Musique
PNL, Nekfeu, Vald et Orelsan : quels sont les morceaux les moins écoutés de ces albums ?
Les nouvelles mises à jour Spotify permettent de découvrir quels sont les titres les plus (et les moins) écoutés des albums. On a fouillé dans ces chiffres avec Nekfeu, PNL, Vald et Orelsan.
Même parmi les plus gros classiques, il y a parfois des morceaux que l’on retient moins. Les dernières fonctionnalités Spotify permettent de capter quels sont les titres les plus écoutés d’un album, et accessoirement les moins streamés. Pour changer, on a décidé de s’intéresser à cette deuxième catégorie, pour tenter de comprendre pourquoi ces sons ont connu moins de succès que les autres. Pour ne pas dresser une liste purement factuelle, on a jeté notre dévolu sur quatre artistes, en analysant leur discographie, en excluant également les introductions et les morceaux issus de réédition. On remarquera ainsi que ces titres moins appréciés peuvent être dûs à certaines prises de risque ou autres éléments pertinents à analyser.
Nekfeu : un certain équilibre
Feu : « Point d’interrogation » / Cyborg : « Programmé » / Les étoiles vagabondes : « Nouvel homme »
La discographie de Nekfeu n’est pas la plus évidente à analyser : ses albums se placent dans des paysages particuliers et très cohérents. On sera toutefois surpris de voir que « Point d’interrogation », en collaboration avec Alpha Wann, est le morceau moins streamé de Feu. Juste derrière « La moue des morts », peut-être que son rap brut et ses échanges entre les deux MC’s n’a pas pleinement convaincu sa fan-base. Alpha Wann lui-même ne retenait pas forcément « Point d’interrogation » comme la plus réussie de ses collaborations avec son compère.
Pour « Programmé », l’analyse est déjà plus perceptible. Le morceau plonge dans une ambiance plus sombre, étrange, et déploie un champ lexical « informatique » plus complexe. Même s’il répond très bien à l’univers imaginé pour Cyborg, le titre a moins est plus particulier : il est le seul titre de l’opus à ne pas avoir franchi la barre des 10 millions d’écoutes sur Spotify. Ça reste toutefois énorme, évidemment.
Petite surprise également du côté de Les étoiles vagabondes où « Nouvel homme » est le titre le moins streamé, sans compter « Interlude Fifty ». D’ailleurs, il n’y a que quelques dizaines de milliers d’écoutes de différence avec « Jeux vidéo et débats ». On pourrait expliquer la dernière place de « Nouvel homme » par sa similitude avec d’autres titres de l’opus, qui reprennent cette ambiance douce et voluptueuse avec peut-être plus d’efficacité. Mais évidemment, dans la très grande proposition de Les étoiles vagabondes, il est important de constater que la répartition des écoutes est très équilibrée.
PNL : un paquet de tentatives
Le monde chico : « Dans la soucoupe » / Dans la légende : « Sheita » /Deux frères : « Déconnecté »
PNL désormais. En commençant par son album Le monde chico, on remarque que c’est l’outro de l’opus, « Dans la soucoupe » qui est le seul titre à ne pas franchir le seuil des 10 millions d’écoutes. Le morceau, lent et planant, est pourtant une conclusion très inspirée pour leur opus. Peut-être souffre-t-il d’un petit manque de quelque chose dans un album où d’autres morceaux surnagent. D’ailleurs, le contraste est assez intéressant au coeur de Le monde chico de PNL, où on remarque une vraie différence d’écoutes entre les singles (« Le monde ou rien », « Oh lala » ou « Tempête ») et d’autres titres plus discrets (« Loin des hommes » et « Le M »).
Dans Dans la légende de PNL, « Sheïta » est le seul morceau à ne pas dépasser les 20 millions de streams. Très proche toutefois de « La vie est belle » en termes de densité d’écoutes, le titre pâtit certainement d’un manque de transcendance dans un opus à l’ambiance très uniforme. « Sheïta » reste tout de même une véritable pépite au coeur d’un opus classique où il semblait difficile d’élire un son moins écouté que les autres.
Pour Deux frères, évidemment, « Déconnecté » ressort. Le contraste, que l’on avait déjà étudié, par rapport aux premières écoutes qui avaient scotché les auditeurs, est très intéressant. « Déconnecté » paye certainement le prix d’une tentative artistique poussée à son paroxysme. En première écoute, le titre est majestueux, mais est évidemment plus complexe à réécouter. Peut-être moins streamé, le morceau n’en reste pas moins une pièce majeure de l’oeuvre de PNL.
Vald : des prises de risque, en veux-tu, en voilà
Agartha : « Libellule » / XEU : « Jentertain » / Ce monde est cruel : « Ma star »
Les morceaux les moins écoutés des albums de Vald auraient presque plus être anticipés en amont : ils découlent pour la plupart de tentatives qui perdent naturellement en replay-value. Commençons par Agartha. Si on aurait toutefois pu penser à « Lezarman », deuxième morceau le moins écouté, c’est pourtant « Libellule » qui, avec ses 2 millions d’écoutes, a connu « le moins » de succès. Un phénomène pas si étonnant : Vald lui-même apprécie moins le morceau.
Du côté de XEU, c’est « Jentertain » qui ressort. Particulier dans sa brutalité, le titre réserve déjà une introduction plutôt violente. Aussi, le morceau répond à d’autres titres similaires de XEU qui reproduisent ce schéma nerveux et dynamique de Vald. Il n’en reste pas moins très bon. Il devance aussi « Ne me déteste pas », qui figure loin derrière mais qui ne peut être pris en compte par son format trop court.
Enfin, dans Ce monde est cruel, c’est « Ma star » qui a le moins convaincu en réécoute. Là encore, un morceau, chanté et baignant dans une tentative plus particulière, qui apporte de la profondeur à l’album.
Orelsan : des grands écarts artistiques
Perdu d’avance : « Entre bien et mal » / Le chant des sirènes : « Des trous dans la tête » / La fête est finie : « La lumière »
Passons à Orelsan. D’abord avec Perdu d’avance, publié en 2009. « Entre bien et mal » est le morceau le moins écouté de l’album et peut-être que l’explication se trouve dans son rapport avec le streaming. En effet, l’album est sorti bien avant l’ère des plateformes et il est vrai que « Entre bien et mal » est l’un des morceaux à avoir le moins bien vieilli de l’opus. En dépit des gros couplets de Gringe et Orelsan, le refrain avec une autotune presque exagérée s’avère un brin poussiéreux.
Pour Le chant des sirènes, c’est plutôt logique : « Des trous dans la tête ». Ce morceau à l’esthétique rock, presque électro, est sans doute le plus particulier de l’album. Une tentative qui permet d’approfondir d’autant plus l’éventail artistique de Le chant des sirènes mais qui, par son esthétique clivante, peut être moins appréciée.
C’est le constat que l’on pourrait également tirer pour « La lumière » dans La fête est finie. Un morceau s’éclipsant vers le cloud-rap : une tentative particulière qui a moins trouvé son public, mais qui a permis à Orelsan de se développer vers d’autres styles au sein de son troisième opus personnel.