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Interviews

On a parlé de “Rien ne change”, des Saboteurs et de la scène avec robdbloc

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Le 18 novembre, robdbloc sortait Rien ne change, son cinquième EP. À l’occasion, on a rencontré le rappeur parisien pour parler de sa musique.

Après une année 2021 marquée par la sortie de trois EP’s, robdbloc s’est révélé cette année aux yeux du grand public. Un featuring impressionnant avec Jazzy Bazz, une performance remarquable lors du Grünt #53 avec les Saboteurs, le rappeur du Golstein Studios a prouvé qu’il était un découpeur d’exception, à l’image de ceux avec qui il brûle les micros. Rencontre avec robdbloc en marge de la sortie de son nouvel EP, Rien ne change.

Le 18 novembre est sorti Rien ne change, ton cinquième EP déjà. Comment t’es tombé dans le rap ?

J’étais tombé sur des morceaux de Disiz La Peste, Fonky Family ou Eminem très jeune. Il y a un truc qui m’a parlé tout de suite. Dans les prods, dans l’attitude des mecs, ce qu’ils envoyaient et ce qu’ils disaient. Même si je comprenais pas un quart des paroles parce que j’étais vraiment très jeune. Genre “J’pète les plombs” de Disiz, je ne comprenais pas la moitié des paroles mais je kiffais trop comment il débitait. Et il y avait certaines images que je voyais, quand il parle du McDo par exemple. Sans voir le clip, ça m’envoyait ces images là. Je kiffais. Puis la première fois que je me mets vraiment à faire du rap, c’est quand j’ai 17 ou 18 ans à peu près.

Mais je m’y mets en anglais au départ. J’écoute beaucoup de rap US à cette époque là, des mecs comme Biggie ou les gars du Wu-Tang, les Mobb Deep. Des trucs que j’écoute plus trop aujourd’hui mais qui m’ont bercé. Tous les classiques, surtout de New-York mais West Coast aussi un peu. Et ces rappeurs là m’ont énormément matrixé à ce moment là. J’écrivais avec d’autres gars et on se faisait des retours un peu sur nos textes. Mais c’était pété à mort. Le seul texte en français que j’ai écrit au lycée, je racontais que de la merde (rires). Puis je m’y suis remis avec un pote, peu après le lycée. On a commencé à gratter et ça a pris de plus en plus de place. Au début c’était vraiment juste tout les trois. On grattait, on tisait, on fumait et on kiffait se faire nos nouveaux textes.

À ce moment-là il n’y avait pas l’idée d’en faire un vrai métier ?

Pas du tout. Je n’avais aucune idée de tout ce qui entourait le simple fait d’écrire. Juste on écrivait et on mettait des prods. J’ai un pote qui fait beaucoup de musique, donc c’est lui qui nous faisait les prods. Et on faisait tout vraiment à l’arrache comme ça. Et le reste est venu petit à petit.

robdbloc

Au départ tu commences le rap sous le nom de Robin des Blocs. Quand est-ce que tu décides de changer de nom et pourquoi ?

J’ai changé en 2020, juste avant mon premier projet, Replay, avec Johnny Ola. C’est un EP de cinq morceaux qu’on a sorti peu après le confinement et c’est à ce moment-là où je me suis dit que ça commençait à être sérieux. Et je sais pas, j’ai regardé mon blase et je me suis dit que je n’avais pas envie de garder Robin des Blocs. Mon blase sur Insta ça a toujours été robdbloc, donc je me suis dit que j’allais garder ça.

Ce premier projet on voulait rapidement en parler justement. Avec un peu de recul tu lui trouves certains défauts ?

