Interviews
EDGE : «Rester cohérent c’est pas compliqué quand tu fais ce que t’as envie de faire»
OFFSHORE sorti, on est allé à la rencontre d’EDGE pour qu’il nous parle de ce nouveau projet, aboutissement de plus d’un an de travail.
OFFSHORE fraîchement sorti, c’est autour d’une tasse de thé que l’on a pu en discuter avec son auteur. EDGE s’applique à avoir un style soigné, que ce soit en matière de sappes et de musique. Ce style évolue de projet en projet, caressant sur OFFSHORE des sonorités que l’on ne soupçonnait pas. Le résultat d’innombrables heures passées en studio à étudier, apprendre, puis à créer, à son tour, lui qui a longtemps gravité autour de cette sphère sans jamais vouloir la toucher du doigt. L’esprit désormais entièrement consacré à sa musique, EDGE nous raconte son quotidien sur ce nouveau projet. En attendant de pouvoir le partager sur scène, avec son public… Rencontre avec un artiste au combien prometteur.
Avant de parler du projet on voulait en revenir à tes débuts. Qu’est-ce qui fait que tu te mets à faire de la musique en 2017 ?
EDGE : Je suis arrivé là-dedans parce que déjà, de base j’ai passé beaucoup beaucoup beaucoup de temps en stud’ avec tout mon entourage commun. Pendant très longtemps dans ma vie j’étais très paumé, j’ai fait des millions de choses, sans jamais trouver quelque chose qui me stimulait pour de vrai, où je me réveillais sans être blasé d’aller travailler à gauche où à droite où faire tel ou tel truc. Et à un moment donné il y a eu un truc super relou qui s’est passé dans ma vie, qui a été un espèce de déclencheur qui m’a fait prendre conscience que la vie est courte. Je ne peux pas me réveiller en étant aigri, je ne peux pas me coucher en sachant que je vais me réveiller aigri parce que je vais aller faire un truc qui me casse les couilles. Tout ça, j’avais besoin de l’extérioriser. Extérioriser le fait qu’il m’était arrivé des trucs relous, que je voulais pas d’une vie un peu trop classique. Sans porter de jugement là-dessus, mais je sais que c’est pas ce qui me correspond. Et c’est parti de là. Un jour, à force de discuter avec Jazzy Bazz, à refaire le monde, il m’a dit : « Si tu sens que faire quelque chose d’artistique ça peut te parler, te permettre d’extérioriser des choses, va à fond dedans ».
Tout ça t’a donc amené jusqu’à OFF l’année dernière. Ce cheminement s’est fait petit à petit ?
En fait, sur toute l’année 2017, c’est là ou j’ai vraiment travaillé en mode studio mais sans avoir quelque chose de très construit. C’était la salle du temps. Je passais beaucoup de temps en studio et je captais que déjà ça me faisait du bien de faire du son et qu’en plus il fallait que je taffe. Parce que j’avais du retard à rattraper sur les gars avec qui j’étais et fallait que je sois vraiment déter. Donc pendant tout 2017 j’ai charbonné.
Ensuite il y a eu Interlude 1.9 juste avant OFF.
Ouais. C’était spécial parce qu’en fait OFF c’est un projet que j’ai commencé à enregistrer en 2018, et qui est sorti en 2020. Tandis qu’Interlude 1.9 c’est un projet que j’ai fait durant l’année 2020, donc après OFF. Mais je savais que dans toute la construction d’OFF c’était un projet où j’étais déjà allé loin. Parce que je voulais déjà avoir un truc costaud, bien construit au niveau des prods. Essayer de trouver une certaine cohérence. C’est pour ça que je l’ai sorti après Interlude 1.9.
En arrivant avec ce retard sur les autres dont tu me parles, on se doute de ce que l’entourage de rappeurs avec lequel t’évolue a pu t’apporter. En revanche, qu’est ce que tu penses leur avoir apporté de ton côté ?
Peut-être du recul. Un peu d’insouciance, mais de la fausse insouciance, parce que je me questionne forcément. D’autant plus qu’en étant entouré de gens aussi forts et talentueux, qui sont très minutieux et pointilleux dans ce qu’ils font, je suis obligé de suivre cet exemple là. Mais c’est sûr que j’avais peut-être plus de fraicheur, plus de laisser-aller. C’est peut-être ce que j’ai apporté. Même si, objectivement je pense pas avoir apporté grand chose (rires).
