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French The Kid : «Je sais pas où je serais sans mes supporters»
A l’occasion de la sortie de son premier projet Never Been Ordinary le 1er avril, nous avons eu la chance de rencontrer French The Kid.
De passage à Paris, nous nous sommes entretenus avec l’une des étoiles montantes de la scène rap anglaise. Vecteur de cette génération en quête de différences et de nouvelles sonorités, French The Kid nous a livré un projet à l’image de sa personne. A la fois intimiste et méthodique dans sa technique, la musique du rappeur de Romford a le potentiel pour toucher en plein cœur les émotions de son public. OVNI dans une scène UK où il a vocation de se démarquer, French est avant tout là pour faire comprendre à ses auditeurs qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils partagent avec eux les mêmes sentiments et les mêmes problèmes.
French The kid, on se retrouve pour la sortie de Never Been Ordinary, comment te sens-tu un peu avant la sortie de ton premier projet ?
C’est excitant, j’attend de le sortir depuis 2020, certains morceaux sont assez vieux, maintenant que le projet peut sortir c’est un peu comme un soulagement.
Peux-tu nous expliquer le titre de ton projet ?
J’ai jamais été le même que les autres, aussi bien dans ma musique que dans ma vie. Dans la scène UK beaucoup de rappeurs font presque exclusivement de la drill, mais moi je fais un peu de tout, de la drill, du rap, de la wave, j’essaie de faire tout ce que je peux pour montrer que je suis différent.
Il est vrai que l’on peut te distinguer des autres rappeurs de la scène UK. Ton rap est très mélodieux, très mélancolique et tu te livres beaucoup sur tes expériences personnelles.
Je sors la musique qui me plait à moi en priorité, si le public valide c’est encore mieux.
L’année dernière tu avais posté en story un message, tu prenais conscience que tu détonnais des autres rappeurs anglais et tu appelais les gens à croire en eux et à s’assumer. Est-ce que ça te tient à cœur d’être un modèle de réussite ?
Je sais pas où je serais sans mes supporters, c’est un grand enjeu aujourd’hui pour moi, j’ai un vrai rôle, ça peut même être un poids, mais je le fais pour une bonne raison.
Sur ton projet on retrouve Slimz un autre rappeur de l’Essex, c’est votre deuxième feat à ce jour. Peux-tu nous expliquer le choix de l’avoir inviter sur ton projet ?
C’est mon frère, c’est la famille, je pensais pas que notre premier son « Essex Boys » allait autant marché, mais c’est cool, ça permet de mettre une vraie lumière sur les rappeurs de la ville.
On a également pu voir ton attachement avec ta ville dans le clip « Old Friends ». Est-ce que tu as vocation aujourd’hui à mettre en lumière les rappeurs de l’Essex et de Romford ?
Ça a toujours été mon but de représenter ma ville, j’ai grandi avec différentes cultures, différents types de personnes, c’est ce que j’ai voulu montrer dans « Old Friends ». J’ai voulu emmener le public dans mon univers et là où j’ai tout appris.
Tes différences avec le reste de la scène rap anglaise ne t’empêchent pas de te dresser en étoile montante de cet environnement. D’ailleurs Kenny Allstarz t’as récemment décrit comme l’une des futures stars du rap anglais. Comment tu vis tout l’engouement qui s’installe autour de ton nom ?
C’est que du positif, je suis juste heureux de pouvoir sortir ma musique et de la partager avec autant de personnes, car elle est différente, et si les chiffres sont bons c’est encore mieux.
On a pu observer un vrai bond en termes de notoriété dans ta carrière à la sortie de ta performance pour Daily Dupply. Un freestyle qui pose le décor sur ton univers et tes sujets de prédilection. T’imaginais que le morceau allait recevoir un tel accueil ?
J’imaginais pas qu’il allait avoir un tel succès, aujourd’hui je réalise qu’il mérite son succès, mais au moment où je l’ai enregistré, je ne l’envisageais pas, à cause du mélange entre l’anglais et le français sur de la drill.
