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Orelsan : les deux versions abandonnées de « Finir mal »

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orelsan finir mal
© David Tomaszewski

« Finir mal » de Orelsan aurait pu être bien différent, en témoigne ces deux versions abandonnées, que le rappeur avait dévoilé lors d’une émission exclusive à France 4

« Finir mal » est l’une des pièces maîtresses de Le chant des sirènes. Dévoilé en 2011, cet album, deuxième d’Orelsan, renferme en son coeur une colonne vertébrale composée d’un diptyque mémorable : « Double vie » et « Finir mal ». Cet enchaînement si caractéristique raconte la chute d’un homme en deux actes paradoxaux. Le premier, « Double vie », met en scène la narration d’un personnage menant une vie de couple tranquille, cachant toutefois de sulfureuses activités sexuelles dans le dos de sa compagne. S’il décrit la femme parfaite, l’homme ne contrôle pas ses pulsions et croit la mener en bateau, tout au long d’un morceau humoristique et entraînant.

Le titre se termine sur les mots « Finir mal », qui propulse une seconde partie infiniment plus sombre. Une inquiétante basse surplombe une production sombre et orageuse. Sans qu’il ne décrive le point de rupture où sa copine a découvert son jeu double, l’artiste se morfond dans de profonds regrets narrés avec une touchante sincérité. Comme à son habitude, Orelsan supplante un spleen amoureux au profit de descriptions naïves et fidèles. Son interprétation, où il se laisse submerger par l’indifférence que l’oblige à encaisser sa bien-aimée, prend au coeur.

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Orelsan : «Ça ne me ressemblait pas assez»

Toutefois, cette version de « Finir mal », obscure et déprimante, est la troisième imaginée par l’artiste. En effet, lors de l’émission Une nuit en enfer sur France 4, Orelsan a dévoilé deux autres versions du morceau, bien différentes. La première conserve une facette mélancolique, toutefois recouverte d’une ambiance pop. En outre, les paroles changent quelque peu, mais le rappeur aborde un flow chantonné et autotuné. La rupture avec « Double vie » s’avère alors plus délicate, plus souple. L’émotion s’en dégage différemment. «Ça n’allait pas, ça ne me ressemblait pas assez», décrit Orelsan, constatant un texte moins brut.

La seconde version reprend l’instrumentale de… « Pas n’importe quel toon ». Un morceau énergique et explosif, publié quelques années plus tard dans la bande-originale de Comment c’est loin par les Casseurs Flowters. Cette version, beaucoup plus rapide, se veut évidemment moins sentimentale. On conserve l’aspect légèrement cartoonesque développé dans « Double vie », avec un récit amusant et ironique. Le texte est cependant quasi similaire, à l’exception près que les phrases tragiques énumérées dans la version finale prennent ici une ampleur plus amusante.

Finalement, Orelsan optera pour une ambiance volontairement plus noire, en mêlant les deux textes de ses précédentes versions. Son choix s’est révélé aussi pertinent qu’efficace, puisqu’il a permis au morceau de renforcer l’ossature mature de l’album, avec un défi auto-critique réussi. Pour détacher de Perdu d’avance, Orelsan prend cette fois-ci conséquence de ses actes. « Finir mal » ouvrira d’ailleurs vers « Si seul », où l’artiste s’élève jusqu’au toit d’un immeuble dans le clip, sous-entendant un suicide.

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