Suivez-nous

Musique

Josué : «J’ai envie de devenir une source de motivation»

Publié

le

Crédits : John Riggs

À l’occasion de la sortie de son projet Béni, Josué nous a convié dans sa paroisse généreuse, motivante et inspirante. Rencontre.

Il est un phénomène hyperactif, à l’ambition créative démesurée. Josué, jeune artiste du 77, vient tout juste de dévoiler Béni. Une mosaïque de 13 morceaux, où il déploie l’immensité de sa palette artistique. Une carte de visite volontairement variée, chargée de présenter un artiste à la motivation contagieuse. Fermement accroché à ses idées de partage et de propagation de bonne parole, Josué est un personnage rafraîchissant et brillant. Une âme pleine de vie, animée par la création artistique quelle qu’elle soit, prolongée par une esthétique impeccable.

Josué, pour ceux qui te découvrent avec cette interview, est-ce que tu peux te présenter ? 

Je viens du 77, je suis né à Maux. Après, j’ai déménagé à Noisiel, et là, je suis au Mée-sur-Seine.

Tu écoutais du rap plus jeune ? 

Grave, je me tapais tout : les Scar Logan, Grödash, tous les Freestyles Bombattak, je me suis pris tout ce rap là. Du rap français fort, après, j’écoutais du rap cain-ri aussi. Je me suis inspiré de tout ça et j’ai commencé à gratter vers 14/15 ans, raconter mon vécu.

Il y a quelque chose en particulier qui t’a donné envie d’écrire ? 

J’avais des choses à dire, je ne pouvais pas en parler. Je ne suis pas quelqu’un qui parlait souvent donc oui, j’ai commencé à écrire, écrire et encore écrire. Et puis j’ai eu l’audace : j’ai pris une instru et je me suis essayé. J’ai commencé à enregistrer sur Audicity, j’ai un pote qui est venu un jour, je lui ai fait écouter en toute humilité, il m’a dit : « Bon, ça va… » (rires). Et puis j’ai continué, j’ai ouvert un Skyblog, et la musique ça a toujours été mon journal. J’ai toujours écrit quoi qu’il se passait.



Du coup ça a toujours été une évidence pour toi d’en faire ton métier ?

De base, je voulais faire du dessin car je dessine beaucoup. Je voulais éditer des livres, des BD, mais quand j’ai vu que ça rapportait pas des masses, c’est resté juste ma passion. Je poste mes dessins des fois sur Twitter ou Insta.

C’est pour ça que la cover de ton projet est une peinture ?

Oui, c’est un truc qui me parle de ouf. De base c’était une photo de John Riggs et j’ai découvert Lolie Darko. Je voulais vraiment de la peinture pour le côté Béni, ancien temps, etc…

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Josué (@josueestbeni)


Tu envoies ta première mixtape, comment elle s’est construite ? 

C’est un projet où je me suis dit que j’allais montrer toutes mes palettes. C’est des sons que tu peux écouter toute la journée, mais ça reste dans mon univers, tu ne seras pas perdu. Si tu entends ça, tu te dis : « C’est lui, c’est Josué, c’est son style. Il peut faire des sons chantés comme ça, il peut kicker comme ci ». Le projet, je l’ai écouté tellement de fois, on a refait la tracklist tellement de fois ! Je l’ai mis dans ma voiture, j’ai fait des tours pour vraiment analyser et j’étais confiant.

Deux jours avant qu’il ne sorte, je l’ai ré-écouté, et j’étais pressé. J’avais envie que les gens comprennent ce que j’ai fait, ce que je veux dire car avec le peu de sons que j’ai sorti je ne pouvais pas vraiment fédérer un public, car c’est des trucs un peu freestyle. Avec un projet comme ça, tu englobes un peu le personnage. De base, ce projet on devait le balancer avant le Covid mais il manquait des feats. Le Covid nous a bloqué, donc on a revu la stratégie, ça m’a permis d’emmagasiner des sons à côté, parler avec Cinco, parler avec Roshi, faire des sons, capter le beatmaker Benjay et le projet a pris une autre tournure à ce moment là. On a repoussé les délais pour que ça soit mieux.

Tu es produit et tu bosses avec le rappeur A2H. Tu peux nous expliquer comment vous vous êtes rencontrés et à quoi ressemble votre collaboration ?

A2H c’est un gars qui habite dans le 77 aussi, il habite à Melun. Quand j’ai déménagé au Mée, c’était un gars qui rappait, il a entendu que je rappais, un jour il m’a donné la force. Mais moi, je n’étais pas trop dans ça, je ne voulais pas officialiser le truc. Et puis le temps est passé et fin 2018-début 2019, j’ai senti que ça devenait de moins en moins sérieux et je voulais que ça devienne sérieux donc je l’ai recontacté. On s’est lancé, et on en est là aujourd’hui. À partir de là, on a commencé à bosser et j’ai pas lâché. 

C’est un peu comme un grand frère pour toi ? 

Je le vois comme lui-même, il a son parcours, son vécu, il a fait ce qu’il avait à faire et il fait encore. Je le prends pour lui-même, il est là dans la team et c’est un super bon producteur et directeur artistique. On parle bien ensemble, il peut m’orienter sur des sujets, on est bien, c’est la mif. Et je ne le prends pas pour un mentor ou un boss parce qu’on est ensemble. Quand on se parle comme ça, on avance. Moi je suis entier, lui il est entier ; on avance, on créé quelque chose.


