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Nelick : «Je me sens trop mal dans mon époque»

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Pour son nouvel EP Tatoo, on a pris le temps de s’entretenir avec Nelick. Spoiler : il aurait peut-être du performer lors des années 2000. 

«J’ai pas envie de grandir… Je suis un mec hyper nostalgique». Muni de son amour pour les années 2000, et de grandes influences rétro, Nelick vient de sortir un nouvel EP, Tatoo. Un projet qui parle essentiellement de lui, un enfant dans le corps d’un adulte. Sur des mélodies enfantines et légères, Kiwibunny dévoile sa sensibilité, sa peur de mûrir/vieillir, mais aussi son goût pour une époque où «la vie paraissait tellement belle et simple».

Alors qu’il a l’impression d’être né au mauvais endroit, au mauvais moment, le rappeur originaire de Champigny-sur-Marne aurait aimé faire un bond en arrière. «Je me sens trop mal dans mon époque. Tout ce qui marche à la radio, à la télévision, sur les réseaux sociaux, tous les sapes que l’on met aujourd’hui, tout… Il n’y a rien qui me parle. Moi, je suis un gars des années 2000, dans l’essence même, sourit-il. Et c’est pour ça que je parle beaucoup de mon enfance. J’avais genre 5-6 ans, et tout était plus simple, plus stylé, plus authentique».

 

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Nelick : «Aujourd’hui, tout est fake»

L’interprète regrette la vie sans téléphone, sans réseaux sociaux, ni filtre entre la réalité et «l’image parfaite» que l’on souhaite renvoyer aux autres de soi-même. «Aujourd’hui, tout est fake. Si tu ne kiffes pas ta vie sur Insta, alors tu ne kiffes pas ta vie dans la vraie vie, constate-t-il. En fait, t’as une image à entretenir». Même s’il est reconnaissant d’avoir percé grâce à la magie d’Internet, l’artiste mi-rap, mi-R’n’b reste conscient de la tournure malsaine que peut vite prendre le monde des réseaux sociaux. Pour Kiwibunny, aujourd’hui tout est obsessionnel.

«Avant, à l’époque de MSN, c’était cool de galérer à parler avec quelqu’un. Si tu lui envoyais 15 wizz et que la personne ne répondait pas, c’était mort. Ça voulait dire que tu n’allais plus jamais la revoir de ta vie», rit-il avec un brin de nostalgie. Fan d’une époque où il était encore innocent, Nelick aurait rêvé faire un feat avec Justin Timberlake. Selon lui, «la les années 2000, c’était plus iconique et classique». Plâtre, crayons feutres, candy-up, appareil dentaire ou encore Mickey… L’esthétique enfantine de Kiwibunny, présente dans ses clips, ses paroles, et sur sa pochette, ne sort donc pas de nulle part.

Nelick : «L’amour c’est ce qui m’anime le plus»

Passionné par l’écriture depuis ses douze ans, le jeune artiste plein d’imagination est aussi un brin sentimental. C’est à travers des mots, que Nelick fait vibrer ses maux sentimentaux. «L’amour, c’est ce qui m’anime le plus», avoue-t-il. D’ailleurs, si l’on écoute bien « Cadillac », il mentionne la même fille à qui il avait déjà dédié des chansons dans la Kiwibunnytape. «C’est toujours la même meuf, et ça casse les couilles. Mais c’est ça qui est cool. C’est rare les rappeurs qui peuvent parler sur quatre projets d’une même meuf. J’aime bien me dire que mes fans connaissent un peu cette story».

Même si beaucoup d’autres rappeurs parlent d’amour, lui, a l’impression de délivrer une version unique de ce sentiment : c’est son histoire. En quête d’authenticité, et sans filtre, Nelick s’est déjà posé la question de pourquoi il ne parlait que de ça. Mais finalement, la réponse, il l’a trouvée à travers son projet Tatoo : «C’est le truc que je vis, donc je ne vais pas parler d’autre chose», dit le chanteur.

Une « Nouvelle vie » pour Nelick

À travers Tatoo, un EP qui s’écoute et se comprend chronologiquement, on suit le récit du rappeur. Jusqu’au dernier son affiché sur la tracklist, « Seul dans le club », un morceau triste, qui semble à première vue clôturer son EP avec une fin pessimiste. C’était sans compter sur son sens du contre-pied. «J’ai rajouté le son caché « Nouvelle Vie », et j’aime bien cette ambition de lever la tête à la fin d’un album». Ce morceau, il le considère comme une musique Disney, et c’est exactement ce qu’il voulait transmettre.

