je ne m’en inflige en dénonçant désespérément mon harceleur, et pour protéger mes proches qui eux aussi subissent le harcèlement perpétuel depuis plus d’un an.
— stopharcelement (@stopharcelemen7) April 4, 2020
Son harceleur : Tengo John, jeune artiste talentueux de la nouvelle scène francophone, auteur récemment de la mixtape Temporada. «Il faut savoir que j’ai peur et que c’est la seule solution que j’ai pour espérer que cela cesse, j’ai déjà fait une plainte il y a quelques mois, néanmoins, cela n’a pas encore abouti et le confinement freine toutes démarches de ma part», relève-t-elle.
L’histoire commencerait en janvier 2019, lors de la séparation du rappeur avec l’utilisatrice. «Je n’ai cessé de recevoir des appels, au moins cinquante par jour. Mais j’y répondais, parce qu’il menaçait de se tuer», raconte-t-elle. Mails, conversations WhatsApp, Instagram, SMS : de nombreux clichés corroborent le témoignage. «Cette personne faisait tout pour m’isoler du bonheur afin de me récupérer. On appelle ça un pervers narcissique et sur le moment j’étais manipulée».
«Je ne me laisserai plus faire»
La jeune femme indique avoir fait appel à la justice. «J’essaie de porter plainte, mais « pas urgent », « trop d’attente », « pas ce commissariat »», lui répond-t-on. «Et lui continue de s’amuser, fait une musique dans laquelle il me salit, moi et ma nouvelle relation en utilisant mon image, mon visage», poursuit-elle.
Le morceau en question « Super moche », est l’un des titres les plus streamés de l’artiste. «C’est un morceau qui est grave réel, tout est vrai dans ce que je dis, c’est ce que j’ai vécu, ce que j’ai ressenti à ce moment-là», confiait Tengo John à Interlude à l’occasion de la sortie de sa mixtape. Avec la version de la principale concernée, les paroles prennent une autre perspective.
«Je fais ce thread pour que tu saches que je ne me laisserai plus faire et pour que dans la foulée, cela te raisonne enfin», poursuit-elle. Et de conclure : «Merci de ne pas, après ce thread, faire subir à cette personne le harcèlement que j’ai subi». Tristement, les recommandations de l’utilisatrice n’ont été que peu écoutées. Depuis la publication du thread, l’artiste est jugé sur le tribunal du net, disposé en tendances Twitter après seulement quelques heures, et au coeur de nombreuses insultes et moqueries. Le numéro de téléphone de l’artiste a même été publié dans des groupes Discord.
Les forces de l’ordre ont également réagi en-dessous du thread. «Merci de nous suivre en retour afin de pouvoir échanger en DM sur cette situation», indique la Police nationale, laissant imaginer des poursuites judiciaires.
Bonsoir,
Merci de nous suivre en retour afin de pouvoir échanger en DM sur cette situation.
Merci— Police nationale (@PoliceNationale) April 4, 2020
Tengo John reconnaît son «état instable et obsessionnel»
De son côté, Tengo John a réagi dans l’après-midi du dimanche 5 avril à travers un communiqué sur ses réseaux sociaux. «Je ne veux pas me défiler devant la gravité des messages que j’ai envoyés et du caractère toxique de mon comportement ces derniers mois», commence l’artiste. Sans excuser son comportement, le rappeur reconnaît «l’état instable et obsessionnel», dont il a fait preuve ces derniers mois.
Communiqué
TJ. pic.twitter.com/WaVmXg51fp— Tengo (@tengojohn) April 5, 2020
Il tente également de mesurer les propos de l’utilisatrice anonyme, en donnant sa version des faits. «Certains ont pu le voir, on s’est rendu coup pour coup pendant de longs mois par réseaux interposés», tempère-t-il, en développant autour du mal-être de sa relation. «Je ne me défile pas, j’assume ce comportement horriblement toxique que j’ai pu avoir, comme j’aimerais qu’elle assume le sien également. J’assumerai toujours les conséquences de mes agissements».
Et de conclure : «Je me reforme et me remets en question chaque jour, pour que cet épisode de ma vie ne caractérise pas ce que je suis, de manière totale ou définitive, et que pour que plus jamais je ne fasse souffrir autant, ou ne souffre autant.»