Non, je le kiffe. Il y a forcément des défauts et il y a plein de trucs qu’on a acquis depuis avec Johnny. Donc il y a évidemment pleins de défauts mais je suis très attaché à ce projet et ça m’arrive de réécouter un peu des sons. Même si je kiffe pas tout. Je reviens dessus de temps en temps, pour voir comment ça a vieilli aussi. Il y a des sons que j’assume moins auprès de moi-même avec le temps. J’aime pas ma voix ou ce que je dis, ça arrive quelque fois, mais on évolue et c’est carrément normal. Je m’écoute pas non plus tous les jours, mais de temps en temps je reviens à certains morceaux. Je me pose la question de savoir comment ils sonnent aujourd’hui.

Puis, l’année dernière, t’as publié une série d’EP intitulée Appt. Est-ce que tu t’es senti passer un cap avec ces projets ? Pas forcément artistique mais en terme de visibilité ?

Un peu plus. Après, vu que les trois EP sont sortis tout au long de l’année, je n’ai pas non plus trop capté comment ça montait. j’ai surtout senti que les gens qui me suivaient déjà un peu commençaient à capter qu’il y a une discographie qui se dessine, mais le vrai truc qui a fait la différence c’est la sortie de l’album de Jazzy Bazz. C’est là où j’ai vraiment senti qu’il se passait un truc.

Parlons-en justement, que ce soit de Jazzy Bazz ou plus globalement du Goldstein Studio. Comment tu rencontres tout ce monde ?

Je vais vous la faire le plus court possible mais tout en essayant d’être le plus précis en même temps (rires). En gros je passais pas mal de temps dans un studio à Créteil avec un ingé son qui s’appelle Waly. Il me donnait beaucoup de conseils et il croyait beaucoup en moi. Un jour il m’a dit que pour mon bien ça serait mieux que je cherche un studio plus sérieux, avec plus d’ambition. Alors j’ai été toqué à la porte du Goldstein dont j’avais vu la comm sur Facebook. À l’ancienne hein (rires). Mais du coup j’y suis arrivé en tant que client.

J’y ai fait deux ou trois premières sessions, avant de ne plus y retourner pendant un long moment, faute de tunes. Puis, début 2018, j’y suis retourné et à ce moment là on a tous accroché. On a commencé à passer plus de temps ensemble. Le rapport de client à studio professionnel était toujours présent, jusqu’à un jour où Johnny Ola et Jazzy Bazz m’ont appelé. Ils m’ont dit : «Vas-y gros, t’es chez toi. Paye pas tes sessions, viens. On roule ensemble, on va faire des projets ensemble». Ça a tout changé.

Main dans la main avec cette équipe, t’as donc dévoilé Rien ne change ce 18 novembre. Un format court, un de plus, avec sept titres. C’est un format sur lequel tu te sens plus à l’aise pour l’instant ?

C’est un format que j’aime bien. Je sais que je continuerai à sortir des EP quoi qu’il en soit. Mais c’est aussi comme ça qu’on a vu les choses pour le moment précis. On bosse et on va bosser sur un long format, bien sûr, mais pour l’instant on drop des EP. Là c’était un peu des morceaux qui allaient bien ensemble.

D’autant plus qu’à l’écoute on a l’impression d’un véritable projet coup de poing, très rapide. Il dégage quelque chose d’hyper instantané. Comme s’il avait été enregistré sur une très courte période.

En fait, on bossait pas vraiment cet EP là, mais on bossait plein de sons depuis longtemps. Le son le plus vieux a quand même trois ou quatre ans. Sauf qu’entre le moment ou on l’a enregistré et la gueule qu’il a aujourd’hui, ça n’a plus rien à voir. Le morceau en question c’est “Rien ne change”, mais il a vraiment plus rien à voir. Que ce soit la prod, mon texte qui a évolué, tout a beaucoup évolué. C’est un morceau qui a un peu traversé le temps, mais on a jamais été sûrs de savoir comment le sortir. Et au final, on l’a re-bossé cette année. Donc ouais, il y a des sons qui datent un peu, des sons un peu plus récents et c’est un mélange un peu de ces dernières années. Mais ça ne s’entend pas forcément parce qu’on a fait un travail d’arrangements sur tous ces morceaux, des fois même un travail de re-prod. Moi j’ai actualisé mes paroles. On a tout actualisé en fait.

