Interviews
On a parlé OVO, Soundcloud et rap avec Squidji
Garant d’un univers qu’il façonne avec esthétisme et minutie, Squidji s’impose avec assurance et ambition au milieu d’une nouvelle scène rap qui lui fait déjà les yeux doux.
À constater le perfectionnisme de ses univers artistiques, l’esthétique de ces visuels et son identité musicale déjà très affirmée, on aurait du mal à définir Squidji comme un talent à en devenir. Le talent est bien là, reste qu’à lui offrir l’exposition qu’il mérite. Productif, inspiré et inspirant, l’artiste enchaîne les projets, conscient des approches modernes de l’industrie musicale, avec une couleur unique. Alors, de « Doudou » et son million de vues, enregistré dans sa chambre au dyptique Brahma et Saraswati, plongée dans l’univers infiniment prometteur de Squidji.
Tu as grandi dans le 15ème arrondissement de Paris et c’est ton père qui t’a fait découvrir la musique ?
Oui, mon père écoutait beaucoup de rumba congolaise. Il était garagiste, et dans son atelier, il y avait tout le temps de la musique très forte. Donc oui, j’écoutais beaucoup de rumba avec lui. On peut dire que c’est là-bas que j’ai découvert la musique congolaise.
C’était quoi ta première claque rap ?
Ma première claque, c’est Partynextdoor, avec le morceau « Recognize » avec Drake. Ce titre est incroyable. Il est sorti en 2014, il m’a refait tout mon été. Je suis un fan de OVO, ils sont trop chauds. Le rap cloud du Canada, c’est vraiment ce que j’aime par-dessus tout.
Comment tu t’es lancé dans la musique ?
En 2013-2014, je faisais déjà un peu de son pour m’amuser en mode petit freestyle dans ma chambre sur Facebook. Je ne me prenais pas la tête, j’écrivais sur des instrumentales YouTube. Et ensuite, ça s’est vraiment concrétisé en 2015, quand j’ai commencé à faire la connaissance de mon groupe Ultimate Boyz avec Roshi. C’est le groupe qui m’a donné envie de rapper.
Tu as commencé à poster tes morceaux sur Soundcloud, comme beaucoup d’artistes. Qu’est-ce que ça t’a apporté ?
À l’époque, il y avait beaucoup beaucoup beaucoup d’artistes sur Soundcloud, là j’en entends un peu moins parler car avec les plateformes de streaming ça a un peu bousculé tout ça. Donc oui, je postais tous mes morceaux sur Soundcloud, j’étais régulier, je sortais un morceau toutes les semaines. Et comme j’étais régulier, des gens ont commencé à me suivre, puis j’étais proche de quelques personnes à coté, sur Twitter, ils relayaient dès que je sortais des sons.
Ton premier morceau à succès c’était « Doudou » en 2018, tu avais anticipé ça ? Tu sentais que ce morceau avait un gros potentiel et que c’était lui qui allait te faire pop ?
Non, j’avais pas du tout anticipé. J’avais 18 ans, j’étais pas préparé à ce que le morceau j’avais fait dans ma chambre allait faire le million, et j’avais même pas fait de clip. On a sorti une animation cette année, mais sinon j’ai pas fait de clip, et j’aurais dû en vrai, mais je n’étais pas prêt à ça. Ça ne m’a pas mis de pression pour la suite, mais je me disais : « Ouais, c’est possible ». J’ai commencé à rentrer dans la cour de grands à partir de ce son.
Tu as été très actif cette année avec trois projets, dont deux qui se complètent Brahma et Saraswati.
À la base, Brahma et Saraswati c’était un seul projet qui faisait dix-sept sons. Mais en vrai, on s’est dit que chez les jeunes aujourd’hui, personne n’écoute dix-sept sons, surtout qu’ils faisaient chacun 3/4 minutes. Du coup on a divisé le projet en deux. J’étais seul à taffer là-dessus avec Léo Joubert, mon manager et DA image. Il a capté ma vision et lui a fait le taff derrière.
