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Connaissez-vous vraiment les origines mythiques du rap français ?

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Il faut avoir plus de 50 ans pour prétendre avoir entendu les premiers cris d’un nouveau-né, que l’on nomme aujourd’hui le rap. 

En soufflant sur la bible du rap français recouverte d’une épaisse couche de poussière, les noms des premiers prêcheurs apparaissent: Chagrin d’amour, Élégance, Krootchey ou encore François Feldman. « Paris Latino » de Bandolero est alors considéré comme un morceau rappé (fais pas genre tu regardais pas la Star Académy 2…). Des noms qui ne sonnent pas franchement Hip-Hop, et pourtant… Ils sont les premiers, dès le début des années 1980 à sortir des morceaux rap. Une « street credibility » proche de zéro et des thèmes légers.

Nous allons vous décevoir, mais la sainte révélation n’est pas venue de la rue française. Des messagers venus de l’autre côté de l’atlantique ont diffusé les premières prières en anglais à la radio. Les maisons de production sentant cette vague américaine débarquer dans l’hexagone, proposent à des artistes de variétés de rapper. La rue commence à s’approprier le mouvement Hip-Hop via le rap, le graff et la danse. Saviez-vous que Joey Starr a débuté dans le Hip-Hop par la danse ?

Première messe

Les apôtres de l’époque réunissent une audience très faible, ils s’appelaient: Daddy Yod, Destroy Man, Jhony Go, Mickey Mosman. Ils sont nombreux à cette époque à rapper uniquement en anglais. Ces premiers artistes à prendre le M.I.C. composent une scène parisienne confidentielle. Les églises Hip Hop sont peu nombreuses: le Bataclan, la Grange-aux-belles ou le Globo permettent aux pionniers de s’exprimer lors d’open-mic. Quelques artistes de cette époque ont survécu pendant l’âge d’or des années 1990, mais peu connurent un vrai succès commercial. Très vite, de nouveaux noms apparaissent: Nec plus ultra, Assassin, New Generation MC, Saliha, Timide et sans complexe. Solo du groupe Assassin est considéré par les puristes comme la première star du rap français, Saliha sa première prophétesse.

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Six lettres pour une messe, Sidney comme maître de cérémonie, le Hip-Hop déboule à coup de smurf et rap très « Yo Yo Yo » dans les foyers français. Le jour du seigneur Hip-Hop de TF1 ne durera qu’un an et beaucoup annoncent lors de la fin de l’émission que le mouvement français est mort-né. 43 émissions et un générique devenu classique, cette émission a inspiré les rappeurs préférés de ton rappeur préféré. Sidney sortira en 1990 le morceau « Nation Rap » avec un DJ aujourd’hui mondialement reconnu, David Guetta.

Religion Rap

Entre 1988 et 1990, France, fille aînée du rap, se fait baptiser sur les ondes de Radio Nova. L’eau bénite coulant sur son front est composée de freestyles légendaires animés par les vrais parrains du rap game Dee Nasty et Lionel D. Ainsi, les plus grands prêcheurs se sont arrêtés au micro du temple Nova: Saint Claude dit Solaar, les démons du 95200, le Ministère AMER mais aussi les Suprêmes aux triple lettres blasphématoires. Lionel D, retombé depuis des décennies dans l’anonymat, avait été annoncé mort pendant une longue période mais a ressuscité miraculeusement pour le plus grand bonheur des croyants de la première heure. Ce prêtre du rap avait la particularité de présenter son émission sur Nova entièrement en rappant. Imaginez Fred Musa animer Planète Rap entièrement en improvisant !

Fin des années 1980, Paris devient trop petit pour la religion rap. Le message se diffuse jusqu’à Marseille. En 1988, se forme une nouvelle école avec comme prophètes Akhenaton, Kheops, Shurik’n, Kephren, Imhotep et Freeman. IAM de la planète MARS, impose la planète rouge comme des concurrents des églises parisiennes. Le groupe légendaire envoie des cassettes du projet « Concept » à la presse parisienne en s’annonçant par écrit comme le meilleur groupe de rap en France. Dix années après sort le chef d’œuvre Si Dieu veut… de la Fonky Family. Dieu doit bien aimer le rap, l’album aura un immense succès commercial et le groupe aujourd’hui séparé a une haute place dans le clergé de France. L’histoire d’amour entre le rap et la religion chrétienne se poursuivra dans les années 2000 lors une crise d’adolescence rebelle. Booba qui déclarera se « laver le penis à l’eau bénite » dans son album 0.9. Le DUC insérera d’ailleurs de très nombreuses références au Christ dans ses morceaux.

À l’aube des années 1990, ils furent les fondements de la maison rap français. Prions pour eux de ne pas avoir à écouter du rock. Amen.

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