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Qu’attendre de « Maison », le nouveau projet de Roméo Elvis ?
Ce vendredi, après une promotion express, Roméo Elvis lèvera le voile sur Maison, son nouvel EP et premier projet post-Chocolat. L’occasion de se replonger dans l’univers d’un artiste à l’année 2019 étrange.
Quelques boîtes de Chocolat dans les placards, des restes d’invitations de NRJ Music Awards sur le sol et un disque de platine accroché au mur : voilà comment on imagine la maison de Roméo Elvis en ce début d’année. Incontournable en featurings, dégoulinant d’influence sur Instagram et figure d’un rap déjanté et décomplexé, Roméo Elvis jouit d’une notoriété prodigieuse qui traverse les frontières d’un rap bruxellois qu’il avait prédit dès 2016.
Mais l’artiste paye également auprès de sa communauté le prix d’un personnage public chatouillant des sphères que le rap lorgne d’un mauvais oeil. Le pari ambiguë de Chocolat, présentant un univers multiple, difficilement perceptible, vagabondant entre fulgurances et prises de risques improbables, a égratigné le crédit d’un artiste qui restait jusque-là niché dans sa Morale. La réception contrastée de l’album ouvre différentes perspectives sur le futur d’un Roméo Elvis lucide sur son projet et son avenir. Reste à savoir quelle décoration a-t-il choisi pour sa Maison, à paraître le 24 avril.
Établir définitivement son univers
Chocolat était conçu comme une boîte où les morceaux représentaient des friandises dévoilant l’univers éparpillé de Roméo Elvis. C’est en tout cas comme il le décrit. Soit, mais à l’issue de l’album, difficile de percevoir l’univers d’un artiste trahi par ses facettes volatile et hyperactive. Roméo Elvis regorge de talent et d’idées qu’il a choisi de déstructurer volontairement dans un album dissipé. Le rendu renvoie à une sélection naturelle de l’auditeur qui pioche au sein de la boîte les morceaux qu’il choisit. En somme, chacun a ses favoris et ses pâtes de fruit. Reste à trouver de la cohérence et du corps. Ce sera l’objectif du second album, exposé à travers les morceaux de Maison. Roméo Elvis doit canaliser son énergie et sa fantaisie au profit d’un projet plus stable et à son image.
Les dangers du double-visage
En qualifiant lui-même son Chocolat de «trop pop», Roméo Elvis prévenait : «J’ai hâte de voir ce qu’ils penseront du prochain EP». Comme pour sonner un retour à l’atmosphère plus obscure de ses premiers projets. Toutefois, c’est à travers cette rancoeur de l’artiste incompris que se dresse souvent le portrait du rappeur au double-visage imperceptible. Celui qui voudrait plaire à tout le monde. Les critiques de Chocolat s’attachent à démontrer la pluralité trop excessive de l’opus, qui en devient presque incompréhensible. Le «trop pop» n’est que le revers d’un artiste à la notoriété décuplée. L’alternance des univers de Roméo Elvis, à l’instar de « Drôle de question » ou « Lenita » dans La Morale 2, n’est pas un problème, sous couvert de cohérence.
Des collaborations pertinentes
Quels invités se cachent dans cette fameuse Maison ? À en croire la tracklist diffusée par le principal concerné sur Instagram, il n’y aurait que cinq morceaux, dénué de collaboration. Finalement, dans un post suivant, Roméo Elvis ouvre le débat : «Qui a posé sa voix sur « Maison » ?», demande-t-il avec des photos d’Angèle, Lomepal, Damso, Biffty et Michel Drucker. L’occasion d’en arriver à un point également vacillant de Chocolat. Avec son premier album, Roméo Elvis avait fait le choix de l’audace dans ses invités, écartant Angèle et Lomepal avec qui il avait pourtant brillé quelques mois plus tôt. Reste deux options pour Maison. La première, l’absence de featuring qui marquerait la volonté d’ancrer un univers propre et singulier. La deuxième, des invités plus familiaux, capables de porter l’opus avec un single. Les deux options sont intéressantes, mais on pencherait pour la première : Roméo Elvis n’est jamais aussi bon qu’en collaboration. On aimerait qu’il nous fasse mentir.