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Euteïka : «Même si je vide mon sac c’est important d’y mettre de l’espoir et du positif»

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MiaousB

On a rencontré Euteïka à l’occasion de son nouveau projet Satellite, deuxième pièce d’un triptyque entamé par Décollage un an plus tôt. 

Au milieu des multiples astres qui parsèment le ciel du rap français, l’un d’eux, discret mais lumineux, opère une trajectoire fascinante. Après Décollage en 2021, Euteïka s’est faufilé au milieu des étoiles avec son deuxième projet Satellite. Une mise en orbite tenue par cinq morceaux, reflétant l’univers précis d’un artiste qui se dévoile voyage après voyage. De l’obscurité qui occupe son tableau en noir et blanc, Euteïka tente de déposer quelques éclats de couleurs, avec une plume sincère, introspective et minutieuse. Une exploration spatiale hypnotisante, qu’il nous a racontée.

Euteïka, on se voit pour ton EP Satellite, qui sort un an après Décollage. Comment tu le vois ce projet ? 

C’est une suite et une évolution. Une suite, parce que c’est le deuxième volet d’une trilogie qui se veut évolutive justement, de l’ombre vers la lumière. Le premier EP (Décollage) était très sombre autant au niveau des sonorités que dans les textes. Alors, bien sûr, Satellite est quand même dark, c’est mon identité et c’est ce qui sort naturellement quand j’écris, mais il y a des productions plus colorées. Même dans les textes, il y a un côté un peu moins terre à terre, une prise de recul et j’ai l’impression de me dévoiler un peu plus. Globalement, je trouve qu’artistiquement ce projet est plus abouti que le premier.

On parle de mise en orbite quand la trajectoire fermée d’un corps est animée d’un mouvement périodique. Ça te définirait bien la trajectoire fermée, car tu as l’air de contrôler toutes tes sorties.

L’image me va bien, et d’une manière générale, elle va bien à tous les gens qui essaient d’évoluer et de s’améliorer parce que l’on est souvent confronté aux mêmes problématiques dans la vie, tant qu’on ne les a pas comprises et qu’on n’a pas travaillé dessus pour s’en défaire. Bien sûr, ce triptyque est une œuvre artistique mais c’est aussi un cheminement personnel. J’essaie de montrer une autre facette de moi et de m’ouvrir un peu plus au public. C’est un peu cliché, mais l’écriture est une thérapie pour moi, comme pour beaucoup d’artistes. Ça me permet de prendre du recul, ça arrive souvent que j’écrive des double sens que je ne comprends que plus tard. Je me fais des subli à moi-même (rires).

Les tons qui reviennent le plus dans ton imagerie sont le noir et le blanc, quel est ton regard là-dessus, y-a-t-il un lien avec le contraste qu’il peut y avoir dans tes textes ?

Je suis dans ce dilemme, j’essaie de trouver l’équilibre dans tout ça, et même si je vide mon sac c’est important d’y mettre de l’espoir et du positif. Le message est très important pour moi. Même dans les choses les plus difficiles, on peut y trouver du bien si on fait l’effort de prendre du recul et de se remettre en question.

Pour le noir et blanc, c’est une esthétique que j’aime beaucoup et il y a évidemment cette notion de contraste. On a fait une collaboration avec un photographe qui s’appelle MiaousB pour la sortie de l’EP, il ne shoote qu’en noir et blanc et on a eu cette discussion justement. Pour lui, il y a moins d’artifices et les émotions se révèlent plus facilement. Je suis assez d’accord avec ça.

On découvre pas mal de genres en ce moment, dont la drill qu’on retrouve sur Satellite, est-ce que dans ton labo’ tu testes de nouvelles sonorités ? Comment se passe ta recherche musicale, y compris avec Skywalkersbeats ?

Jusqu’ici, toutes les prods sont signées SkywalkersBeats. Ils font aussi le mix et la réal, on fonctionne vraiment comme un groupe. Je collaborerais sûrement avec d’autres beatmakers mais les Sky seront toujours là. Ils testent beaucoup de choses, c’est important pour progresser, et je n’aime pas refaire ce que j’ai déjà fait. Je ne maquette pas suffisamment à mon goût, mais je ne gagne pas assez d’argent avec la musique pour m’y consacrer à 100%. Ce qui est frustrant, mais depuis peu, j’ai une installation chez moi ce qui me permet d’en faire un peu plus.

Crédits : MiaousB

Tout comme dans l’EP Décollage, tu as quelques toplines chantées, peut-être plus maitrisées et précises dans Satellite, tu te sens évoluer aussi ? 

J’ai pris des cours de chant donc je suis content que tu remarques la progression (rires). C’est quelque chose que j’aime beaucoup mais j’ai dû bosser car ce n’est pas instinctif pour moi.

Aujourd’hui, on associe Euteïka aussi à ses clips. Depuis ton premier visuel, “Singe Savant”, on sent une volonté de se démarquer : d’où vient cette passion ?

J’aime beaucoup le cinéma et l’image de manière générale. Il y a pleins de clip qui m’ont marqué, deux me viennent à l’esprit :  “Pour ceux” de la Mafia K’1Fry et “Gimme Some More” de Busta Rythmes. Ces deux-là m’ont traumatisé quand j’étais petit. On discute beaucoup avec mon équipe et je suis très impliqué dans l’image mais la plupart des idées viennent de mon frérot Adri (Sheper Crew) qui est avec moi depuis le tout début et à qui je fais entièrement confiance. Sans lui, et tous les gens qui gravitent autour, ce ne serait pas le même projet visuellement.

Tu peux nous recommander un film et un album qui t’ont marqué ?

Pour le film je te dirais Pulp Fiction parce que c’est mon film préféré, et pour l’album The College Dropout de Kanye West parce que c’est l’album qui m’a fait vraiment écouter du rap américain.

Pour finir, j’espère que la fusée va rester en orbite le plus longtemps possible, penses-tu déjà à la suite ? 

Oui je suis déjà sur la suite, je bosse sur le troisième EP « Supernova » qui clôturera ce triptyque, j’aimerais y mettre un peu plus de titres peut être 7 ou 8…

Euteïka – Satellite.

 

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