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Serge Dassault aurait-il commandité l’assassinat du père d’Ademo et NOS ?

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L'homme qui a tenté de tuer le père de Ademo et Nos est mort cette semaine

Quel est le lien entre le défunt homme politique et le père du duo de rappeurs, René Andrieu ? 

Ils ne s’en sont jamais cachés. Les deux rappeurs de PNL sont des enfants de la Cité des Tarterêts, située dans la ville Corbeil-Essonnes. Mais leur origine géographique demeure peut-être une des seules informations dont le grand public est certain, avec les noms des frères Andrieu : Tarik (Ademo) et Nabil (N.O.S.). Stratégie de communication jusqu’au-boutiste ou sauvegarde d’une enfance et d’une vie privée intentionnellement pavée de zones d’ombres ? Ce n’est pas ici que vous trouverez la réponse…

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Cependant, derrière ce voile mystérieux qui recouvre les deux seuls rappeurs à avoir constamment refusé de jouer le jeu de l’interview, une figure extrêmement forte s’est affirmée dans l’enfance et la vie des rappeurs. Celle de leur père, René Andrieu (à ne pas confondre avec le rédacteur en chef du journal l’Humanité entre 1953 et 1984).

« J’suis un lion, pas un mouton, j’suis comme baba »

« Braqueur repenti » ; « ancien taulard »; « ex-délinquant… ». Tels sont les qualificatifs employés par les médias pour qualifier le personnage de René Andrieu, évoqué le plus souvent pour sa relation avec le richissime industriel et défunt maire de Corbeil-Essonnes entre 1995 et 2009. Des qualificatif qui ne vont pas être réfutés par les rappeurs. Au contraire, de cette virilité paternelle teintée d’illégalité semble avoir émergé une certaine fierté des enfants Andrieu au fil de leur enfance, et surtout de leurs textes :

« Élevé par un bandit, plus tard
J’veux faire comme mon papa, maîtresse »
– (« Je vis je visser »)

« Où avec Tarik, papa, Sarah j’ai di-gran, là où j’étais qu’un fils de dit-ban. Là où j’avais la confiance même avec les grands parce que mon papa, c’était le plus méchant » – (« Chang »)

Toutefois, après plusieurs années passées à la maison d’arrêt de Poissy (si l’on en croit l’article du Society n°82 du 14 octobre 2016, « L’enfance de l’art » ), le même René Andrieu se trouve à l’initiative de l’association « Tarterêts 2000 » aux côtés du juge Albert Petit (rencontrés au cours de ces démêlés judiciaires). Une association pour aider les plus défavorisés, qui allait dans le même temps faire de lui une des figures fortes du quartier, en lui donnant « cette image d’homme extraordinaire qui faisait tout pour aider » (selon certains sources tirés du même article) en même temps qu’un capital politique non négligeable.

Nous sommes en 1995. Tarik va avoir 9 ans, Nabil 6. Et leur père aime à se présenter parfois comme « maire des tarterêts » (Society). Cette cité où ils vivent, qui représentent avec ses 10 000 habitants presque un quart de la population corbeil-essonnoise. Cette cité qui va s’avérer vitale en terme de capital électoral pour le futur candidat à la mairie de la ville : le grand industriel, devenu l’une des fortunes les plus importantes de l’Hexagone, Serge Dassault.

Le premier contact entre les deux a lieu par l’intermédiaire du juge Petit. Serge Dassault, récemment caillassé à sa visite de la cité, et René Andrieu, réalisent mutuellement l’intérêt que l’un peut avoir pour l’autre. Ainsi en échange d’un coup de pouce financier à l’association d’Andrieu, Dassault aurait tenté d’asseoir sa popularité dans ces quartiers populaires (traditionnellement cadenassé par les forces communistes) en s’assurant le soutien d’une figure locale. Le début du « système Dassault« , où régnait clientélisme et où l’argent achetait la paix sociale ? Ou l’amorce d’une simple entente pour tenter de trouver un équilibre dans la ville sur laquelle allait régner Serge Dassault ?

