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Après leur entrée « Dans la légende », on a imaginé le prochain album de PNL comme un retour « À l'état sauvage » Après leur entrée « Dans la légende », on a imaginé le prochain album de PNL comme un retour « À l'état sauvage »

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À l’état sauvage : et si on imaginait la prochaine légende de PNL ?

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L’impatience autour du prochain projet du groupe PNL s’accroît de jour en jour. Avec elle, de nombreuses rumeurs sur le contenu de l’album, et bien entendu, sur son titre. Parmi elles, le nom « À l’état sauvage » se démarque. Et si celui-ci était le plus approprié après une entrée « Dans la légende » ? Un retour à l’état primitif, après une ultime évolution…

Il n’est pas sans savoir que les deux frères les plus côtés du rap français était dernièrement à Montréal, possiblement pour finaliser leur nouvel album. Après deux opus dotés d’un succès qu’on n’explique plus, Ademo et N.O.S ont en effet commencé à teaser leur retour à travers quelques timides stories Instagram et Snaps. Cette récente activité des deux rappeurs a semé des doutes, dont celui que l’album en question puisse s’appeler « À l’État Sauvage ». On ne sait pas vraiment d’où part l’info’ bien qu’elle ait rapidement fait le tour du web. Tout ce que l’on retient, c’est que ce supposé nom d’album leur irait à merveille. Voilà pourquoi.

« À l’état sauvage » : le prolongement de l’oeuvre de deux rappeurs discrets

Cela va sans dire, PNL n’est pas le groupe le plus médiatisé du rap français. Il ne cherche pas à l’être non plus, puisque ses deux membres expliquent : « On chante en public, mais nos larmes sont privées » (91’s). Plutôt réservés quand il s’agit de leur vie intime, les deux artistes ne se contentent que de partager quelques bribes de leurs aventures musicales de temps à autre. Mais au plus grand regret des fans, ça s’arrête là. Pour l’instant, ces derniers n’ont encore pas réalisé la moindre interview et jouent beaucoup sur ce mystère qu’ils entretiennent chaleureusement. « À l’État Sauvage », ce serait donc l’expression idéale pour décrire le duo, qui semble vivre en marge du monde rap dans lequel ils évoluent pourtant avec brio.

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Presque pas de featurings, pas de promotion sur les projets et une succession de secrets bien gardés. L’élixir miracle du groupe le plus en retrait que le rap français ait connu. Un peu comme des sauvages, PNL règne sur le rap comme s’ils y étaient en autarcie. Et si cela veut dire qu’ils sont plutôt solitaires, cela montre aussi que la domination qu’ils exercent tous deux sur le milieu, les isolent de la concurrence. L’idée d’un album un peu sauvage affirmerait donc un côté égotrip poussé à l’extrême ainsi qu’une volonté de conserver ce qui a fait leur succès: cette fameuse distance vis à vis du reste de l’industrie.

Le domaine du sauvage, une thématique déjà explorée par le passé

Que ce soit dans « Loin des Hommes », « Uranus » ou « Onizuka », les deux rappeurs ont déjà affirmé qu’ils venaient d’ailleurs. Loin de la France, le pays de leur succès, Ademo et N.O.S semblent évoluer à l’autre bout du globe avec des influences japonaises revendiquées, si ce n’est sur une autre planète, avec de nombreuses occurrences aux astres (la Terre est d’ailleurs l’un de leurs symboles). À l’image d’ovnis dans le rap français, les deux acolytes ont apporté sans effort le cloud rap dans l’hexagone, comme s’il venait d’une autre époque.

Mais l’état sauvage est aussi à entendre dans son sens propre. Sauvage signifie par définition : « Qui vit en liberté, souvent de façon primitive ». Le terme peut aussi être compris comme « celui qui fuit toute relation avec les hommes ». N’est-ce pas là ce que s’entêtent à faire nos deux légendes françaises ? Littéralement parlant, en déversant leurs mots sans concessions et en contant la vie telle qu’elle est, sans artifice, PNL apportait déjà au rap une barbarie inouïe, là où la tendance était au contraire à l’exacerbation des sentiments.

Et cette violence des mots, ils l’amènent aussi et surtout avec leur attitude, tantôt faussement nonchalante, ainsi qu’avec des visuels empruntés à d’autres horizons. Dans ce sens, le clip « À l’ammoniaque » est peut-être le plus révélateur, seuls dans le désert comme livrés à eux-mêmes. Ce nouveau titre prouvait à lui seul la profondeur autarcique quasi-détonnante de l’oeuvre PNL. D’ailleurs, « Oh Lala » livrait déjà subtilement ce même ressenti à l’époque, montrant le duo comme solitaire et indépendant. Au bord d’un rivage sur lequel leur avion s’était échoué, PNL rappelait le film phare Seul au monde, connu pour décrire l’histoire d’un homme qui apprend à vivre sur une île, loin du monde.