Tu as sorti un projet totalement different aussi, Trap et d’eau fraiche.
Oui, comme son nom l’indique, c’était que de la trap, et j’ai bien kiffé faire ça. Je voulais montrer à mon public que même si je fais beaucoup de sons pour meuf, je sais aussi faire des sons qui tapent. Et je pense qu’il l’a bien pris. En plus, avec ce qui arrive, ça me permet de refaire de la trap. Je préfère tout de même les morceaux chantés.
Tu as des flows incroyables sur ton nouveau projet Parades. Comment tu travailles et comment tu trouves ces placements ? Tu as pris des cours de chant ?
Non, je n’ai jamais pris de cours de chant. En vrai, c’est aussi grâce à la prod : je travaille avec beaucoup de producteurs, ils savent les notes qu’il faut faire et tout. Mais d’ailleurs, je vais bientôt prendre des cours de chant.
Il y a des très beaux noms qui ont collaboré avec toi sur ce projet Parades comme Dioscures (Laylow) et Prinzly (Damso, Hamza), Saint DX et Paco Del Rosso. Comment vous avez tous connectés ? Et comment se passe votre collaboration ?
Déjà, quand je suis avec eux, je suis intimidé. C’est des mecs qui ont déjà taffé avec des grosses têtes. Donc je suis obligé de faire les choses bien quand je suis avec eux. J’ai toujours bossé sur des type-beats. Et après ma signature chez Sony, on est parti à Frejus en séminaire avec toute l’équipe et l’alchimie elle était là. Ça c’est super bien passé. Là, je reviens de Bruxelles, j’étais encore avec eux, c’était lourd. Je veux garder cette équipe, ils sont trop chauds.
Justement, tu as récemment signé chez A+LSO du label Sony, qu’est-ce que ça change pour toi ?
En vrai, en ce moment, je suis dans un truc où je ne me rends pas compte. Je me rends compte de rien du tout, il y a des nouvelles têtes tous les jours, je sais juste que j’ai beaucoup de chance et ça me pousse à travailler encore plus. Bosser avec une équipe d’Avengers, c’est pas donné à tout le monde.
Il y a très peu de feats sur tes projets. C’est quelque chose que tu gardes pour plus tard ?
J’ai envie de feater mais là je bosse sur mon projet donc je préfère rester focus sur moi pour l’instant mais je suis ouvert, si l’artiste me plaît, je lui fais comprendre et je le fais comprendre à mon public.
Tu as une identité visuelle très forte, très esthétique, quel rapport tu as avec tout ça ? C’est toi qui a tout en tête ?
Je travaille avec Léo Joubert mon manager et DA image, je lui montre quelques refs, et ensuite il m’envoie un mood board, on y réfléchit ensemble mais souvent on a les mêmes idées, c’est pour ça que c’est trop cool de bosser avec lui. Il sait vraiment où je veux aller visuellement et musicalement. Ça fait quatre ans qu’on se connait, je devais faire un clip qui s’appelle GANG et je l’ai contacté, il a trouvé le truc et je me suis dit que j’allais continuer avec lui jusqu’à la fin. J’essaye de m’entourer de personnes que je peux garder, pendant cinq, six ans.
Le public a inventé un terme «les rappeurs sous-coté », tu en penses quoi toi ?
Je vois beaucoup de chose sur Twitter en mode « Squidji sous-coté », mais tu sais, quand tu fais de la musique, tu cherches pas à savoir si t’es coté ou sur-coté, on s’en fout. Je fais juste ce que j’aime et je vais tout droit. Si ça marche pas, ça marche pas mais je me sens ni sur-coté, ni sous coté.
C’est quoi la suite pour toi ? Est-ce qu’on peut s’attendre à un album prochainement ?
Je prépare un nouveau projet, je l’ai bientôt terminé. Je suis même en avance et je suis super content de ça. Je suis fier du taff fait et de l’équipe avec qui je suis, ils sont super investis. C’est lourd.