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Musique

On a imaginé « Bataille finale », l’album après-Trône de Booba

© IG/@blackchildish

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Trois ans après Trône, Booba a publié en tout quatorze morceaux. Largement de quoi imaginer la fantasmatique Bataille finale, censée conclure l’année 2017 de Booba. 

Et de 14. Avec « Jauné », en collaboration avec Zed de 13 Block, Booba porte son nombre de morceaux inédits publiés après Trône à 14. On y retrouve des inédits solo, des collaborations éparpillées sur les plateformes d’écoute, ou des tubes en featuring avec d’autres pointures du milieu. Bref, alors que les spéculations autour d’un nouvel album du Duc semblent avoir été repoussées à cause du coronavirus, on s’est risqué à concevoir un projet en rassemblant ces multiples extraits de Booba autour d’une tracklist inédite. Comme un véritable album, intitulé Bataille finale, à l’image du fantasmatique projet du rappeur, censé prendre la relève de Trône, en décembre 2017.

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Ainsi, on a recensé ces 14 morceaux, tous issus d’univers différents, en tentant de nouer un fil conducteur cohérent. Finalement, cette grosse ossature forme un projet plus que compact où s’entremêlent d’innombrables succès commerciaux, des titres plus sombres, ou des tentatives mélancoliques. Ainsi, Bataille finale dessine un album de Booba ancré au début des années 2020, où l’artiste fait fonctionner son réseau, mettant en avant son écurie frappée 92i, avec quelques prises de risque dans l’ère du temps. Voici donc Bataille finale, l’après-Trône imaginaire de Booba.

1. « Glaive »

La tradition des introductions épiques est chère à Booba. De « Tallac » à « Centurion » en passant par « Walabok », le Duc s’avoue friand de mises en scène spectaculaire. À ce titre là, « Glaive », dévoilé en août 2019, semble parfait pour introduire les nouvelles ambitions d’un artiste pénétrant dans sa quatrième décennie d’exploitation. On y découvre un rappeur conquérant, envenimé par les clashs, la soif de punchlines et la rigueur artistique. « Glaive » est puissant, enivrant, et son format de deux minutes permet une ouverture de rideaux sobre et délivrante. La bataille peut commencer.

2. « PGP »

La tradition des dernières années souhaite placer en deuxième track d’un album son plus gros succès. Ici, on évincera tout de même les collaborations, en imaginant un Booba solitaire capable de gérer seul la mise en abîme de son opus. Ainsi, single de platine et loué par la critique « PGP » semble faire office de solide second morceau. Avec son instrumentale entraînante et le flow souple de l’artiste, le titre, publié en janvier 2019, réussit à emporter l’auditeur dans la bataille. Le format reste court, moins de trois minutes, juste ce qu’il faut pour que le Duc prouve qu’il est toujours dans le coup, techniquement aiguisé et artistiquement convainquant.

3. « Madrina » ft. Maes

Place à « Madrina », premier single de diamant de l’album. Avec Trône, Booba était resté plutôt sobre dans ses invités, n’incluant que Damso, Niska, Gato da Bato et Sidiki Diabaté. Bref, un entourage proche. Ce n’était sans compter sur l’explosion soudaine d’un certain artiste de la Seine-Saint-Denis qui, désormais, fait de ses collaborations avec Booba des bulldozers commerciaux. « Madrina », tiré de l’opus Pure de Maes, se fond parfaitement dans la pertinence d’un troisième morceau. Car le Booba de 2020, c’est un Booba en diamant, rattrapant ses années à se heurter aux plafonds de verre des seuils de certification des années 2000, pour enfiler un palmarès long comme le bras, la quarantaine déjà bien entamée.

4. « Sale Mood » ft. Bramsito

Là où le drapeau du 92i ne flottait qu’à travers le Damso ultra-dominateur de 2017 dans Trône, et l’éternelle participation de Gato da Bato, Bataille finale s’ouvre à la nouvelle ère de la piraterie. Cette ère où Booba a pris sous son aile de multiples talents aux dents longues, capables de défendre leurs propres arguments sur son projet. « Sale Mood », en collaboration avec Bramsito, est évidemment disque de diamant. Cette zumba entraînante, permet de poursuivre dans l’ambiance d’un Booba doux, certes, qui dénote avec la promesse du titre de l’opus, mais qui se veut plus implicite : Booba veut briller et faire briller.

5. « BB »

C’est désormais en solo que Booba oeuvre avec « BB ». Sorti en octobre 2018, le titre dévoile un artiste en pleine maîtrise de son flow auto-tuné, certifié disque de platine. « BB » est plus dans la mélancolie que dans la zumba : le titre est pertinent, et permet de faire le pont vers un nouveau seuil de la Bataille finale, plus expressive, introspective. Sans parler de l’opus, le titre s’inscrit dans la longue lignée des singles hors-album du Duc, qui lui permettent de doser ses nouvelles perspectives musicales avant de concevoir son opus. « BB » n’en reste pas moins pertinent.

6. « Jauné » ft. Zed

Si l’ambition de « Jauné » semble essentiellement chargé de gonfler la visibilité de sa playlist Validé, le titre est une éclaboussante réussite. Dans un morceau entraînant saupoudré d’égo-trip et de variations de flows, Booba rencontre pour la première fois Zed de 13 Block. D’une pertinence géniale, le titre aurait pu parfaitement se glisser dans un album du Duc placé sous l’égide des années 2020. Certification dans le viseur, « Jauné » gonfle la liste de featurings de Bataille finale, et également sa palette artistique fraîche et efficace.

