Interviews
On a parlé de Juice WRLD, de Bruxelles et de sa nouvelle vie d’artiste avec Geeeko
De passage à Paris quelques semaines avant la sortie de son troisième visuel, nous avons discuté avec Geeeko, un artiste de Bruxelles dont l’avenir semble radieux. Du début de sa carrière, au tournant qu’elle a pris en 2019 jusqu’à sa première mixtape qui devrait sortir avant l’été 2020.
Salut Geeeko. C’est quoi ton premier souvenir musical ?
C’est lorsque j’ai enregistré mon premier morceau. Je me suis directement dit « ce truc est fait pour moi ». Je ne connaissais rien du tout, on m’a ramené j’étais en stress, je n’étais pas bien… J’ai enregistré et dès que j’ai commencé à poser, j’étais à l’aise. Là j’ai kiffé, et je me suis dit c’est ça que je voulais faire. J’étais jeune, j’avais 13 ou 14 ans.
T’es né en Afrique, est-ce que dans ton enfance tu pensais déjà prendre ce chemin d’artiste ?
Ouais, pour moi c’était soit dans la danse soit dans le rap. Un des deux. Je le disais à mes parents mais ils n’étaient pas d’accord. Ils m’ont dit « l’école d’abord » mais pour moi, ça devait être la musique.
Si on fait une avance rapide, les plus vieux clips que j’ai trouvé de toi datent de 2018. Parle-nous de cette époque-là.
À ce moment-là je travaillais avec mon ancien manager. On était vraiment une bande de pote, on faisait ça juste pour délirer. Après il nous a fait comprendre qu’il voulait que ça devienne sérieux, donc on a fait le premier clip, il a bien marché … je crois qu’il fait 17000 vues, pour nous c’était déjà un truc de fou tu vois, alors que ce n’est rien du tout dans le Rap Game aujourd’hui. Ça a marché, on a continué, on a continué, on a continué… Après y’a eu un peu des beef, donc j’ai continué tout seul jusqu’à ce que je tombe sur Rocco, qui m’a présenté à Dimitri. Et là c’est devenu vraiment sérieux.
Et j’ai l’impression que t’es allé dans la salle du temps et que t’es revenu de la salle du temps avec « Fuckd Up / Fendi ». Qu’est-ce qui s’est passé dans la salle du temps ?
On a charbonné, ils m’ont fait rencontrer des gens. Dis-toi j’allais jusqu’à Liège, on me déposait là-bas chez un type qui s’appelle Mano. Très fort, il m’a appris à chanter, il y a même des vidéos sur Instagram où tu peux me voir en train d’apprendre à chanter. On se réveillait entre 10h et 11h et on travaillait jusqu’à 2 heures, 3 heures du matin. On ne faisait pas semblant, on charbonnait vraiment. Au fil des rencontres, je commençais à attraper les petits trucs qui restait inconsciemment… et « Fendi », j’ai trouvé une topline, après j’ai mis des mots, on a vu qu’on tenait un truc. On l’a gardé, on l’a teasé sur Instagram après on a lâché le truc et quand on a vu que ça a pris j’étais content. On a stocké beaucoup de sons qui sortiront plus tard. Ils m’ont vraiment fait bosser pendant cette période, mais je suis content du résultat.
Est-ce que le regard des gens dans ta ville a changé suite à ça ?
Bien sûr ! Bien sûr ! Fort ! Même quand j’allais en boite et qu’on me parlait, on me disait « là, ça devient sérieux ». J’avais trop l’image du petit qui allait juste en soirée et qui foutait un peu la merde tout ça… Maintenant on me voit comme un artiste. Et le fait qu’on me voit comme un artiste m’a fait réaliser que je devais faire attention à certaines choses, faut que je charbonne encore plus, c’est maintenant que je dois prouver. Les clips dont tu me parlais avant, en 2018, je m’amusais. Là, je m’amuse, tout en restant professionnel.
Tes influences ont l’air de venir plutôt du rap américain ? Je sais que par exemple, t’affectionne la musique de SaintJhn, et que tu aimais beaucoup Juice WRLD.
SaintJhn lui c’est mon gars. Son charisme, il arrive quelque part, tu ne vois que lui. Sa musique… c’est une Rockstar. Son personnage m’inspire, à la fois Trapstar et Rockstar. Son image, sa musique, ses toplines, sa musicalité c’est un truc de fou. Juice WRLD… c’était un exemple de fou. Dis-toi quand on commençait à travailler et qu’on me demandait mes références, je répondais tout le temps Juice WRLD au point qu’ils m’ont dit « change un peu » (rires). Mais c’était lui, parce qu’il est trop fort… c’était une vraie référence pour moi. C’est dommage qu’il soit mort, très dommage.