Avec la hype autour de la drill ces dernières années, qui trouve une place centrale en Angleterre, mais également en France aujourd’hui, on peut observer de nombreuses collaborations entre artistes français et anglais. Comment vois-tu cette nouvelle proximité entre ces deux scènes ?
C’est super ! Le feat entre Freeze Corleone et Central Cee était chaud ! La musique est universelle, c’est bien qu’il y ait ce genre de connexion.
Y-a-t-il des artistes français avec qui tu te verrais collaborer ?
Oui Freeze Corleone, DA Uzi, Gazo, avant j’écoutais beaucoup SCH aussi, mais il y en a pleins. Maintenant tout le monde arrive à s’approprier la drill, il y a des mélodies et différents langages.
Dans « Conversation », tu rappes un échange entre un fan et toi, ça fait facilement penser au morceau « Stan » d’Eminem,. Est-ce que ce son t’as inspiré dans la confection de ce ton morceau ?
Oui et non. Au début je voulais faire un morceau comme « Stan », mais en l’écrivant c’était pas la même chose du tout. Je voulais montrer mon rapport avec mes supporters, j’essaie de les aider comme je peux.
Tu as 22 ans aujourd’hui et ton succès a pris relativement vite. A partir de quel moment as-tu pris conscience de ce buzz ?
C’est allé vite, mais j’ai commencé à sortir de la musique il y a longtemps et les chiffres n’étaient pas présents, c’est à partir du confinement que mes chiffres ont explosé. Tout le monde était devant YouTube, ça m’a permis d’émerger. Tout le monde à pu prendre conscience de mes performances à partir de ce moment.
Dans tes sons tu reviens souvent sur la thématique de la santé mentale et sur tes propres interrogations. C’est dans « My Mind » que le sujet est le plus présent. Est-ce que la musique est une sorte de thérapie pour toi ?
Oui à 100%, c’est pour ça que j’ai commencé la musique, je m’y suis mis à un moment où je n’allais pas bien, la musique m’a permis et me permet encore aujourd’hui d’extérioriser mes pensées. Quand j’ai vu que d’autres personnes pouvaient le faire, j’ai tout de suite voulu m’y mettre, je voulais me sentir compris et que le public qui allait m’écoutait puisse se reconnaitre dans mes paroles.
On peut facilement voir que tu accueilles la notoriété avec une vision assez spéciale. Dans « Window Blues », tu parles de tes rêves que tu as pu réaliser et des nouveaux problèmes qui émanent de ta nouvelle vie.
Dans « Windows Blues », j’assume qui je suis, ceux qui m’aime suivent, sinon tant pis. Je tourne une page dans ce morceau, pour passer à nouvelle étape de ma carrière.
La plupart des auditeurs idéalisent la vie et le quotidien des artistes et ne pensent pas aux conséquences négatives qui peuvent exister. Dans ton dernier clip « Remedy », tu reviens également sur la vie d’artiste et les excès qu’elle entraine. Est-ce que tu peux nous expliquer pourquoi tu as choisi de revenir sur cette réalité ?
Je pense que les gens n’ont pas une vraie idée de ce que les artistes peuvent vivre et ce que je peux vivre dans ma vie, je reste un être humain. J’ai voulu littéralement montrer ce qu’il y avait dans ma tête et le fait que ce n’est pas toujours simple de vivre cette vie, je voulais que les gens puissent entrer dans ma tête.
Comme on l’a dit précédemment, tu es actuellement sous le feu des projecteurs, certains te voient comme une des futures têtes d’affiche de la scène rap anglaise. Tu t’apprêtes aujourd’hui à sortir ton premier projet, quelles sont tes ambitions pour cette sortie ?
Je veux montrer ma différence, j’adore la musique et je veux montrer que je suis ce fan de musique, que je ne fais pas que de la drill et que ma musique va plus loin que le rap. Je tiens ce goût pour la musique de ma mère qui est musicienne, elle interprète des chants irlandais dans le sud de la France. J’ai baigné dans la musique toute ma vie, il y a toujours une guitare par là ou un piano par ici.
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Plus de succès et qu’encore plus de personnes puissent écouter ma musique, c’est uniquement ça le but. Me faire entendre par le plus de personnes possible.
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