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Comment "Je vis, je visser" a transformé PNL Comment "Je vis, je visser" a transformé PNL

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Comment « Je vis, je visser » a construit PNL

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Mur porteur de la discographie de PNL, « Je vis, je visser » supporte tous les éléments qui composent le duo, de leur doux spleen de la tess à leur magie auto-tunesque.

En 2020, peut-être qu’il aurait pu avoir un clip au sommet du Machu Picchu. En 2020, peut-être que les deux protagonistes auraient été vêtus d’une collaboration inédite avec Off-White. En 2020, certainement qu’Ademo aurait tenté des effets de voix insolites sur son couplet. Mais en 2020, « Je vis, je visser » aurait été tout aussi pertinent, avant-gardiste et sincère.

Car si le titre précède l’intégralité de la discographie de PNL, par sa position à l’introduction de la mixtape Que la famille en 2015, c’est surtout parce qu’il installe l’esthétique, les thématiques et l’ambiance qui suivra le duo ses cinq prochaines années. Et certainement plus. Bien plus.

« Je vis, je visser » est un concentré du blues du dealer, si cher à PNL. Par son titre, retraçant le quotidien routinier et ténébreux du trafiquant, appuyé par une anaphore ; par ses couplets, qui exposent une multitude d’éléments de la galaxie PNL et par son clip, qui permettra à jamais de rappeler aux deux frères qu’ils ont dû se lever de leurs chaises pliantes aux Tarterêts pour se hisser jusqu’au sommet de la Tour Eiffel.

PNL : «J’veux du L, j’veux du V, j’veux du G»

Dans leurs complaintes, Ademo et N.O.S. s’échappent rarement de leur Monde. Mais ce monde, ils ont dû le créer. Et à l’image d’un big bang, « Je vis, je visser » est venue éclater la planète PNL, reconstruite à partir de quelques éléments vétustes, mais surtout re-dessinée, sur le fond et la forme, par les silhouettes d’un duo parti pour révolutionner le concept de rap français.

Comme une corbeille du souvenir, le titre est un puit d’inspiration sans fond où les frères reviennent piocher des éléments par-ci, par-là. Le «J’veux du L, j’veux du V, j’veux du G» balancé par Ademo, lui-même devancé par son frère quelques secondes plutôt, «j’te laisse L, j’prends le V», suivait encore PNL lors de Deux frères. Le QLF, le nutella, la soif d’argent et même le penchant d’Ademo pour les Vénézueliennes : tout y est. Même au niveau des gimmicks, avec le célèbre « Ounga », qui vient dépeindre l’environnement sauvage narré par l’artiste. «Te plains pas j’suis né dans la jungle», termine-t-il, tout en évoquant Mowgli, quelques lignes plus tôt.

On retrouve également plusieurs fil rouge de la discographie du groupe. Leur amour pour leur père et son passé, d’abord, traversé par une phase naïve et touchante de N.O.S. : «Élevé par un bandit, plus tard, j’veux faire comme mon papa, maîtresse». Et également la destruction des cinq tours du quartier Montconseil, à Corbeil-Essonnes, «le cœur délogé ils ont cassé ma tour». Une phrase presque symboliquement prémonitoire, alors que cinq ans plus tard, ils placarderont leurs portraits sur la façade de la cité Gagarine, également vouée à la destruction.

«J’m’ennuie», «J’bibi», «J’m’enfuis»

Et comme sortis d’une capsule temporelle revenue d’une époque que le rap français est à peine en train de découvrir, les deux frères ont révolutionné leur musique. Exit technique et recherche absolue de punchlines, et bienvenue dans un monde où les onomatopées et les répétitions subliment la mélodie : « Je vis, je visser » a bâti tout le socle artistique sur lequel PNL reposera sa virtuose discographie.

Ce titre est également les premiers appels d’évasion d’Ademo et N.O.S., parfaitement orchestrés au terme d’une gradation glissée dans le refrain. Entre les «Je vis, je visser», le duo rêve. «J’m’ennuie», «J’bibi», «J’m’enfuis». Ce besoin d’évasion, ensuite mis en scène par la folie voyageuse du duo au coeur de la plupart des clips de Le monde chico et Dans la légende, le groupe l’a trouvé. Une soif d’esthétisme épurée clip après clip. Et tout ça, en partant de la cité.

Comble de l’histoire, « Je vis, je visser » est produite par un type beat, dissimulée au fin-fond de YouTube, par un certain DRMZBeatz. Certainement que ce beatmaker ne se doutait pas à l’époque qu’il avait conçu la pierre fondatrice de l’un des plus grands groupes de rap  francophone. Pourtant, à travers le titre de sa prod, il avait glissé un message : « Stay True ». Comme un symbole de l’authenticité exemplaire du duo.

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