Justement Rien ne change, plus que le nom de l’EP ou le titre d’un morceau, ça semble être un vrai mantra que tu développes tout au long du projet. Avec ces derniers mois où on imagine qu’il a du se passer plein de choses via le rap, est-ce que c’est toujours aussi vrai ?

Ça me parle encore. C’est encore le constat que je peux faire de ma vie en général, sans être pessimiste. On verra ce qu’il peut se passer dans les prochains mois et les prochaines années mais je suis encore en région parisienne, il y a toujours les mêmes trucs qui me saoulent un peu, j’ai des moments où je me sens pas au max ici donc je sais que j’ai besoin de bouger. Parce qu’ici j’ai l’impression qu’il n’y a rien qui bouge. Mais ça ne concerne pas que la musique ou que le privé, c’est un constat un peu général.

Au sein de l’EP il y a une collaboration avec Ratu$ et Tedax Max. Si l’on sait que Ratu$ évolue dans le même cercle que toi, on se demandait comment la connexion avec Tedax s’était faite ?

C’est Ratu$ qui me l’a présenté. On traînait à Lyon pour un concert de EDGE il me semble. Et du coup on s’est retrouvés à Lyon pendant quelques jours avec Ratu$, Marty Santi et d’autres potes, Saboteur et Goldstein, et Ratu$ devait bosser avec Tedax. Du coup on y est allés et j’ai connecté avec Tedax qui est un bête de gars. Il nous a accueilli dans son stud’, on s’est posés, il y avait des prods qui tournaient. Au final il y en a eu une sur laquelle ils grattaient, j’ai été inspiré dessus et au final ça a fini sur un morceau à trois. On ne savait pas trop quoi en faire, les gars avaient pas forcément d’actu immédiate, moi j’étais en train de préparer mon EP et Johnny m’a dit que le son était chaud et que je pourrais le récupérer. Les gars étaient d’accord, on l’a re-structuré et ça a donné “6993”.

Quand tu te retrouves avec deux découpeurs de cette trempe, en tant que gros kickeur est ce qu’il y a une petite compétition qui s’installe entre vous trois ?

Il y a toujours ce truc où t’as envie de faire le meilleur couplet possible, mais c’est pas à un tel point où je me dis qu’il faut que j’écrase les autres. En tout cas moi, c’est pas comme ça que je le vois. Faut qu’on ne puisse rien me dire sur mon couplet, il faut qu’il mette tout le monde d’accord. Et c’est une satisfaction personnelle quand tu t’es mis d’accord, quand tu sais que t’as boxé. Donc il y a cet esprit de compétition, mais très sain parce que c’est pour le bien du morceau finalement. J’ai commencé en écrivant des textes avec mes potes et déjà là il fallait choquer les autres, mais dans le bon sens, t’as envie qu’ils kiffent ce que je fais et qu’ils se prennent le truc. Et c’est totalement l’énergie que je retrouve en faisant des sons comme ça.

Lorsqu’on est un rappeur très porté sur la rime et la découpe comme tu l’es, est ce qu’il y a une pression en plus d’évoluer avec des rappeurs qui sont déjà identifiés et connus pour ça ?

C’est pas vraiment de la pression. Il n’y a que des gens qui te tirent vers le haut en fait. Parce que tout le monde est un peu en fuego en ce moment, que ce soit Ratu$, Deen, Alpha, tous en fait. Donc tout le monde se tire un peu vers le haut. Tu te dis : «Ah ouais ! Faut pas que je sois à la traîne». Et ça ça me tire vers le haut, c’est un vrai boost. Ils sont tous chauds, c’est une vraie inspiration. D’autant plus que c’est, pour la plupart, des gars que j’ai entendu rapper avant de les connaître personnellement.

