Musique
Damso : l’histoire de « Peur d’être sobre », son morceau fantôme
Le 22 juin 2016, Damso se présente au micro des studios de Générations. Quelques semaines avant la sortie de son tout premier album, le rappeur dévoile le titre « Peur d’être sobre ». On ne le ré-entendra plus jamais.
Cinq ans que « Peur d’être sobre » prend la poussière dans un ordinateur de Damso. Ou peut-être dans son Blackberry de l’époque, qui sait. Ce titre, dévoilé en live sur Générations en plein milieu du mois de juin 2016, quelques semaines avant Batterie faible, a un goût d’inachevé. Abordant les thématiques de la drogue, de l’alcool et son rapport aux femmes, le rappeur se laisse glisser sur la production avec une impressionnante aisance mélodieuse. Alors qu’il prédisait un « hit », à l’époque, sur ses réseaux sociaux, le titre ne sera finalement jamais dévoilé sur les plateformes streaming. Récit.
Damso, entre drogue, alcool et femmes
On l’entend dans le morceau et on le voit sur les paroles : « Peur d’être sobre » narre les difficultés de Damso à gérer ses problèmes en se réfugiant dans l’alcool et la drogue. Un sujet régulier pour l’artiste, notamment au début de sa carrière. Un titre, finalement, assez spécial dans sa conception, où son aspect voluptueux et estival rend les propos moins lourds. Un peu à la manière de « Autotune ». Mais évidemment, le Damso de l’époque est trash, cru. «J’n’arrête pas de boire des litres, car j’ai peur d’assumer sa vraie physionomie». Ou « J’l’a lui mets dans le dar et je gicle, elle s’devait de goûter à la Damsodomie». L’artiste énumère ses problèmes envers l’alcool et les drogues et, comme un cercle vicieux, trouve finalement la réponse dans ce même alcool et ces mêmes drogues. Au point de se questionner sur les solutions que peuvent appréhender les personnes autour de lui et ainsi fuir la réalité : «Comment font-ils pour ne pas boire autant que moi ?».
Damso : «J’aurais aimé le mettre dans mon album»
Mais un problème réside : « Peur d’être sobre » n’existera jamais réellement. Des rumeurs circulaient lors de la sortie du live sur Générations, précisant qu’il serait prévu sur la tracklist de Batterie faible en juillet 2016. Ce ne fut pas le cas, pour des questions de droits, explique Damso à Genius. «J’aurais aimé le mettre dans mon album mais j’ai rencontré quelques problèmes avec les droits du beat. Je suis un peu déçu de ne pas pouvoir l’exploiter totalement. Je le sortirai peut-être sur une mixtape ou ailleurs.» Une dernière phrase qui a fait miroiter ses fans jusqu’à récemment, à la sortie de QALF. En vain.
Damso avait pourtant enregistré le titre en 2014, et l’avait certainement conservé pour son projet. Jamais, pourtant, il n’a pu être publié sur les plateformes streaming. La seule version du morceau disponible sera celle de Générations. Cumulant 11 millions de vues, le freestyle sera par ailleurs la seconde vidéo la plus vue de la chaîne. En février 2021, toutefois, la chaîne PNL World, spécialisée dans le remastering, a exploité le morceau dans une version plus adaptée sur YouTube. Un morceau clair, d’une qualité sonore quasi-irréprochable, avec des rajouts de basse sur l’instrumentale. Quelques tentatives d’hébergement sur les plateformes streaming sont tentées depuis, par-ci, par-là, non-officiellement.
« Peur d’être sobre » à « Peur d’être père »
Moins d’un an après son live sur Générations, un autre titre de Damso sur Ipséité , semble s’inspirer du titre. Ce morceau c’est le seul featuring de l’album : « Peur d’être père » en compagnie de Youri Botterman. Damso confie ses peurs après la naissance de son fils, sur la manière de s’en occuper et l’avenir qui lui ouvre. La peur d’être sobre s’est transformée en celle d’un parent. C’est par ailleurs le premier morceau que le rappeur bruxellois a dédié à son enfant Lior. Cinq ans après, ce freestyle – qui n’avait pas vocation à en être un – est une énigme presque incomprise pour ses fans. Tandis que Damso vendait déjà l’âme d’un potentiel hit, l’exploitation presque inexistante du titre rend l’image d’un chef d’oeuvre inachevé.
À découvrir également, le jour où les beatmakers de « Julien » ont découvert le morceau.