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Musique

Les bonus-tracks de « Taciturne » de Dinos sont d’inestimables trésors

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Photo : Fifou

Derrière les 15 morceaux qui ornent son opus Taciturne, Dinos a dissimulé quatre bonus tracks dans deux versions Jour et Nuit. Et ils sont géniaux. 

Dinos a cette faculté a donné le meilleur de soi-même à chaque performance. Donc, bonus-track ou pas, il était évident que l’artiste n’allait pas lésiner sur la qualité de ses morceaux. Toutefois, les quatre bonus qui ornent respectivement les versions Jour et Nuit de son Taciturne ont quelque chose de particulier.

L’obscurité du jour

Ironiquement, la version « jour », caractérisée par une cover en noir et blanc et quelques notes de orange se veut plus sombre à travers ses deux conclusions que sont « Sagittaire » et « Les pleurs du mâle ». Logiquement, ces deux morceaux viennent se positionner à la toute fin de l’opus, et ouvrent vers un Taciturne plus froid, plus brutal, après « Au revoir », l’outro de l’album, une ballade auto-tunée.

« Sagittaire » est un concentré de rap pur, où l’introduction a cappella du titre ouvre vers un titre sans refrain, uniquement coupé par l’interlude : «Attends gros, j’vais faire un deuxième couplet». Des punchlines à foison s’écroulent sur une production à l’ambiance déstructurée. Voix grave, flow percutant : Dinos charge l’instru avec technique et explosivité. Le track se conclut en morale bien sentie : «L’amour, un médicament mais tous les médocs ont des effets secondaires». Comme un slogan pour Taciturne.

Vient ensuite « Les pleurs du mâle », construit autour d’un crescendo dramatique. Le refrain reprend le gimmick «J’suis pas mieux comme ça mais c’est mieux comme ça», entrecoupée d’un couplet ultra-efficace. Le deuxième prend la forme d’un outro distordue où l’artiste finit par chantonner en swahili la mélodie de « Soul Makossa » de Manu Dibango.

En coeur brisé, Dinos répond à ses « Pleurs du mal », dans son premier opus Imany, avec une nouvelle interprétation du mot « mâle ». Placé à la fin de « Jour », le titre offre une conclusion symbolique à Taciturne avec un clin d’oeil à son prédécesseur, retravaillé sous l’angle masculin. Le titre, beau et artistiquement épatant, est cousu en deux parties, où rap brut et rap chanté s’entremêlent, comme pour exprimer l’opposition du jour et de la nuit de Taciturne.

Une ballade de nuit

La « Nuit » de Dinos se veut plus tragique, avec une pointe de mélodie dans sa construction. Deux morceaux sont disponibles, à commencer par le superbe « Cœurjacking ». Le titre commence sobrement : Dinos rappe son coeur brisé. Puis, un interlude de Dosseh, d’une citation, vient entrecouper le morceau avant qu’une nouvelle instrumentale, plus vive, ne prenne le relai. Là, exit le rap, et place à une flow plus coloré, qui s’oppose à la noirceur du propos.

Si ce n’est peut-être pas volontaire, « Cœurjacking » reprend avec précision le modèle de « Les pleurs du mâle », avec cette instrumentale en deux temps et cette imposition artistique entre rap et chant. Une nouvelle fois, comme l’expression d’un album à deux conclusions, le jour et la nuit.

Dernier né de Taciturne, « Slide » se veut également mélodieux. Comme une interprétation d’une nuit de tristesse, où la voix étirée de Dinos s’accorde avec une instrumentale douce. Les paroles, déchirantes, ne font que corrompre le style du morceau le moins brusque de ces bonus-tracks. Un bijou écarté du noyau de Taciturne, alors qu’il en a certainement le profil d’un single marquant.

Ainsi, une nouvelle fois, Dinos n’est peut-être pas allé au bout du concept entre le « Jour » et la « Nuit », les morceaux s’inscrivant dans la suite de Taciturne mais ne proposant pas de conclusions alternatives. Toutefois, son esthétique s’avère moins brouillonne que celle de Vald, qui n’avait qu’empilé des couches pour éclater son opus en quatre parties.

Pourtant, la démarche artistique de Dinos s’avoue plus commerciale que volontairement artistique. «Ce n’est pas vraiment des outros, souligne Dinos pour Interlude. Ce sont juste des chansons bonus». Selon lui, l’album se conclut officiellement sur « Au revoir » et la voix de sa grand-mère.

À lire aussi : L’histoire derrière le featuring avorté avec Vald sur “Taciturne”

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