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Damso et son transfert d’âme : l’énigme de « Ipséité »

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Trois ans après la sortie d’Ipséité, toute la pertinence du titre de l’album se traduit dans la conclusion « Une âme pour deux ». Dans celle-ci, Damso se met en scène à travers une expérience scientifique à la symbolique puissante.

«Monsieur Dems, vous m’entendez ?» Et voilà. Les portes d’Ipséité sont en train de se refermer sur, sans nul doute, le morceau le plus étrange de la discographie de Damso. Outro de l’album, « Une âme pour deux » plonge l’auditeur dans un délire psychédélique et traumatisant. Un brutal changement d’ambiance, où l’incohérence artistique volontaire du morceau transforme le rappeur bruxellois en expérience scientifique ivre, déjantée et au rap vaguement stromaesque.

Après un couplet unique, le track se conclut sur la voix dérangeante d’un médecin. Entre le psy et le savant fou, l’homme explique à Damso qu’il vient de vivre une expérience rarissime, presque fictionnelle. Cette expérience, par-delà le storytelling apporte des réponses à toute l’étrangeté et le mystère qui entourent Ipséité. Un transfert d’âme raté. 

« Monsieur Dems. Vous m’entendez ? Si vous m’entendez, clignez deux fois des yeux. D’accord, je suis le docteur Leonard Da Vinci God »

Damso a cligné deux fois des yeux. Il est donc bien conscient. Plongé dans une salle obscure à l’atmosphère crispante, le rappeur bruxellois se fond dans la peau d’un patient. « J’me réveille sur un lit blanc, dans des draps blancs, les murs sont blancs, j’suis entouré d’blancs, et un black habillé en blanc qui d’mande comment j’me sens», narre-t-il. Il vient d’éprouver un délire hallucinogène puissant et, se réveillant, rencontre le Docteur Léonard Da Vinci God.

Ambiguë, le nom du médecin ne pourrait être qu’une vague hallucination, tirée d’un jeu de mot entre « Code » et « God », en référence au roman de Dan Brown. L’artiste semble toujours dans les vapes, et peut-être doit-on comprendre le « God » comme une métaphore de sa mort. Mais, continuons.

« En quelques mots vous avez été victime d’un transfert d’âme appelé expérience de Walk In. C’est en quelque sorte une entente entre deux âmes. L’âme qui est dans le corps décide qu’elle ne peut plus continuer de vivre. Et au lieu de faire mourir son corps, une autre âme va continuer de vivre sa vie à sa place »

Le titre « Une âme pour deux » prend ici tout son sens : Damso a été victime d’un Walk In. Cette expérience rarissime se produit lorsqu’un qu’une âme entre dans un corps après un accident. Il ne s’agit cependant pas d’un cas de possession, où une âme s’approprie un corps. Ici les deux âmes cohabitent dans un même corps, et lorsque la personne se réveillera du coma, elle reste la même. Elle peut, cependant, avoir, comme l’explique Genius, « récupérer certaines capacités (parler une langue qu’elle ne parlait pas avant), souvenirs d’une personne décédée. »

« Comme vous avez pu le constater, votre âme a été victime d’une tentative d’échange forcé, mais si le transfert total a échoué, c’est à cause d’une seule et unique chose. Le Walk Out devait être capable de reproduire la chose qui vous caractérise le plus dans ce monde. Et je suis content de dire que votre flow monsieur Dems, vous a sauvé la vie. »

C’est dans ces quelques lignes que l’album de Damso prend tout son sens. Le rappeur bruxellois aurait, en effet été exposé à une tentative de Walk In forcé. Celle-ci aurait cependant échoué grâce à ce qui caractérise le plus l’artiste : son flow. C’est dans cette phrase que l’on comprend le titre ipséité qui se définit par l’identité propre d’un individu. Pour ce qui est de Damso, cette unicité se retrouve dans son flow.

« Je vous garde encore une petite semaine afin d’effectuer quelques analyses en plus. Je vous ai prescrit en attendant la mixtape QALF de Damso et Jackpot du groupe OPG. Je vous revois dans quelques heures, reposez-vous, et à toute à l’heure »

Ces quelques lignes ont fait couler énormément d’encre à la sortie d’Ipséité. Notamment parce que, selon les théories, elles renfermaient l’idée d’un double-album. À l’époque, Damso a surfé sur les vagues conspirationnistes entourant son opus pour étirer sa promotion. Selon les rumeurs, Ipséité n’était qu’une première partie, à laquelle une seconde devait venir s’emboîter quelques semaines / mois plus tard.

Trois ans après, l’alphabet initié par l’opus est toujours inachevé. Peut-être en attendant QALF. Car oui, trois ans auparavant, Damso parlait déjà de ce fumeux projet. En fait, sa promotion date même de 2015, et il semble qu’entre la signature de Damso dans l’écurie de Booba, puis les deux albums successifs Batterie faible et Ipséité, l’artiste ait préféré mettre de côté sa mixtape.  Dix lettres manquent encore à l’appel, et si quelques-unes ont été dissimulées au rythme de snippets dévoilés par l’artiste, l’issue de QALF reste encore mystérieuse. Comme pour Jackpot d’OPG, le groupe de Damso.

« Monsieur Dems, vous m’entendez ? »

Et voici donc la conclusion de l’opus. Une question sans réponse depuis trois ans. Damso a été sauvé par son flow et son ipséité. Le walk in symboliserait les différentes épreuves de sa vie, venues comme corrompre son âme. Peut-être même qu’on peut y voit un clin d’oeil à l’industrie musicale que Damso assimile déjà au diable dans « Dieu ne ment jamais ». L’accident pourrait être le rap Mais, la singularité de l’artiste, caractérisée par son flow, l’a protégé : une manière d’affirmer que son identité est restée intacte, malgré son évolution artistique et sociale. 

Toutefois, l’alphabet grec et la référence à QALF semblent indiquer que Damso voulait aller plus loin que cette simple expérience greffée en outro. Avec Lithopédion, l’artiste n’a donné qu’une suite chronologique à « Une âme pour deux », en reprenant le dernier paragraphe du médecin et en s’engouffrant dans un tout autre univers. Pour l’alphabet, les réponses semblent appartenir à QALF.

Dans le reste de l’actualité, pourquoi QALF est si important dans la carrière de Damso ?

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