Quoiqu’il en soit, l’entente entre les deux semble tenir, et cela jusqu’au départ en catastrophe des Andrieu pour la Corrèze en 2001 (pour des raisons encore peu claires, en rapport avec une cargaison de cannabis selon certains). Un passage de plusieurs années à Brive-La-Gaillarde, où le père ne manquera aucun des matchs de football de son fils Nabil (Society), et où la vie relativement morne semblera suivre son cours sans grande incartade ou écart de conduite pour les deux adolescents. Des années où cette devise du « Que La Famille » s’est graduellement enracinée au plus profond de leurs cœurs. Mais sans que les Andrieu réussissent à trancher les liens les unissant avec Corbeilles-Essonnes.

Serge Dassault et René Andrieu lors de leur première rencontre dans la cité des Tarterêts. Extrait du documentaire de Daniel Karlin et Rémi Lainé consacré à la ville de Corbeil-Essonnes, « Du côté de chez nous ».

Le retour aux Tarterêts

« Je pense qu’ils ne devaient pas être contents d’être là. Que ce n’était pas chez eux » estime une camarade de Tarik de l’époque Corrézienne pour Society. Et effectivement, au début des années 2010, Ademo et N.O.S. décident de retourner au bercail. Rapidement suivis par leur père, le retour aux Tarterêts n’est pas simple pour leur paternel si l’on croit les témoignages de l’époque. Et c’est le 10 novembre 2012 que son chemin va re-croiser (volontairement) celui dont l’élection fût invalidée par le Conseil d’Etat pour ses dons d’argent à la population en 2009 : Serge Dassault.

L’échange entre les deux protagonistes dans le bureau de l’ancien est filmée à l’insu de ce dernier par Fatah Hou (ex-boxeur), et ces images feront à l’époque la une de Mediapart et du Journal Du Dimanche. La demande des deux « gros bras » à la cinquième fortune de France est claire : ils veulent l’argent que Serge Dassault leur doit (selon eux) : « On a fait la campagne et on s’est pas fait régler. Tout simplement. » L’argent promis par ce dernier pour son poste pour l’association ? Pour autre chose ? Ou une simple tentative de racket avec ces nombreux dons qui auraient attiré des convoitises ?

La réponse de l’industriel à ces demandes de régler ces dettes clientélistes se fait rapidement. « Voyez avec Younès. J’ai tout payé […] Je ne peux rien sortir je suis surveillé par la police ». Younes Bounouara, qui aurait selon certaines sources, reçu presque deux millions d’euros ayant transités par le Liban, qu’il était sensé redistribuer dans toute la mécanique clientéliste de moins en moins bien huilé de Serge Dassault au cœur des Tarterêts. Le ton monte, et les déclarations sont accablantes pour l’ancien maire, déjà au cœur d’une myriade de procédures judiciaires doutant de sa « générosité » pendant son temps passé à l’hôtel de ville de Corbeil-Essonnes.

Et c’est là, moins de trois mois plus tard, que les deux « racketteurs » de la cinquième fortune de France deviennent la cible d’une tentative de meurtre par fusillade. L’homme de main de Serge Dassault, le même Younès Bounouara, blessera grièvement Fatah Hou par ses tirs. Ayant plaidé d’avoir agi sur le compte de la légitime défense, par peur de ces deux hommes qui le cherchaient pour retrouver cette somme qu’il affirmait ne pas avoir reçu, Younès Bounouara est condamné depuis. Et Serge Dassault, lui, porte plainte contre René Andrieu pour « appels téléphoniques malveillants réitérés, tentative d’extorsion de fonds, chantage, menaces, recel et complicité de ces délits » peu de temps après. Un combat judiciaire sans fin, sans que la lumière n’ait vraiment pu être faite sur la profondeur et les ramifications de l’affaire. Mais une rancœur pour l’ancien maire toujours présente dans les textes des deux frères :

« Chez moi le maire est le nerf de la guerre […] Pas de héros héros, apparemment le monde est dar, j’l’ai dans le viseur » – (« Uranus »)

« Igo on veut la ville, boire le sang du maire » – (« Dans la légende »)

Les deux frères ne se sont jamais exprimés publiquement sur le sujet.

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