7. « KYLL » ft. Médine

Après Zed, voilà un autre featuring de renom et inédit offert par le Duc. « KYLL » accueille Médine dans un clin d’œil malicieux à Kylian Mbappé, infiltré de la force de frappe de deux mastodontes de la scène hip-hop française. Là où Trône manquait de couplets d’invités inattendus, la présence de Médine sur cet imaginaire Bataille finale ouvre une porte encore trop peu explorée par le Duc. Là où il trouve ses repères dans la nouvelle génération, il omet que certains artistes qu’il a pu côtoyer dans les années 2000 sont toujours capables d’apporter de la puissance à ses opus.

8. « Blanche » ft. Maes

Maes, encore. Seul artiste présent deux fois sur la tracklist de Bataille finale, Maes a invité une nouvelle fois le Duc sur son album Les derniers salopards début 2020. Le titre, brillante réussite commerciale, sonnerait toutefois redondant dans un seul et même projet. Avec « Blanche », le tandem a tenté de reproduire avec un brin plus d’aisance le succès de « Madrina ». Commercialement, c’est réussi, surtout que les deux titres ont plus d’une année d’écart, mais ici, ça coince. Mais pouvait-on imaginer une Bataille finale sans un Booba rappant au passé simple ?

9. « Haï » ft. Gato da Bato

Là où « Blanche » fermait la porte d’une première partie d’album empilant les succès commerciaux, « Haï », en collaboration avec Gato da Bato, ouvre une Bataille finale plus froide, plus intense. Ce titre, dévoilé en novembre 2019, est peut-être le plus sombre de l’opus, évoquant la pauvreté d’Haïti. Booba, se chargeant du refrain, se dévoile mélodieux et en pleine harmonie avec l’instrumentale. Le tout rythmée par un Gato da Bato qui conserve son habituelle énergie sur les couplets.

10. « Cavaliero »

Du haut de ses 2 minutes 19, « Cavaliero » remplissait tous les critères d’une bonne introduction : court, puissant et efficace. Mais il ne pouvait en rester qu’un avec « Glaive ». Alors, le titre vient se glisser au cœur de l’album, à la dixième position, comme un interlude où Booba laisse vagabonder ses punchlines avec force et finesse. À l’aise techniquement, dopé à l’égo-trip, « Cavaliero » n’est qu’une sobre exposition épée dressée vers le haut, avant la dernière offensive de sa Bataille finale.

11. « La zone » ft. SDM

En étant légèrement présomptueux, on pourrait reconnaître en SDM le profil d’un rappeur virevoltant et aux images débordantes à la Damso ou Kaaris. Nouvelle figure de proue du 92i, l’artiste a pu accueillir Booba le temps d’un morceau sur « La zone ». Pas impressionné, assumant son rôle de rookie, SDM s’est même contenté d’un refrain plus qu’efficace. Booba n’a plus qu’un seul couplet pour laisser exploser sa plume devant son protégé. Après Bramsito et sa douceur déjà diamantée, SDM témoigne de la force de frappe polyvalente du 92i. Il ne devrait pas manquer au prochain album.

12. « Gotham »

C’est dans un monde sombre et parsemé de mélodie que Booba a ouvert ses bras après Trône. « Gotham », qui laissait un temps imaginé une réédition de son opus, se glisse avec brio après « La zone » pour laisser l’album sortir de son ambiance plus angoissante. Efficace, sans être une révolution, le titre s’impose comme un filler en bonne et due forme, peut-être pas taillée pour un album, mais pour ce pourquoi il a été utilisé : un single d’attente pour la communauté de Duc. Puis, il offre un tremplin parfait vers le prochain track.

13. « Médicament » ft. Niska

Il en aura offert des certifications pendant ces trois années de disette, Booba. Avec « Médicament », Niska et Booba ont dessiné le bulldozer ultime, single de diamant en une poignée de mois. Après l’arrière-goût laissé par « Ça va aller », cette nouvelle collaboration entre les deux artistes déploie tout ce qu’ils savent faire de mieux : fédérer les écoutes. « Médicament » est un bonbon de zumba mainstream, défilant encore dans les clubs deux ans après sa sortie. Et pour l’avant-dernière piste de l’album, il n’en fallait pas moins pour convaincre.

14. « Arc-en-ciel »

Déjà,  Booba devait finir en solitaire. Dans cette Bataille finale, il ne pouvait rester que lui, le torse fièrement bombé dans son armure. Et il devait finir en douceur, comme il avait pris le soin de le faire avec « Petite fille », trois ans plus tôt. « Arc-en-Ciel » est la plus grosse prise de risque de l’artiste depuis la sortie de Trône. C’est certainement son morceau avec la plus importante empreinte commerciale. D’ailleurs, quand il en parlait, Booba semblait l’avoir enregistré dans l’objectif de le laisser filer vers des radios plus mainstream. Le titre a été bien reçu, même s’il conforte sa position plus douce auprès d’une communauté qui voit d’un mauvais œil son amour de l’auto-tune. Au final, « Arc-en-Ciel » révèle un Booba des années 2020 : moderne, polyvalent et toujours curieux artistiquement. La Bataille finale se conclut sur un arc-en-ciel. Paradoxal, mais pas imagé.

En conclusion, ce projet bricolé au fil des inédits de Booba renferme d’énormes succès commerciaux, des invités pertinents, et des prises de risque osées. On regrettera son manque de cohérence, évidemment, quelques tracks redondants, ou encore l’absence d’un single explosif d’un Booba en solo. Toutefois, on ne peut qu’apprécier la pertinence des invités : Maes, qui ne manquera certainement pas le rendez-vous du prochain album, Médine, Niska, ou encore les multiples protégés d’un Booba plus que jamais fier de son équipage de pirates.

Dans le reste de l’actualité, on a parlé avec Le Règlement de l’influence de ses vidéos

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