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Mowgli, l’allégorie d’une solitude affirmée

Dans un autre registre, quelle imagerie présenterait le mieux la sauvagerie du groupe que « On enverra Mowgli chercher médailles » ? Réalisée en pleine nature, avec un singe pour seul protagoniste, la vidéo montre un décor en friche, prenant place au beau milieu de la jungle. Là encore, le singe évolue seul, dans le paysage dépourvu de civilisation, et va chercher, sans demander l’aide de qui que ce soit, le disque de diamant de ses maîtres.

Par ailleurs, Mowgli est le petit homme tiré des contes légendaires (coïncidence ?) de Rudyard Kipling. Sa spécificité: il a grandi seul, élevé par une meute de loups. Et sur ce coup-là, les rappeurs font forts, car les clins d’œil à ce personnage abreuvent leurs disques (« À l’Ammoniaque » montre Ademo, tête relevée, face à la pleine lune), et cette fameuse vidéo mystérieuse, glissée en mai 2017 aurait peut-être pu ressembler déjà à l’époque, à un avant-goût d’un prochain projet, plus rustique.

Après la légende, le déluge ?

Enfin, s’il y a bien une chose qui nous laisse croire à la possibilité d’un nouvel album conceptuel autour de cette indépendance un peu brute des deux artistes, c’est le succès auquel ils ont été confrontés. Eux qui ne semblaient déjà pas apprécier énormément la notoriété ont fait les frais de leur différence : leur envie de distancier musique et vie privée a fait d’eux de véritables bêtes de foire, attendues au tournant, à la moindre de leur apparition. Alors oui, peut-être était-ce voulu et qu’on a là une simple technique marketing orchestrée par des personnages plus haut placés qu’eux. On pense notamment à l’idée de leur série de clips sur YouTube, que les amateurs de rap français attendaient avec le plus grand empressement. À chaque nouveau clip, il s’agissait de records de vues que PNL cumulait, avec une aisance déconcertante.

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Or, si les hommes derrière PNL sont autant attachés à cette mise à l’écart qu’ils le disent, les frères n’ont pas dû se réjouir d’être au centre de cet émoi et de toutes ces théories à leur égard. Pourtant, le paradoxe réside dans le fait qu’on sait que les deux artistes sont fiers de leur réussite et aiment leurs fans, puisqu’ils évoquent cela de façon récurrente dans de nombreux titres et publications.

Toutefois, le groupe de rap a mis un point d’honneur à se placer d’autant plus en retrait après « Dans la légende », de par une absence prolongée. Cette fausse tentative de se faire oublier n’a fait que resserrer davantage la connexion qu’ils avaient avec leur public. Mais elle témoigne aussi de l’impasse à  laquelle les deux rappeurs sont confrontés depuis la sortie de leur dernier opus : comment apporter quelque chose de nouveau, et rester à la hauteur, après avoir offert un Graal au rap français et avoir rédigé leur propre épitaphe avec cette légende savamment écrite ? En d’autres termes, comment revenir d’entre les morts ? Parviendront-ils à offrir une résurrection plus belle encore que leurs adieux ?

Des cendres naît le phénix

Ce sont donc en fins stratèges qu’Ademo et N.O.S ont dû penser la suite pour mieux se réinventer. Pire encore, ils ont dû apprendre à reconstruire un empire sur les ruines de deux années solides, encore profondément ancrées dans les mémoires des français, qu’ils en soient les admirateurs ou les dénigreurs. Ceux-ci ont alors assurément orchestré le coup, tournant leurs particularités à leur avantage dans la préparation de ce futur retour.

Ainsi, s’ils choisissent bel et bien un album sur le thème du sauvage et de l’indomptable, les deux rappeurs pourraient aisément justifier à la fois leur départ inopiné durant plus de deux années, leur désir de ne pas faire d’interviews, tout comme leurs opus « homemades ». Du tout bénèf’ pour PNL, qui pourrait ainsi se lancer dans un projet bâti sur un ensemble de références et visuels, qui ne ferait non pas de ce sujet un simple choix préférentiel, mais une base sur laquelle rendre leur carrière d’autant plus cohérente.

Et évidemment, cela élèverait les deux stars vers une nouvelle dimension, confirmant leur statut de maîtres en gestion d’image. Si rien n’est sûr quant au titre du prochain projet, l’hypothèse « À l’état sauvage » offre ainsi une satisfaisante continuité pour les interprètes du groupe PNL. Elle viendrait boucler la boucle, en permettant enfin aux rappeurs de s’investir pleinement dans un univers qu’ils n’ont eu de cesse de mentionner dans chacun de leurs projets, ainsi que dans leurs choix de carrière : l’indépendance, à l’état pur.

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