Musique
Pour les 11 ans de « Perdu d’avance », on est parti revoir le Orelsan de 2009
À l’occasion du 11e anniversaire de Perdu d’avance, premier album d’Orelsan, on s’est replongé dans quelques interviews de l’artiste, confrontées à aujourd’hui.
Orelsan, avançant sous un inquiétant nuage, dans une ruelle sombre. La pochette est iconique, autant que la plupart des titres de l’album. Perdu d’avance, publié le 16 février 2009, vient de célébrer son onzième anniversaire. Socle de la discographie de l’artiste, ce premier album constitue un premier pont vers son univers, truffé de références à sa vie de farniente.
Pour l’occasion, on a fait le tour de quelques interviews de l’époque, pour faire le parallèle avec aujourd’hui où Orelsan, figure moderne de la musique française, enchaîne les salles combles et les têtes d’affiche de festival.
«Dès qu’on parle de rap, on croit que c’est du premier degré»
À l’époque, l’artiste peine tout juste à sortir des polémiques qui lui sont associées, après le titre « Sale pute ». «La chanson est une fiction, reconnaissait-il à Rapelite, en septembre 2009. Ce que j’ai voulu faire, c’est symboliser le fait qu’un homme, ou une femme, peut passer super vite de l’amour à la haine à cause de la jalousie, de l’alcool et de différents sentiments.»
Le titre, sorti avant son premier album, lui a construit une image misogyne et violente. À l’époque, l’affaire fait grand bruit, et Perdu d’avance est publié dans une brume entourée de scandales. Politique, déprogrammation de festival et procès : l’artiste essuie les échecs. Dix ans plus tard, l’étiquette lui est encore partiellement collé sur le front : lors des Victoires de la musique post-La fête est finie, des pétitions espèrent annuler ses trophées.
Il portait alors un regard pessimiste sur le rap de l’époque. «Ce que j’ai compris de cette histoire, c’est que trop de personnes en France ne comprennent pas le rap et ne cherchent pas à le comprendre, s’épuise le rappeur. Dès qu’on parle de rap, on croit que c’est du premier degré.» Ce storytelling, traversé par la fiction l’aura toutefois suivi toute sa carrière. Dans Le chant des sirènes, il mettait en scène sa brutale rupture dans « Finir mal », tandis qu’il s’immisçait au cœur d’un grotesque repas de famille avec « Défaite de famille », dans La fête est finie.
Orelsan : «J’en avais ras-le-bol»
Autre anecdote poussiéreuse qui résume parfaitement le personnage d’Orelsan : il a fini par boucler son album Perdu d’avance seulement 12 heures avant le début du pressage. De quoi écrire un peu n’importe quoi. «J’en avais ras-le-bol, je ne savais plus quoi raconter, j’ai mis trop de temps à écrire le texte, du coup j’ai dit qu’il n’y aura pas de deuxième album», précise-t-il auprès de ZikNation, en novembre 2009.
De quoi rappeler une anecdote similaire pour France 3, à l’aube de la sortie d’Épilogue, la réédition de La fête est finie. «J‘ai fait un dernier titre, “Épilogue”, au tout dernier moment. J’ai dû sauter trois nuits pour réussir à l’rentrer, on a pas eu le temps de le mixer. J’ai dû l’rendre quatre heures avant que le disque ne parte à l’usine parce qu’il fallait que je rajoute une couche. C’est un peu ma façon de bosser, de penser». Visiblement, ça, on l’a compris.
« Ah, nous aussi on fait ça »
«Je pense que les gens aiment bien ma musique parce que ça me ressemble», racontait Orelsan à Help Taxi, quelques semaines après la sortie de La fête est finie. Il précise que ses morceaux sont animés par ses propres émotions, qu’il cherche à traduire dans ses albums. Ironiquement, c’est à peu près comme ça qu’il se définissait également dix ans plus tôt, toujours auprès de ZikNation. Orelsan touche, depuis le début.
«Quand j’ai commencé à mettre des trucs sur Internet, y’a beaucoup de personnes qui ont commencé à me dire : « Ah, nous aussi, on fait ça ! ». Parfois sur des trucs tout con, comme quand je dis : « Mélange du coca et du sky dans une bouteille en plastique ». Et moi je me disais : « Mais arrêtez, c’est le truc le plus con de la vie de tous les jours ».» Un disque sculpté autour des anecdotes, précise-t-il.
Et de conclure : «Si le disque s’appelle Perdu d’avance, c’est que quand j’ai commencé à le faire, j’avais l’impression que ce que je raconterai, ça servirait à rien». Et pourtant, plus d’un million d’albums vendus plus tard…