Interviews
On a parlé polyglossie, Jul et FEU avec Poupie
Difficile de savoir si son FEU s’inspire de sa frange enflammée ou de son envie brûlante de conquérir le rap francophone. Et après tout, peu importe : Poupie est absolument captivante.
En seulement une poignée de minutes, elle nous a propulsé avec elle dans les nuages, là où semblent graviter sa tripotée d’idées incessantes qui fulminent H-24. Au milieu de toutes ces petites flammes qui composent son univers aux mille influences, elle nous a raconté comment, sur un coup d’audace bien senti, elle a réussi à s’offrir Jul ou pourquoi, linguistique hyper-active, elle vagabonde autant entre les langues.
Tu as récemment sorti ton deuxième projet FEU, comment sont les retours, tu es contente ?
Je suis super contente que ça soit sorti, car il y a certains titres que j’avais créés l’année dernière, en résidence à Cannes. Mes titres coups de coeur sont « Nada de Nada » et « Feux » et j’avais vraiment envie qu’ils sortent. Avec tous les retours que j’ai, il n’y a pas un titre qui ressort : chacun à ses chansons préférés qui diffèrent. Et j’adore ça.
Tous les morceaux sont uniques, sans vraie ligne conductrice au fil du projet. C’est quelque chose auquel tu portes attention ?
Oui c’est vrai. En fait, je n’essaye jamais de faire un truc qui a du sens et je trouve que c’est bien comme ça. Par contre, pour l’album, j’essayerais de faire en sorte qu’il y en ait un peu, parce que, même dans ma tête, je pense que ce sera plus simple. Je ne l’ai jamais dit en interview, mais ces petits EP que je sors, je vois plus ça comme un exercice. Je suis toute nouvelle dans ce métier, ça fait un an et demi que je le fais et grâce à Dieu je peux déjà en vivre. Et c’est ouf ! Mais j’ai vraiment l’impression de m’exercer, sans pression. Même si je suis dans une maison de disque et qu’il y a beaucoup d’enjeux, j’ai cette impression que je peux être assez naturelle, même si c’est vrai qu’on peut se perdre. Dans cet EP tu as « On n’est pas grands », après tu as une reprise de reggae, ensuite un truc un peu bossa-nova puis « Feux » en mode aussi un peu reggae.
Les styles et les influences de tes chansons sont très variés, comment tu travailles l’écriture et la composition ?
Il y a différentes manières de composer des chansons, mais dans la plupart des cas je créé la mélodie, les paroles, je pense à la musique, et avec le producteur, on essaye d’aller vers la chose que j’imaginais dans ma tête. Lui, il ramène un peu de sa patte. Après, pour l’écriture : ça dépend. Des fois, j’ai le texte avant, comme dans « On n’est pas grands » ; j’ai créé la mélodie au piano dans un studio. Mon tout premier texte en français c’était « Ça me dérange », j’étais dans un bus et tout m’est venu en entier d’un coup. Après, si je me retrouve dans un endroit avec un piano et que je ne m’attendais pas à en jouer à ce moment : bim une autre chanson.
Ça ne fait pas très longtemps que tu écris en français, avant c’était en anglais et en espagnol, comment ça se fait ?
J’écris depuis que j’ai 9 ans. En anglais, je me rappelle ma première chanson : j’ai ouvert un dictionnaire anglais-français, j’ai trouvé une phrase et du coup j’en ai fait une chanson. C’était marrant, mais c’était nul. Et depuis toute petite, j’ai un goût pour les langues et l’international. J’ai toujours écris en anglais, car c’est plus facile. C’est la facilité, ça passe mieux. Écrire en français, c’était vraiment un défi.
En commençant à écrire à 9 ans, c’est que tu as du te projeter, tu as toujours voulu être artiste ?
Je ne pense pas. Enfin, ce n’est pas vraiment un truc que tu contrôles. Je pense que, quand j’étais petite, je me suis déjà formulée à être chanteuse quand je m’endormais. Je me dis pas : « Ok, maintenant, tu vas être chanteuse », mais par contre, tu as ça dans le sang. Ça m’a même déjà desservie d’être trop libre, d’amener de la création à des moments où il ne faut pas être créatif. Je pense que c’est plus instinctif qu’un plan. D’ailleurs, une fois, j’ai vu mon grand-père faire du piano, c’est comme ça que je me suis dis que j’allais en faire.
Sur ton projet FEU, tu as un featuring avec Jul. Des centaines d’artistes en rêve, tu l’as fait : comment ça s’est passé ?
Je lui ai envoyé un message sur Instagram en lui demandant s’il était chaud de poser sur un morceau. Et moins de 5 heures plus tard, il m’a répondu : « Carrément », puis il m’a envoyé son WhatsApp. Du coup j’ai passé la journée au téléphone avec lui pour suivre comment ça avançait. C’était vraiment irréel.
Qu’est ce que ça fait de bosser avec lui ? La légende dit qu’il est enfermé dans son studio toute la journée, qu’il est capable de sortir des dizaines de morceaux par jour. Tu as ressenti ça ?
Le feat s’est fait à distance, car c’était plus facile et qu’il est overbooké. Et oui : le gars est vraiment trop chaud. Je lui ai demandé le truc et je ne te mens pas, 24 heures plus tard, j’avais son couplet. En suite on s’est téléphoné et on en a parlé. On s’est envoyé des idées, on a monté la mélodie, etc. Après il m’envoie des paroles pour rires genre « Claquettes machin », je lui ai dit : « Mec, tu le mets direct, c’est trop bien, trop fort ». C’était vraiment une belle collaboration. À un moment après avoir longuement parlé, je n’ai plus eu de nouvelles pendant 5 heures. Et d’un coup : bim, j’avais tout, tout propre, nickel. Le gars charbonne vraiment. On s’est rappelé quelques temps plus tard, car je voulais rajouter des ambiances, il était super opé. C’est vraiment un ange.
Tu commences très fort en terme de featuring rap français, sur ton futur album, on peut s’attendre à quoi ?
Pour mon album, je dirais qu’on pourrait s’attendre à des featurings peut-être un peu moins français, un peu plus international. Je ne parle pas forcement de l’Amérique, et je n’en dirais pas plus. Après, oui ,j’aimerais quand même une collaboration française mais je n’en dirais pas plus non plus (rires).
J’aimerais bien finir cette interview en te posant une question. J’ai appris que tu avais un point commun avec Céline Dion, c’est tes managers. Est-ce qu’on peut en parler car c’est quand même quelque chose !Oui, Valérie : on a eu un coup de coeur quand on s’est rencontré. J’étais venue dans son bureau pour parler de ma musique et ma carrière. Et on a parlé pendant quatre heures. C’était fou. Et c’est seulement après que j’ai appris les panels d’artistes qu’elles ont avec Sabine (elles travaillent à deux). Et du coup oui : elles ont Céline Dion ! Je suis vraiment sortie comme une gamine en mode : « Wahou ! ». Et parfois, elle me parle de Céline Dion en mode : « Ouais, Céline est dégoutée, elle a loupé son avion ». C’est une autre vie, c’est incroyable. Mais je suis très honorée de travailler avec des femmes comme Sabine et Valérie, car si elles travaillent avec de grandes artistes comme Céline, c’est qu’elles ont les épaules. C’est surtout en ça que je suis honorée d’avoir à faire avec des gens si professionnels et surtout des bonnes personnes !