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Dinos : quel bilan tirer après ses trois derniers EP ?
Avant la sortie de son prochain album Hiver à Paris, certainement prévu pour l’hiver 2022/2023, Dinos nous a dévoilé trois projets de trois titres chacun : Aquanaute, NAUTILUS et Sea Dweller. Ces projets cristallisent un Dinos introspectif, tout en amenant un niveau artistique à la hauteur de ses capacités.
Pour attaquer l’année 2022 comme il se doit, Dinos a sorti le 25 janvier Aquanaute, un premier EP de trois titres comportant les morceaux « Hamsterdam », « Deïdo » et « Harlem » en collaboration avec Guy2bezbar. Il annonçait, en même temps dans « Deïdo », la sortie plus ou moins proche de son prochain album nommé Hiver à Paris.
Sans donner plus d’indications sur les potentielles sorties avant l’album, Dinos a finalement enchaîné avec un second EP NAUTILUS. Sorti le 22 mars, il comprend également trois titres : « Prozac », « Equilibre » et « Moins d’égo ». Il nous propose notamment deux collaborations, l’une avec Ali sur le morceau « Equilibre » et l’autre avec Josman sur « Moins d’égo ». En clôturant ce triptyque avec Sea Dweller sorti le 24 mai, Jules rappelle la qualité de sa musique. Les trois morceaux de ce projet, « AMARU », « SP98 » et « Enfant du siècle » ne comportent, cette fois-ci, aucun feat.
Je pensais sortir mon album pour cet hiver mais j’ai besoin de + de temps, bcp + de temps. J’ai besoin de me remettre dans le mood dans lequel j’étais quand j’ai fait l’album orange.
Je vous offre ce dernier EP pour patienter.
CDS VINYLES K7 LIMITÉS https://t.co/90DL6n2vGi pic.twitter.com/ZsuUKGuclW— Nosdi Pichichi (@PunchyDinos) May 24, 2022
L’ensemble de ces trois projets marque un retour franc et assuré. Le rappeur de la Courneuve se balade alors sereinement sur chacun des morceaux. Comme à son habitude, il allie parfaitement rap mélodieux et rap plus kické. Ce mélange lui permet aussi de marquer son assurance et d’amener une douceur mélancolique sur des instrumentales globalement planantes. Le charme des EPs se trouve encore dans la structure des morceaux. Par exemple, avec le troisième couplet de « Deïdo », ou encore, avec les multiples beatswitch présents dans « Hamsterdam », « Harlem » et « Prozac ».
Par ailleurs, l’harmonie entre ces projets est renforcée par leurs pochettes, signées Raegular. En effet, les trois EPs sont accompagnés de covers sobres, presque minimalistes, aux couleurs mélancoliques. Les profondeurs aquatiques sont également appuyées par la prédominance du bleu et les formes qui sont mises en avant. Les titres des EPs accentuent davantage le goût du sel marin : un Aquanaute étant une personne qui effectue des plongées sous-marines plutôt longues, un nautilus un mollusque céphalopode, à coquille en spirale et Sea Dweller une ligne de montres de plongée.
Le bilan de Dinos
Plus que de simples surprises, Aquanaute, Nautilus et Sea Dweller plongent les auditeurs dans les fins fonds des pensées de Dinos. Les questionnements et protestations sont nombreux. Si la remise en question est amoindrie par l’egotrip sur certains titres, elle reste globalement au coeur des trois disques, malgré leur séparation. Le premier morceau « Hamsterdam » avait directement annoncé cette couleur introspective avec un extrait d’une interview de Salif datant de 2008. Celui-ci y évoque le statut des rappeurs et leur niveau de vie, thème central du son de Dinos : «Day-Date, grosse chaîne en or parce que j’suis un rappeur, Ego trop mal placé parce que j’suis un rappeur».
En réalité, Jules semble faire le bilan de son rap et du rappeur qu’il devient. Majoritairement, il prend du recul sur sa carrière en revenant notamment sur ses choix artistiques : «Elle m’en veut pour ces silences interminables pendant qu’les fans de Taciturne m’en veulent d’avoir fait Stamina» / «Y aura toujours un trou du cul qui dira que j’rappais mieux à l’époque d’Imany» (« Enfant du siècle »).
Cette introspection l’amène sur un compte-rendu assez négatif. Dinos est légèrement perdu, tiraillé entre le caractère naturel de son évolution et l’insatisfaction de l’homme qu’il est devenu. Il va même jusqu’à blâmer sa propre musique de manière satirique «Dis à mes haters, que si j’étais pas Dinos, J’m’écouterais pas non plus» (« SP98 »). Ces trois disques constituent alors un exercice de style, mais surtout un moyen de clôturer une partie de sa carrière. Il quitte ainsi les eaux sous-marines l’esprit léger, prêt à nous délivrer son prochain album. En espérant que ce bilan lui ait permis de se recentrer sur ses essentiels, Dinos devrait réussir à nous donner le meilleur de sa musique dans le tant attendu Hiver à Paris.
Dans le reste de l’actualité, la version (incroyable) de “Shenmue” de PNL en live a surpris le public.