Avec une topline «hyper mélodieuse», et une «belle morale», Kiwibunny nous offre un titre digne d’un dessin animé. «Y’a un problème, y’a une solution. Et la vie c’est un peu ça, c’est juste qu’on se prend trop la tête», explique l’artiste. Derrière sa volonté de pousser à fond le délire des musiques d’enfance grandioses, Nelick a un autre objectif. «C’est pour tous ceux qui m’écoutent. Leur dire de relever la tête, et que tout finira par s’éclaircir au bout d’un moment», dit-il.

«Capturer l’instant et y aller au feeling»

Et dans sa volonté d’honnêteté avec son public, l’artiste parisien s’émancipe des autres rappeurs. A travers son EP, Nelick offre une introspection personnelle. C’est le récit d’un homme, de ses déceptions amoureuses, du temps qui passe, et de ce qu’il doit laisser derrière lui. Mais ce qui compte vraiment pour le rappeur, c’est «capturer l’instant et y aller au feeling». Alors que ça fait moins d’un mois qu’il a fini son EP, Kiwibunny n’a pas réfléchi une seule seconde avant de le sortir au plus vite. Car il a décidé, avec son producteur Kofi Bae, d’y aller «en mode freestyle, et de faire de la musique comme on la ressent, sans compromis». Son projet entier, il l’a fait en cinq jours à Nancy. «J’ai découvert Kofi Bae sur YouTube, il faisait des typebeat, se souvient-il. Et ça a match, donc on n’a pas réfléchi».

Pour les clips de « Cadillac » et « Allo », notamment, l’artiste a fait le choix du 100% homemade. «A chaque fois que je mate des clips, et surtout à l’heure actuelle, je les trouve nuls. Il y a mille effets, mille trucs, et au final ça ne ressemble à rien. Pour moi, il n’y a même plus la volonté de toucher les gens. Il n’y a plus de message, vu qu’il y a trop de choses à regarder. Alors j’ai fait appel à mon entourage, pour créer quelque chose de simple et efficace. Quelque chose qui me correspond, à moi, à mon univers, et à l’ambiance de chaque son.»

«À l’époque, je ne me connaissais pas»

C’est grâce à son authenticité, et sa volonté de ne plus réfléchir, que Nelick s’est enfin trouvé. Et en se trouvant, le rappeur ne redoute plus chaque sortie, car il est désormais fidèle à lui-même, dans son travail, son art, et son mode de vie. «Non, je ne suis pas stressé pour Tatoo, parce que peu importe si le truc marche ou non, j’en ai rien à foutre, avoue-t-il. Maintenant, je suis tellement en accord et en symbiose avec ma musique, ce que je dis et ce que je transmets dedans, que je ne peux pas avoir d’appréhension».

Très fier de lui et de son avancée, l’artiste explique qu’avant, c’était différent. «Je faisais de la musique pour les mauvaises raisons, explique Nelick. Parce qu’en fait, à l’époque, je ne me connaissais pas. Maintenant je me connais, je sais qui j’ai envie d’être, dans la vie et dans la musique. Et ça, ça change tout». Touchant du bout du doigt la liberté d’être un artiste qui sait enfin où il va, Kiwibunny n’a plus peur. «Je suis tellement heureux maintenant», sourit-il.

Pour le rappeur, il faut changer le cours de la musique. «L’art de se faire comprendre, c’est super important car c’est ça aussi, l’art, pense-t-il. Mais à un moment, c’est moi ce projet. C’est moi qui suis allé chercher un petit producteur à Nancy, qui suis allé voir un pote pour les clips, et qui lui ai dit “Gros, tu vas être avec moi, et on va faire un plan séquence dans un golf bourrés”, et il m’a suivi. Sur le papier, c’est nul pourtant», rit-il. Il poursuit : «J’ai ramené vingt potes à moi éclatés, et on a fait n’importe quoi. Et ça, c’est moi». Tout ce qu’il fait ou dit dans sa musique, tout ce qui englobe son projet, «et même la promo» vient de lui et lui seul. Et le fait de tout contrôler, ça lui prouve que «ça ne peut être personne d’autre, et que ça ne ressemble à rien d’autre que moi», s’exclame l’artiste.

Ayant l’impression qu’avant, il ne réfléchissait pas vraiment, Nelick se sent grandi avec cet EP. «Avant, j’étais au studio, y’avait un son bien, et j’enregistrais point barre. C’était cool, mais ça ne changeait rien. D’autres auraient pu faire pareil. Alors que là, je me suis trouvé. Et même s’il y a des ressemblances avec des artistes comme Tyler, je ne suis pas un petit Tyler. Et c’est trop lourd de ne pas être le petit de quelqu’un». Selon lui, l’émancipation et la connaissance de soi sont la clé pour s’épanouir musicalement parlant. «Ce projet-là, c’est une renaissance. Maintenant, ma musique, c’est moi, et elle me reflète entièrement».

Dans le reste de l’actualité : Koba LaD et Laylow combinent sur “Batards”.

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