«Pendant trois piges j’étais presque tous les jours au studio»
Mais comme tu dis, il y a quand même eu cette espèce de nouveau souffle, de nouvelle énergie. L’énergie des débuts peut-être.
C’est exactement ça. C’est l’énergie des débuts où je suis tout le temps en demande, tout le temps envie de travailler, qu’on me conseille, qu’on m’aide. Et vu que je suis entouré de personnes bienveillantes, c’était aussi je pense un plaisir pour eux de faire ça. Et d’avoir un truc plus léger. Peut-être quitter un petit peu le cadre trop travail par moments et d’être plus dans la bienveillance, l’accompagnement, l’enseignement.
Avec du recul t’es content d’OFF ?
Bien sûr ! Obligé. Heureusement que j’en suis content ! C’est mes premiers vrais morceaux et j’en suis plus que content, j’en suis fier. Parce que sans ce projet là, je ferais pas ce que je peux faire actuellement. C’est clair et net. J’en suis trop fier, trop content et puis c’est aussi l’aboutissement de ce déclencheur dont je te parlais. Et j’ai vraiment charbonné. Pendant trois piges j’étais presque tous les jours au studio.
Avant OFFSHORE plus tôt dans l’année il y a eu Private Club. Quel place ce projet avec Jazzy Bazz et Esso Luxueux a pris dans le processus créatif d’OFFSHORE ?
En fait c’était lié parce que ça a été fait quasiment en même temps. Private Club on a commencé à la faire le 11 septembre 2020 et moi je travaillais sur OFFSHORE depuis mars. C’est en mars que j’ai enregistré « Schémas monotones » et ensuite Private Club est arrivé en même temps. C’était aussi une manière de relâcher la pression. C’était un peu la cour de récré. On en avait parlé quand le projet était sorti. Moins de pression, moins de travail vu qu’on est trois, donc forcément c’était lourd.
Si on comprend bien tu travaillais déjà sur OFFSHORE alors qu’OFF était pas encore sorti.
C’est ça. J’avais déjà fini le projet OFF quand même.
C’était important pour toi d’enchainer assez rapidement entre les deux ?
Pas forcément. C’était surtout une envie. Sans faire crari, je vis pour la musique. Dans le sens où toutes mes émotions passent par ça. Quand je suis en bad, j’aime bien faire du son, quand je suis content j’aime bien faire du son. Du coup j’aime faire du son tout le temps. C’est pour ça que c’était même pas une question à se poser de savoir si je voulais que ça aille vite où quoi. C’est plus que c’est mécanique. Faut faire du son, j’aime ça et j’aime me dire que je sens une évolution.
On pouvait s’en douter, mais le projet est très étiqueté Goldstein avec Johnny Ola comme chef d’orchestre. Mais il y a aussi la présence d’autres beatmakers, je pense à Guapo du Soleil notamment. Aller chercher des mecs extérieurs au Goldstein c’était une réelle envie ou ça s’est fait instinctivement ?
C’est un mix des deux. Guapo on s’est connecté parce qu’on avait fait une résidence ensemble, avec Jazzy Bazz et il y avait un bon feeling. Je l’ai vu travailler… c’est juste fou. Il est talentueux de ouf, ça l’air tellement simple pour lui. Et je savais que sur le titre en question, le featuring avec Jäde, il était capable de m’apporter une couleur qu’on aurait pas forcément réussi à avoir avec Johnny Ola. Et c’est en parlant avec Johnny Ola, au Red Bull Studio, où on avait fait une première maquette avec Jäde mais on trouvait qu’il manquait un truc à la prod.
Donc on s’est dit que ça serait bien de retravailler la prod, et Johnny a direct pensé à Guapo qui a ce truc plus festif. On l’a appelé il est venu avec DMS et c’était… En fait c’était golri parce que je crois la veille il avait fait une session qui s’était terminé archi tard, 6 ou 7h du matin. Donc il avait quasiment pas dormi, il est arrivé au stud’ fatigué de ouf. On lui fait écouter le morceau, il se pose, il fait une petite sieste de 30 minutes, il se réveille et en quinze minutes il a fait la prod. C’était incroyable, c’était fluide. Il a fait ça avec aussi l’adrénaline de la fatigue, ce truc où tu veux te dépasser même si t’es fatigué. C’était trop chaud.
On sent une réelle envie de multiplier les sonorités et d’étendre ton univers musical tout au long du projet.
Parce que j’ai beaucoup d’influences. J’aime écouter pleins de trucs différents. Je kiffe tester des choses, parce que je kiffe la musique. Voir si c’est toujours pertinent et à terme forcément. Je te dis pas que je vais faire de l’électro non plus.
En fait il y a vraiment des trucs sur lesquels on pouvait ne pas t’attendre en sortant de OFF.
Complètement. C’était important pour moi d’ouvrir l’univers. Mais ce qui m’a le plus matrixé, qui était le plus important c’était de réussir à ouvrir tout en gardant la base qui me correspond. Importer cet univers là avec des rythmiques, des couleurs un petit peu différentes.
Et est-ce que ça a été compliqué à faire ?
C’était pas compliqué. Enfin, rester cohérent c’est pas compliqué quand tu fais ce que t’as envie de faire. C’est quand tu veux chercher le buzz, bien sûr que c’est là que t’es plus cohérent et que c’est cheum. Mais moi je cherchais juste à faire la musique que j’avais envie de faire et les sonorités que j’avais envie d’entendre. Juste ça.
Cette cohérence est aussi amenée par une sorte de concept tout autour du projet matérialisé par ce répondeur et le téléphone. Comment t’as pensé ce concept là ?
Ce concept là je l’ai pensé parce que déjà, j’avais conscience qu’il y avait un peu plus de couleurs et je voulais qu’on capte que c’est pas parce qu’il y a différentes couleurs qu’on peut pas avoir quelque chose de cohérent et lié. Ça m’est venu un soir où je checkais tous les sons que j’avais pu commencer à faire pour voir ce qu’il me manquait, ce que j’avais envie d’ajouter. Je me suis plongé dans un truc et je me suis demandé ce qu’était mon quotidien. Mon quotidien c’est de pas souvent être joignable (rires). Et ça j’avais envie du coup de le retranscrire sur OFFSHORE.
«Alpha Wann, ça reste le plus fort»
Qui sont les voix féminines des messages vocaux, que ce soit la banquière où la fille qui t’appelle ?
C’est golri, c’est mon ancienne voisine, une actrice qui s’appelle Lucie. Et la banquière, c’est la banquière (rires).
Cette cohérence est aussi super bien gardé malgré les nombreux featurings. On avait un peu envie d’en parler, en commençant par Alpha Wann. Quel morceau ! Tu peux nous en parler ?
Surprenant hein ? Je pense que quand il a des ouvertures au niveau des feats, il se dit que le mieux c’est d’aller là où on l’attend pas du tout. Et dans tous les cas il sera chaud. Ça reste le plus fort. Au début je me suis dit qu’il fallait que je l’amène sur un truc où il allait découper de ouf, ce sur quoi les gens avaient envie de l’entendre. Pour être honnête je partais dans cette optique là. Et pour être encore plus honnête, à la base, je voulais qu’il pose sur « Plata ». Mais quand il l’a écouté, il m’a dit qu’il pouvait pas. Il y avait un truc qui le dérangeait dans la prod. Du coup après pendant deux heures, deux heures et demie, on a écouté des prods. Donc à la fin je me suis dit que j’avais plus rien à perdre, je m’étais fait à l’idée qu’on allait pas faire de sons tout de suite. Je lui ai dit que j’avais une maquette, qui pour moi était un hit, mais j’y croyais même pas. Il a écouté trente secondes et il m’a dit « vas-y let’s go ! ». Et c’est trop chaud, je suis content de fou. Ce titre me faisait vachement peur, parce que je sais que c’est pas là-dessus qu’on attend Alpha et que ça peut peut-être déstabiliser les gens. Mais au final je vois que les retours sont bons donc c’est d’autant plus jouissif.
Surtout que t’as choisi de le clipper direct après la sortie du projet.
En vrai, qu’Alpha pose dessus ou non, dans tous les cas c’est un son que j’aurais clippé. Parce que c’était un son sur lequel je misais beaucoup. Je sais que c’est un truc différent de ce qu’on entend habituellement. Sans dire que je révolutionne le truc en faisant de la 2-step, mais je le tenais en haute estime et au final c’est trop lourd que je fasse ça avec un mec dont je suis fanatique.
Ensuite on a Enfantsdepauvres et Lowssa qui sont des rappeurs auxquels on pouvait pas forcément s’attendre à voir sur un projet de EDGE.
Lowssa c’est un pote de longue date, du même quartier que moi. Donc on se connait depuis 5-6 ans. J’adore comment il écrit et c’était exactement cette couleur d’écriture au moment où il intervient sur le projet. Que ce soit l’écriture ou même au niveau de son grain de voix. Je voulais apporter ce truc un peu épais. Et Enfantsdepauvres on a un pote en commun qui m’a parlé de lui et qui m’a dit que ça serait lourd qu’on se connecte. Et j’avais vraiment bloqué sur son morceau « Baltimore » à l’époque. Donc on a finit par se retrouver en studio. C’était notre première rencontre et le feeling est archi bien passé. Comme si on se connaissait depuis dix piges. Et quand est venu le moment de faire du son on a fait deux morceaux. Le deuxième sortira plus tard.
Sur un projet à toi ou pour Enfantsdepauvres ?
On est en train d’en discuter. D’ailleurs on a commencé par ce deuxième morceau qui n’est pas encore sorti et on s’est dit qu’il fallait en refaire un autre. Et quand on s’est mis à écouter les prods de Persia on est tombés sur celle de « Waze », on s’est regardés on savait que c’était celle-ci. Et ça a été d’une fluidité dingue. Parce que il y avait ce truc où humainement il y avait une belle alchimie, qu’on s’est captés sur ce qu’on voulait faire sur le morceau.
Il y a aussi « Palace » avec Jäde qui prend les allures d’un morceau très club. Pourquoi Jäde et comment ça s’est fait ?
Jäde c’est simple. J’avais câblé sur « Longtemps » un morceau à la prod incroyable. Et une fois que « Diddy » est sorti, je me suis mangé une claque et je me suis dit que je voulais absolument faire un feat avec elle et je savais où je voulais aller. Je l’ai DM, elle est passée au stud’ et on a commencé. J’avais la prod en question même si après on l’a retravaillée avec Guapo, je lui ai tout expliqué, ça lui parlait. Et je pense qu’elle avait pas eu l’occasion de faire ça auparavant. Je pense, peut-être que je me trompe, qu’elle a bien aimé que je l’amène sur quelque chose de différent. Et on a refait la prod deux mois après.
Tu sens cette énergie de hit que dégage le morceau ?
Bien sûr. Après pour moi c’est un hit mais tout le monde a sa perception des hits. Mais pour moi c’est le hit que je voulais faire, c’est le son que je kifferais entendre en boîte. Un peu khapta, le son il passe je vais m’enjailler et c’est ça que je voulais.
Enfin il y a La Fève, une connexion super inattendue. Comment se sont faites les choses avec lui et ça part d’où ?
Ça part de KOLAF. Dans le sens où on était au studio et Johnny Ola me demande si j’ai écouté KOLAF. Et moi je connaissais La Fève mais vite fait juste de nom, donc je mettais pas plus penché que ça dessus. Et ça m’a marqué, il était en train de fumer sa clope il m’a dit « Attends, attends » (rires). Il a posé sa clope, il est allé dans le stud’, il a mis KOLAF et on l’a eu en mode repeat pendant deux ou trois heures. Je me suis mangé une claque mais énorme ! C’est un bordel. Et le lendemain je me suis réveillé j’avais « BELLE SOMME » dans la tête, c’était n’importe quoi. Donc j’ai envoyé un DM à La Fève où je lui disais que le son était incroyable, et que si il était chaud à l’occasion ça serait chaud qu’on fasse un morceau ensemble. Il est passé au stud’ et voilà.
Cette collaboration nous a marqué. Il y a vraiment une impression d’alchimie entre vous deux, comme si t’étais un pont entre le rap de ton entourage et celui que propose cette nouvelle génération.
J’ai pas la sensation de forcément faire ce pont mais c’est une génération qui me parle de ouf. Je me pose pas forcément ce genre de questions, je fais du son avec les gens que je kiffe et dont la musique me parle. C’est aussi une génération qui a grandi dans une époque différente. Nous on a grandi à un moment où il y avait beaucoup moins de chant, à part le R’n’B. Mais je pense qu’on a les mêmes références en terme d’artistes avec ces gars. De base on est juste des bousillés de musique donc on se capte. Mais c’est sûr que les mecs de mon entourage ont commencé plus tôt que moi, avec quelque chose de différent. Donc ils ont digéré ces références autrement, et ils ont commencé d’une telle manière qui fait que si ils changeaient du tout au tout ça paraitrait bizarre.
«Je sais que l’album ça doit être encore plus cohérent que ce que je fais là»
On t’a toujours vu avec Jazzy Bazz sur scène où même plus récemment avec Deen Burbigo pour le Cercle Vertueux Tour. Quel rapport t’as à la scène ?
La scène c’est quelque chose qui me fait vibrer de ouf. Je veux faire le plus de scènes possible. J’ai pas eu l’occasion de défendre OFF sur scène, là j’espère que pour OFFSHORE ce sera différent. J’ai la dalle de ouf de la scène, j’ai envie de faire ça à fond. Presque c’est l’aboutissement en fait. C’est méga lourd d’être en studio, je kiffe être en cabine faire du son et tout. Mais partager le morceau avec des gens ça n’a pas de prix. Récemment j’ai fait un concert à Nimes, ma première scène à mon nom. Et je commence en faisant « Off » et au bout de la troisième mesure j’entends les gens qui chantent le morceau. Ça m’a touché, j’étais pas prêt pour ça. Sentir que les gens connaissent mon morceau, moi qui suis pas habitué à faire de la scène à mon nom ça m’a vraiment touché. J’ai senti un truc de partage et la musique, avant tout je la fais pour moi, mais si j’arrive à la partager après c’est un aboutissement, une vraie consécration. J’ai trop hâte de ça.
Il y a eu une grosse D.A. visuelle réalisée par Raegular tout autour du projet. Est-ce que ça te donne envie de développer le projet en physique ?
C’est une très bonne question. J’ai reçu pas mal de messages me le demandant. Pour être honnête, à la base je me suis dit que c’était trop tôt pour faire du physique. Parce que je sacralise un peu ça, le truc du premier projet physique. Mais je me pose un peu plus la question.
Oui le premier physique vient avec le premier album. Mais là on sait pas vraiment ce que c’est comme projet, avec toute cette cohérence et ce taf autour c’est compliqué de le cataloguer comme une mixtape.
En tout cas c’est pas un album. J’y accorde de l’importance parce que je sais que l’album ça doit être encore plus cohérent que ce que je fais là. Donc en vrai de vrai je pense pas qu’il y aura de physique pour OFFSHORE. Si il y en a ce sera vraiment une édition méga limitée.
Quel est le morceau préféré de EDGE sur OFFSHORE ?
« Schémas Monotones ». C’est le premier titre que j’ai fait pour OFFSHORE. C’était très spécial. On l’a fait en résidence. On est partis deux mois avec Johnny Ola pendant le confinement. Ça a été un des morceaux les plus fluides que j’ai fait de toute ma vie. Ce jour là j’avais du dormir de 3 à 6 heures du mat et j’avais absolument envie de faire un son ce jour-là. Tous les jours on faisait plus ou moins du son mais ce matin là il y avait un truc en plus. Donc j’ai tourné en rond jusqu’à ce que Johnny se réveille. J’avais fini YouTube et j’avais trouvé une prod, quand il s’est réveillé je lui ai demandé d’en faire une dans ce délire là. En même temps qu’il faisait la prod, j’étais en train d’écrire. Et au moment où il a fini, j’avais écrit mon premier couplet et j’avais le refrain en tête. Donc on a enregistré, et ça a était le premier morceau, depuis OFF, où on s’est dit que ça allait lancer la suite. On avait fait mille maquettes avant, mais là on a senti cette magie en plus. C’est allé méga vite et on est parti l’enregistrer juste après. Et sa valeur particulière vient de la manière dont je l’ai enregistré. On était pas en studio, la cabine c’était une couette, un cintre pour accrocher le micro et un durag pour faire l’anti-pop. Et c’est le seul morceau de ce séjour où il y a eu un truc en plus. J’ai même pas eu besoin de le reposer, si je l’avais reposé en studio ça aurait pas été le même morceau. C’est ça qui est ouf, parce que toutes les autres maquettes qu’on a faite sonnaient dégueulasses mais celui-ci il sonnait bien. Je pense que quand tu fais du son il y a des trucs qui mentent pas. Quand t’as une émotion sur un morceau que tu fais, cette émotion là faut savoir la saisir et se dire que c’est ça et que ça peut pas être autre chose.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?
Des concerts ! Des gros concerts !
EDGE – OFFSHORE