Musique
Le troisième couplet est-il vraiment mort ?
Le média RapMinerz s’est intéressé à l’usage des troisièmes couplets dans le rap. Est-il vraiment mort comme Dinos le dit dans « On meurt bientôt » ?
« J’suis arrivé dans l’rap avant la mort du troisième couplet ». En 2019, dans « On meurt bientôt », Dinos dressait un constat dénonciateur quand à la structure des morceaux de rap. Selon lui, le troisième couplet est « mort », le rap s’étant largement popularisé depuis quelques années, privilégiant les morceaux courts et les refrains efficaces. Pour autant, le troisième couplet est-il vraiment mort ? RapMinerz s’est intéressé au sujet, dans une superbe infographie.
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De dominant à dominé
Ainsi, on y comprend que le format trois couplets a toujours été présent dans le rap. Des années 90 à 2012, sa domination n’est d’ailleurs pas contestable : plus de 40% des morceaux de rap français possèdent 3 couplets. Un format qui atteindra même son pic en 2008, passant pour la première fois au dessus des 50%.
Une montée en puissance qui sera suivie par une dégringolade incroyable. En effet, après 2008, plus rien ne sera comme avant. En l’espace d’un an l’utilisation des trois couplets passe du plus haut au plus bas, et elle ne remontera plus. La courbe est négative, jusqu’à atteindre le point de rupture en 2013, se faisant dépasser par des formats plus courts : ceux à deux couplets.
De dominant, le format à trois couplets est aujourd’hui dominé. En 2021, ce sont seulement 10% des sorties rap qui utilisent ce modèle. C’est (à peine) moins que des morceaux au couplet unique ou au format couplet unique et refrain. Cette dernière structure est d’ailleurs en constante hausse depuis quelques années, laissant peut-être entrevoir une nouvelle dominante dans les années à venir. Pour l’instant, l’hégémonie des deux couplets est incontestable, caractérisant plus de 60% des morceaux de rap sortis cette année.
Qui sont les derniers défenseurs des trois couplets ?
Malgré tout, depuis 2015 certains rappeurs continuent de privilégier les trois couplets au sein de leur morceaux. C’est le cas par exemple de Joe Lucazz, Taïro et Georgio, dont les récentes propositions contiennent plus de 50% de morceaux sur ce modèle. Mais ce ne sont loin d’en être les plus fervents conservateurs. Avec 72% de morceaux comptant trois couplets depuis 2015, Oxmo Puccino symbolise presque à lui tout seul ce troisième couplet.
Excepté ces rappeurs, la plupart des artistes a utiliser ce modèle sont principalement des groupes. La MZ, VSO ou Kiff No Beat notamment comptent plus de 50% de leurs derniers morceaux sur un format à trois couplets. Un choix qui s’explique simplement par la présence de plusieurs rappeurs au sein même d’un groupe et donc d’un même morceau.
Enfin, qui sont ceux qui ont fait des deux couplets la norme, avant 2010 ? Chose amusante, ce ne sont pas forcément les rappeurs auxquels on pense. Akhenaton, Le Rat Luciano ou Rocca par exemple sont de ceux qui ont enlevé le troisième couplet avant les autres. Plus étonnant, des groupes comme La Cliqua ou La Rumeur. Enfin, on retrouve aussi La Fouine parmi ces noms, le rappeur étant l’un des artistes pouvant se trouver aux origines de certaines tendances dans le rap actuel, que ce soit les refrains chantés et donc la réduction de l’utilisation du troisième couplet.
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Dinos a-t-il raison ?
Alors Dinos a-t-il raison ? Le troisième couplet est-il vraiment mort ? Au vu des tendances et de leurs évolutions, on aurait du mal à lui donner tort. S’il n’est pas mort, le troisième couplet est très clairement une espèce menacée, en voie de disparition. Sous le règne des morceaux courts et des refrains entrainant, il se fait plus discret. Mais les tendances se font et se défont, et si l’on a vu ces dernières années un retour en force d’un rap plus brut, l’on pourrait alors peut-être être témoin d’autres come-back inattendus.
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