Sur la collaboration musicale, comment ça fonctionne ?

Quand on a fait le son « Béni » par exemple, A2 et moi on avait parlé en amont. Je lui avais dit : « Il faut qu’on kicke, on est des kickeurs, on doit kicker ». Il m’a dit qu’il était chaud pour me suivre. On s’est posé dans son studio, on a mis une prod. Je lui ai parlé du thème : « Même si les gens pensaient qu’on allait pas y arriver, on y arrive quand même ». Il a écrit son couplet en 15/20 minutes, moi j’ai galéré pendant une heure mais ça s’est fait bien, c’était fluide.

Il y a un thème qui revient beaucoup, c’est la religion. Ton projet s’appelle Béni, ton premier EP c’était Amen. Quel rapport as-tu à la religion ? 

La religion ça me parle car je suis né dedans, tout le monde est dedans. Après la musique, ça ouvre des portes dans la conscience ce qui fait que là je suis que musique musique. Je ne peux pas te dire que je vais à l’Église, mais on a toujours ça dans la famille.

Tu te sens béni du coup ? 

Oui, je me sens béni. Je suis dans le délire où moi je suis bien, je suis cool, je ne suis pas un mec prise de tête. Je suis cool, les gens qui sont avec moi sont cool et c’est pour ça que c’est béni, on est tous bien, il n’y a pas de parasite. 

Tu saurais définir les thèmes de ce projet de 13 titres ? 

Dans ce projet je parle d’amour, je parle d’amitié, de moi, de mon ressenti par rapport à des événements qui se sont passés. J’ai envie de donner mon témoignage sur plusieurs thèmes. J’aimerais bien que les gens prennent la bonne parole et avancent avec dans leur vie. Je fais ma musique comme ça, je n’ai pas vraiment de thème prédéfini. C’est que des petits moods comme ça.

Les prods de ce projet sont assez variées, comment ça fonctionne en studio ? Tu es avec les beatmakers ou c’est des intrus qu’on t’envoie ? 

Je peux bosser avec le compo direct comme j’ai fait avec Raska dans une vidéo. Mais je suis plus à poser mon énergie sur une instru quelconque et après le producteur va comprendre ce que je veux dire pour qu’on fusionne. Car en soit les prods sur les quelles je pose sont pas non plus « futfut », c’est des boucles mais quand je sens une vibe, j’y vais. Et ça donne des sons comme ça. 

Le live c’est quelque chose qui est très important pour toi, tu as fait beaucoup de premières parties, j’imagine que tu as hâte d’avoir tes propres scènes ? 

Pour l’instant, ça m’arrange bien d’être avec d’autres artistes parce que je suis quelqu’un qui aime beaucoup le partage. Et j’aime beaucoup que de nouvelles personnes découvrent ma musique. J’aime bien que mon public connaisse ma musique mais même à mon public, je leur dis de partager, de ne pas garder ça pour eux. Et donc c’est pour ça j’aime beaucoup les premières parties, j’ai vu des Oxmo, Youssoupha. J’aime beaucoup échanger avec les artistes, donc bien sur j’aimerais faire ma scène, ça va arriver, ça va être une dinguerie. Mais pour l’instant je propage la bonne parole, je vais de ville en ville, de public en public déposer la bénédiction et aller plus loin.

 

Voir cette publication sur Instagram

 

Une publication partagée par Josué (@josueestbeni)


Tu fais beaucoup de clip, tu es à l’aise devant la camera, tes visuels sont tous très propres, c’est important pour toi l’image ?

Franchement, on se casse la tête sur les clips et Willy Guittard mon réal peut te le dire, des fois je l’appelle à 3h du matin : « Demain faut qu’on fasse ça bien gros ». Je veux vraiment que ce soit carré et que ce soit comme je l’ai dans la tête. Car je suis quelqu’un qui intériorise beaucoup donc j’ai envie que, quand je le vois, ça me parle, donc je suis grave relou. On se prend la tête pour les visuels car Josué est têtu et veut des choses qui ne sont pas forcement possible (rires). Je suis une galère mais j’aime beaucoup les visuels, ça prend une grande place pour moi dans ma musique. J’aimerais bien aussi faire un peu de la mode. Je vais faire une collab’ avec Tealer, on va faire un évènement le 17 septembre chez eux, je vais faire un showcase et aussi du textile, mon bail, c’est une première. Comme je dis dans « Trophée » : « Dieu merci c’est la musique qui fait mon réseau ». J’adore. Je peux toucher tout ce que je veux avec ma passion si je fais le truc bien. 

Je suis pour pousser les gens dans l’entrepreneuriat, faire les choses, se poser des questions, ressentir leur propres émotions. J’ai envie de devenir plus tard une source de motivation pour des personnes en mode : « Josué il a réussi à le faire », j’ai envie que les gens témoignent que même si tu as échoué, tu peux encore faire des petits pics, c’est ça que j’ai envie de véhiculer aux gens. Je pense que plus tard, dans 5 ans, 10 ans même 20 ans, c’est ça que je veux. Je veux laisser quelque chose après ma mort. J’ai rien a prouver mais ça me ferait plaisir d’apporter ma pierre à cette vision. 

 

Commentaires

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *