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Captaine Roshi : «Road to Larosh n’est que la première partie d’une aventure»

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A l’occasion de la sortie de Road to Larosh, on a rencontré Captaine Roshi. Une discussion où l’on a balayé plusieurs thèmes importants.

Au coeur de Paris, on a pu rencontrer et échanger avec Captaine Roshi à l’occasion de la sortie de Road to Larosh. On y a découvert un artiste souriant et charismatique, bagues aux doigts et casquette vissée sur la tête. Conscient du chemin qui lui reste encore à parcourir, Roshi reste lucide sur sa musique. Réservé et énergique, instinctif et prévoyant, finisseur et distributeur, le jeune rappeur est un paradoxe à lui tout seul. Là, à la croisée de ses influences, naît sa musique, dont il nous a longuement parlé.

Le silence amène aux progrès

Arrivé en France à 11 ans, Roshi est né en RDC. De cette époque il ne garde pas forcément beaucoup de souvenirs. Excepté que la musique était de partout. «Au Congo il y avait tout le temps de la musique», décrit-t-il. Et aujourd’hui, il tire cette énergie de son enfance. «J’ai tout le temps de la musique dans la tête, J’aime pas trop le silence». Un silence qu’il a pourtant appris à maitriser cette année. En 2020, Captaine Roshi avait alors sorti deux projets et une ré-édition. Il s’est montré beaucoup plus discret cette année. «Il fallait que je me fasse rare, explique-t-il. Ça m’a permis de m’écouter, de travailler sur mes défauts.»

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Cette pause, ce travail fourni, tout ça se ressent sur Road to Larosh. Roshi l’avoue : «Quand je voyais certaines critiques sur Twitter, ça me faisait mal au coeur». Le dragon de Pigalle s’est donc remis en question, et les progrès en résultent, maîtrisant de plus en plus sa voix si significative, et par la même occasion, aiguisant sa diction. «Il faut savoir un truc : c’est que je rappe comme je parle. Si tu me connais, tu comprends ce que je rappe». Une habitude qui n’a donc pas été facile à déconstruire pour le rappeur, réalisant tout de même son auto-critique, non sans une dose d’auto-dérision. «Quand je me suis écouté j’ai trouvé qu’il y avait certains moments où j’abusais». Sur Road to Larosh donc, Captaine Roshi donne l’impression d’effleurer seulement son réel potentiel, tant la marge de progression paraît gigantesque.

L’amour des collaborations

En progressant, Roshi s’ouvre petit à petit un large champ des possibles. «J’trappe avec ceux que j’écoute», disait-il sur « Molotov ». Grand consommateur de rap français, il s’est donc déjà offert un joli panel de collaborations en trois projets : Alpha Wann, Youv Dee, PLK ou Gradur pour ne citer qu’eux. Une envie irrépressible de se mesurer à ses pairs, qui vient d’abord de ses habitudes d’auditeurs. «Si un projet n’a pas de feat je trouve que ça manque de saveur. En tant qu’auditeur, quand je vois une tracklist, le truc qui pique ma curiosité c’est les feats.»

Road to Larosh ne déroge pas à la règle. Guy2Bezbar, Malty2BZ, WIT. et La Fève accompagnent Captaine Roshi tout au long du projet. «En studio c’est une énergie différente. Quand tu fais un morceau tout seul, tu sais où tu vas. En feat, tu pars de rien et chacun rajoute son truc petit à petit». Cette énergie, le morceau avec Guy2Bezbar, « Je me lève, je me lave », la représente bien. Une prod exceptionelle de Cartier qui a inspiré Roshi quand à cette collaboration : «J’ai fait le morceau et je me suis dit direct que ça collerait avec son univers». Fédérateur, Roshi n’en oublie pas de développer petit à petit une esthétique propre à sa musique.

