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Damso : « THEVIE RADIO » est bien plus complexe que vous ne l’imaginiez

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damso the vie radio
© Romain Garcin

Avec « THEVIE RADIO », titre présent sur QALF infinity, Damso se révèle dans trois chapitres de sa vie, miroirs des déceptions qui ont nourri son écriture très sombre.

Dans « THEVIE RADIO », Damso change de fréquence. Publié au coeur d’infinity, le morceau, qui reprend un titre publié six mois plus tôt dans QALF, est composé de trois couplets, rappés sur des instrumentales différentes. À la radio, à chaque déception, il nous suffit de tourner le bouton pour changer de station. Dans « THEVIE RADIO », c’est pareil : Damso switche d’instrumentale dès qu’il prononce le mot «décevoir». Comme si finalement, après chaque déception, Damso commençait un nouveau chapitre de sa vie.

D’ailleurs, les productions ne vont qu’en s’accélérant. Le titre commence dans le calme et finit dans le nwaar. À chaque désillusion, Damso change de fréquence pour ne plus penser au passé et devenir quelqu’un d’autre, jusqu’à assumer pleinement son côté le plus sombre, qui le rattrape avec le temps. Au final, dans QALF infinity, Damso traite avant tout de son évolution et de ses relations humaines. « THEVIE RADIO » est une métaphore musicale pour raconter trois chapitres de sa vie, rythmés par des déceptions.

Couplet 1 : «La vie commence quand y a un cœur»

Ce premier couplet correspond au début de sa carrière mais aussi au début d’une histoire amoureuse. «La vie commence quand y a un cœur qui bat, s’arrête quand y a plus d’bip» fait évidemment référence à la naissance puis la mort. Mais si on fouille un peu, le cœur pourrait évoquer un like sur Instagram et le bip, la sonnerie d’un téléphone. Une histoire d’amour commence par un like sur Instagram et se finit quand plus personne ne s’appelle et que le téléphone ne «bip» plus.

Damso évoque également «les embrouilles, les clashs sur Insta». Volontairement, le rappeur bruxellois ferme les yeux sur ce qu’il considère comme des futilités et préfère regarder devant lui. Le plus important, pour lui, c’est avant tout la musique. Il continue son récit : «Tu m’aimes pour c’que j’suis devenu donc tu m’aimes pour c’que je n’suis pas». Ici, Damso évoque le fait que son entourage puisse l’apprécier seulement pour sa notoriété. Alors que Damso, William, peu importe, n’a pas changé. «J’ai commencé, j’étais seul dans la rue, j’ai connu le succès, et je me suis retrouvé avec des gens autour de moi qui me trahissent, et puis finalement… Le vrai moi, celui de la rue, est resté le même. Tu te rends compte que la seule chose qui a changé entre le Damso de la rue et le Damso du succès c’est le temps, les gens, mais pas moi», confiait-il en avril 2017 à L’Abcdrduson.

Autre déception pour le jeune homme, les maisons de disque : «En vrai, ne signe pas en maison, sauf si t’es seul et à la rue.» Il explique cette phrase sur Genius: «Depuis que je suis dans cette industrie, j’ai croisé beaucoup d’artistes talentueux qui ont placé leur confiance en des gens de maisons de disque qui n’y connaissaient rien. À la fin, ces artistes sont souvent perdants. Mettez des gens issus de la culture à des postes clés!» Un sujet déjà évoqué trois ans plus tôt pour LesInrocks. «Je suis venu avec une vision pure, personnelle et simple. L’industrie a essayé de la rendre impure, impersonnelle et compliquée», expliquait-il. Damso remet en question ses choix. À qui donner sa confiance ? «Parce que quand tu comptes sur les gens, ils finissent par te décevoir». Subtilement, après ces premières déceptions, l’instru change et laisse place à un nouveau chapitre de la vie du Dems.

Couplet 2 : «Ton amour, je l’envie»

Dans ce second couplet, Damso continue sur sa lancée et évolue vers une version plus complète de lui-même. Sa carrière s’envole. Quant à sa vie amoureuse, elle semble voler en éclat.

Cette partie est en fait un freestyle que le rappeur avait teasé il y a deux ans sur Instagram, à l’occasion de la sortie de Lithopédion. Avec cet album, puis avec QALF, la carrière de Damso prenait un nouveau tournant. Il racontait dans Planète Rap : «QALF c’est le moment où j’ai vraiment réussi à me recentrer sur moi-même, je suis vraiment dans ma bulle, focus, si vous aimez vous suivez, mais y aura pas de compromis de ma part.» Damso était concentrée sur sa musique, et ça au détriment de sa vie amoureuse.

«J’me vois dans tes yeux j m’apprécie, mais se voir à deux jsuis indécis», rappe le chanteur. Léger égo trip, le rappeur s’apprécie mais préfère se voir seul qu’à deux. Après les déceptions évoquées dans le premier couplet, il se méfie. Il ne semble pas prêt à s’engager, ni à parler sentiments. Pourtant, il aimerait tomber amoureux. «Ton amour, je l’envie», dit-il. Sentiment qu’il connaîtra plus tard, et qu’il essaiera d’entretenir. Mais «ça n’a pas duré», annote-t-il sur Genius. Damso repart dans ses vieux travers et voit le sexe comme un «venin pour la patience». Le temps ne fait que lui rappeler que son côté sombre le rattrape. Ainsi, sa relation amoureuse se complique, «J’ne vois pas comment pas t’décevoir», chante-t-il au refrain. L’instru change et laisse place au dernier chapitre de la vie du Dems. Le plus sombre.

Couplet 3 : «Back to the sale, la violence, Dems»

Dans ce troisième couplet, la vie de Damso n’est certainement plus rose. La voix du rappeur s’accélère, son rap devient plus violent et laisse entrevoir sa facette la plus sombre. Enfin, il semble l’assumer complètement dans cet album. Mais finalement, il ne raconte que sa vie et ne fait que constater la noirceur de l’humain. «Ce sera toujours dark je pense, car je viens encore de constater que la vie reste hyper dark sur tout ce que je vis en général : les trahisons, les gens qui déconnent… Mais je crois que le dark c’est ma forme d’écriture», disait-il dans SURL Magazine en avril 2017.

«TheVie Radio, la radio sale, la radio nwaar» n’est finalement qu’une métaphore pour la vie du rappeur. Une radio sur laquelle on retrouve le côté le plus sombre de l’humanité : les déceptions, les trahisons. Comme le disait le philosophe Hobbes, «l’homme est un loup pour l’homme». Et ça, Damso semble l’avoir compris et se méfie de tout le monde, si ce n’est de lui-même.

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