Est-ce que des événements tragique comme la mort d’un jeune rappeur comme Juice WRLD, ça change des trucs dans ta manière d’être artiste ?
Ça me fait réfléchir, surtout pour les drogues. Sachant que moi je ne suis pas trop dans les drogues, je suis plus dans l’alcool et les trucs comme ça tu vois. J’essaye de doser ça parce que parfois t’es dans des états… à l’aise sur le moment c’est drôle mais ça peut avoir des répercussions plus tard, du coup tu te dis qu’il faut faire attention parce que tu peux mourir bêtement, alors que t’as plein de choses à prouver encore, du coup je fais vraiment attention. Ça reste dans un coin de ma tête.
Si je reviens sur « Fcked Up & Fendi », est-ce que tu te rappelles le moment ou t’as enregistré ces sons-là ?
« Fuckd Up », je me rappelle que j’étais en lendemain de soirée, j’étais mort et je n’avais même pas envie de terminer ce son. On était avec un gars à nous guitariste qui s’appelle Massine (Mass1K), on est parti de Bruxelles jusqu’à Gand et il était venu juste pour l’occasion. Il était là pour travailler, mais moi j’étais dans mon coin, je n’avais pas envie de terminer le son. On l’a bossé quand même, j’ai vu que ça a commencé à bien donner, j’me suis dit bon : « Réveille-toi, ok t’es en lendemain de soirée, mais assume. On est venu jusqu’à Gand, pas pour rien ».
Du coup on a terminé le son, on a vu comment ça donné, on s’est dit « là on tient un truc », c’était très très fleeh. « Fendi » c’était beaucoup plus tôt, plus vers mes débuts. On était chez un gars Mike, on s’est fait écouter plusieurs prods, on avait des prods de Eazy Dew, prods de Chuki même à l’époque je n’avais encore jamais travaillé avec lui. J’étais dans la cabine, on faisait défiler les prods et je toplinais sur chacune des prods. On a réalisé à ce moment-là que Fendi était vraiment Fleeh. Du coup je suis allé écrire chez moi, et on a enregistré ça.
T’as ressenti quelque chose de différent lors de ces sessions-là ?
Carrément, et d’ailleurs la raison pour laquelle je préfère « Fuckd Up » à « Fendi », dans mon timbre de voix dans « Fuckd Up » tu vois que j’ai plus muri. « Fendi » c’était encore les débuts, je me lâchais, je faisais plein de flows différents, mais dans « Fuckd Up », j’ai trouvé ma petite touche, mes sonorités. J’ai senti que j’avais trouvé mon truc.
L’esthétique du clip, c’est quelque chose aussi.
Ça c’est Johan Dorlipo, ce sera lui sur « Toxic », on vous réserve une grande surprise. Johan je lui fais confiance, à 100%. Il nous a déjà montré quelques plans du résultat final, je vois à quoi ça va ressembler, je sens que ça va être lourd.
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Tu as rencontré Ghost Killer Track et Ibo studio récemment à Paris, parle-moi de ce moment-là.
Ghost Killer Track et Ibo! Ils sont trop chauds. C’est Ibo qui a mixé mes derniers sons, Lin c’est lui qui a mixé, et « Toxic » aussi. Il a fait un vrai mix, il a poussé le son… Et Ghost, c’est un vrai gars, en plus j’ai su qu’il était ivoirien aussi comme moi… 225 tu connais. Il m’a envoyé un message sur instagram, on était sur Paris pour de la promo. Et tout s’est fait par l’intermédiaire de Haristone. Il me donnait beaucoup de force, ça me faisait plaisir parce que c’est un gars que j’écoute fort, et il m’a connecté avec Ghost parce qu’ils travaillent ensemble, et quand on est monté sur Paris on s’est capté, au studio ils m’ont mis très bien, une très belle rencontre.
Et puis il y a Chuki.
C’est une de mes meilleures rencontres. Depuis qu’on a commencé à travailler ensemble il y a une alchimie, alors qu’il parle anglais et que je parle français. C’est des fois avec des signes qu’on se comprend. C’est un truc de fou. Une grande partie des sons qui seront dans mon projet sont produits par lui.
Et justement ce projet, qu’est-ce qu’on a le droit de savoir ?
Le projet arrivera en avril, on n’a pas de date précise, mais on réserve plein de surprises, on s’est aventuré sur plusieurs terrains, toute mon équipe a essayé de me pousser chacun de leur manière, même moi j’essaye de me pousser en faisant des voix-têtes, des trucs que j’avais jamais fait avant. On a déjà une belle couleur, on va continuer à pousser encore plus loin et on verra ce que va donner.
Le nouveau clip de Geeeko « Toxic » est disponible dès maintenant sur YouTube.