Road to Larosh : incipit d’un long voyage

Captaine Roshi est donc à un entre-deux important de sa carrière. Il n’est plus un rookie, son passé sur SoundCloud avec les Ultimate Boyz précédant un dyptique 2019/2020 où il s’est littéralement imposé dans les upcomers grâce à sa trap énergique. Mais il est loin d’être complètement identifié, la faute à un premier album studio qui se fait attendre. Cet album, Road to Larosh en est les prémices. «Il raconte une aventure. Là, c’est la première partie. Pour l’instant, on remplit le bateau en chantant, Larosh sera le voyage, et enfin viendra l’attaque finale.» Ainsi, Roshi impressionne par sa capacité à se projeter dans le futur. Road to Larosh à peine bouclé, il a déjà la tête à l’album d’après, voire le suivant.

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Ce voyage a donc besoin d’être préparé. C’est tout aussi important de savoir où l’on va que d’avoir ses bagages. Dans sa musique, Roshi a besoin de ce bagage émotionnel et mental pour pousser la porte du premier album. «Tu dois vivre des trucs avec ta musique avant le premier album. Des choses heureuses comme tristes mais tu dois vivre, pour te nourrir d’inspi pour un album». Cet album, Road to Larosh nous en offre un premier avant-goût avec « Pas comme hier », le morceau préféré de Roshi : «Il était prévu pour Larosh au départ», avoue-t-il.

Culturellement, l’univers de Roshi est très riche. Il se nourrit de différentes références cinématographiques, de son amour pour les mangas mais aussi de mythologie. Gréco-romaine bien sûr, mais aussi nordique. Une mythologie bâtie autour des conquêtes des vikings, par les drakkars et la mer, de la même manière que Roshi compte conquérir la scène française. Une mythologie qui fait aussi la part belle aux dragons. Ce n’est pas pour rien que Roshi se fait appeler le dragon de Pigalle. Lui qui avait proposé la série de freestyles Serpent Deviendra Dragon, espère maintenant passer à la forme suivante. Celle du serpent-monde, le Jörmungand. Cette nouvelle forme, «elle arrivera lors de l’attaque finale. Il n’y a rien de plus dangereux que le serpent-monde, j’aurais atteint ma forme finale à ce moment-là.»

Retourner les salles et accumuler les trophées

Des progrès fulgurants, une jolie liste de collaborations et un premier album en route. Finalement, Captaine Roshi coche de plus en plus de cases. Malgré tout, certaines peinent encore à être remplies. Les concerts par exemple. Issu d’une génération qui a du composer avec la pandémie et l’arrêt des événements culturels. «Juste après Attaque on avait un concert de prévu à La Boule Noire. Le confinement est tombé le jour du concert». Un véritable coup dur pour des artistes qui ne demandent qu’à rencontrer leur public naissant. «Une tournée me permettrait d’agrandir mon rayon, qu’on m’écoute ailleurs qu’à Paris, Bordeaux ou Lyon». Certes, Roshi a écumé quelques scènes de festivals, mais l’énergie n’est pas le même qu’en concert : «Tu sais que les gens sont seulement là pour toi».

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Surtout que la musique de Captaine Roshi est faite pour ces moments-là. «J’aime trop cette énergie. Je fais de la musique pour faire danser, pour faire bouger les gens». Enfin, cette musique est son meilleur atout pour son plus grand objectif : collectionner les trophées : «Tu joues pour gagner, donc pour accumuler les trophées». Au-delà des seules plaques de certifications, certaines salles sont aussi dans sa ligne de mire, comme La Cigale. «Je fais ça pour gagner les trophées et célébrer avec mes potes». Si les célébrations et les premiers trophées se font encore attendre, elles ne devraient plus tarder. Le potentiel entrevu est immense, Road to Larosh en est encore la preuve. Un des meilleurs projets de l’année. Captaine Roshi est définitivement l’un des artistes à suivre de près.

Road to Larosh, de Captaine Roshi

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