Est-ce que ça a pu être compliqué justement d’oublier ce rapport avec ces mecs là ? Passer d’auditeur à rappeur au même titre qu’eux.

Pas forcément compliqué. Tout s’est fait hyper naturellement. Jazzy on s’est rencontrés au studio et petit à petit on a commencé à plus traîner ensemble etc. Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. Et puis quand on est tous au studio, il n’y a personne qui est au-dessus de l’autre. Ça se fait d’humains à humains et moi je leur ai toujours dit que je les écoutais depuis longtemps et que ça faisait plaisir. Ils ne m’ont jamais pris de haut. C’est surtout une reconnaissance quand c’est des gars qui pratiquent depuis longtemps, parce que tu te dis que si des gars qui en sont à ce stade là dans leur carrière ont de la considération pour ce que je fais, c’est que je suis sur le bon chemin.

Récemment on a pu te voir sur le Grünt #53 Saboteur. On sait que c’est le genre de formats qui fait réagir le public. Est-ce que t’es attentif aux avis et ce qu’il peut se dire de toi sur Twitter ?

Ouais, je regarde de temps en temps. J’essaie de pas y être trop accro, de pas y passer trop de temps à la recherche du moindre truc. Mais ça m’arrive de taper mon nom et regarder, comme tout le monde. Et j’ai pour le Grünt j’ai senti que le public s’est pris le truc mais vraiment dans sa globalité. Chacun a parfois son petit préféré et c’est assez divers et varié.

D’ailleurs, que ce soit toi ou Blaz Pit, vous faites partie du freestyle sans apparaître forcément sur la tape. Comment ça se fait ?

On se retrouvait tous à New York en même temps. Moi je bossais pour mes clips. Dans la même quinzaine de jours j’ai tourné le clip de “Long Beach” avec EDGE. Eux arrivaient du Canada pour la tournée de Jazzy et Deen. On était tous là-bas. Et Blaz Pit, comme moi, on était là pendant la création de la tape. Il y a eu pleins de morceaux qui ont été faits, donc on était dans la création du truc. Et vu qu’on était à New-York, les gars nous ont dit : “Vas-y, let’s go”.

Plus tôt dans l’année t’as fait la première partie de EDGE à la Boule Noire. Plus récemment t’étais en guest sur la tournée de Jazzy Bazz. La scène c’est quelque chose qui te plaît ?

Ouais je kiffe. En fait ça fait assez longtemps que je sais que ça me plait. Il y a déjà quatre ans je faisais les premières partie de Jazzy et c’est à ce moment-là où je me suis dit que c’était mortel. Malheureusement avec le COVID ça avait totalement arrêté le truc. Mais en vrai c’est peut-être ce que je préfère. Pour les moments qu’on partage quand on est tous en équipe et les soirées qu’on passe quand il y a un concert, il n’y a rien qui égale ça. C’est très bien le stud’ et je sais pas lequel je préfère en vrai. Mais c’est des moments vraiment différents. Il y a une sensation, un truc qui te traverse.

On imagine qu’il y a une réelle envie de faire des tournées en ton propre nom du coup ?

Carrément ouais. Ça viendra en temps voulu mais c’est un objectif.

Rien ne change c’est déjà ton cinquième EP. Est-ce que tu penses déjà à un premier album ? Ça peut être un cap important, quelque chose d’un peu sacralisé pour certains artistes.

Justement je me pose la question de savoir si je dois me détacher de ça. Mais j’ai l’impression d’être paramétré sur l’album. Faut que ce soit un film un peu, vulgairement parlant. Un truc bien ficelé, avec une espèce de trame. Le but ce serait de step-up aussi. Là, la cohérence dans l’EP vient principalement du discours et peut-être que pour un album il faut que ce soit au-delà du discours. Que ce soit vraiment plus travaillé au niveau aussi de la manière dont les morceaux peuvent s’enchaîner et comment faire vivre le projet entre les morceaux.

robdbloc – Rien ne change

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