Musique
Ce que l’on se demande avant « QALF » de Damso
Ce n’est plus qu’une question de semaines (jours ?) avant que Damso ne lève le voile sur son tant attendu QALF. Un album fil rouge de sa carrière, qui devra nécessairement soulever quelques attentes.
QALF arrive, c’est une certitude. Et c’est presque la seule, étant donné le caractère mystérieux de ce projet longuement inespéré. Mais que Damso éclaircisse le bout du tunnel de son opus, d’abord annoncé en 2015, ne change pas grand-chose à sa trame encore imprévisible. En cinq ans, le rappeur bruxellois a eu de nombreuses occasions de ré-imaginer son oeuvre, laissant parfois filtrer des éléments contradictoires. Les morceaux qu’il contiendra, sa valeur dans sa discographie, ou même la preuve ultime qu’il est un artiste accompli en dehors des frontières du 92i : l’enjeu de QALF est immense. Et il fallait bien qu’on étaye une liste de questions qui trouveront nécessairement réponses dans quelques semaines.
— DAMSO (@THEDAMSO) August 28, 2020
Les snippets ont-ils tous été abandonnés ?
Retrouvera-t-on dans QALF quelques-uns des extraits éparpillés par Damso tout au long de sa discographie ? En cinq ans d’existence, et particulièrement depuis la sortie de Ipséité, QALF a presque eu droit à un tracklisting fictif, au gré d’extraits qui lui ont été associés. Sur YouTube, déjà, le mot-clé « QALF » dévoile presque une mixtape entière, avec des morceaux émergés d’un peu partout : réseaux sociaux de Damso, leak, sessions studio, etc.. Mais si certains s’avèrent poussérieux, d’autres sont plutôt réclamés, en témoigne ce « Coeur de pirate », tant espéré par la fan-base du Bruxellois. Mais prendra-t-il réellement le risque de ressortir des tiroirs de vieux morceaux pour concevoir la tracklist d’un album si attendu ? Franchement, c’est peu probable. Et c’est ce qui donne à QALF cette aura si mystique : la direction artistique du projet est insaisissable. Le post-Lithopédion de Damso est difficile à capter, bien qu’il renferme, paradoxalement, l’évolution de sa carrière.
Où en est-on avec cet alphabet grec ?
Ah, l’alphabet grec, parlons-en. Cette incompréhensible chimère, née de l’esprit farfelu du rappeur lors du tracklisting de Ipséité semble être l’une des clés du puzzle qu’a bâti Damso. Pour rappel, chaque morceau de Ipséité est précédé d’une lettre de l’alphabet grec : il y en a seize, soit dix de moins que l’intégralité de l’alphabet. Longtemps, il a été question que ces dix lettres manquantes composeraient le tracklisting de QALF. Plusieurs éléments nous ont prouvé que non, notamment l’extrait de « Ouzbek », dévoilé par Damso lui-même, accompagné de la lettre « Σ », qui floute les différentes pistes qui font suite à Ipséité. Lithopédion, qui s’installe chronologiquement après Ipséité, en reprenant, en introduction, les derniers mots déposés dans « Une âme pour deux », écarte également cette piste. Mais alors, quid de l’alphabet ? N’étais-ce qu’un élément stylistique, voire ésotérique, ou s’agit-il réellement d’une clé artistique ? La seule réponse que l’on pourrait, pour l’heure, imaginer, c’est que QALF devrait compter plus de dix morceaux. Soit, plus de lettres que prévu.
Et si tout avait prévu pour QALF ?
On en vient donc à cette hypothèse : et si tout ce qui avait bâti avant par Damso avait pour objectif de mener les auditeurs jusqu’à QALF ? Pour rappel, il s’agit de la première pièce de sa discographie, annoncé en 2015. Depuis, l’artiste a sorti trois albums, qui composent une sorte de trilogie, selon ses dires. QALF revêt donc un enjeu particulier, celui d’ouvrir une nouvelle perspective à la carrière du Bruxellois. Ces éléments mènent également à une question sensée : cet album ne dévoilera-t-il pas le véritable Damso ? Alphabet grec, indépendance complète, coup d’oeil à ses premiers morceaux imaginés en 2015 : tant de facteurs qui laissent miroiter quant à la teneur artistique d’un tel projet. Et que dire de la spectaculaire promotion de l’artiste, qui a placardé le sigle de son opus aux quatre coins du monde ? Jusque-là, le rappeur n’a jamais eu autant de pression sur ses épaules.
Damso est-il à la hauteur ?
Vient alors une ultime question : Damso est-il réellement à la hauteur ? Au-delà des aspects fan-service et mystérieux, QALF est surtout le prochain embranchement de sa carrière. L’artiste a disparu deux ans en livrant un dernier projet critiqué, et critiquable : son statut se doit d’être redoré au gré d’une nouvelle oeuvre fédératrice. Mais les doutes sur ses capacités sont permis : il s’est montré irrégulier artistiquement, en témoigne le très étrange « Oeveillé », et il a surtout claqué la porte du 92i pour bâtir le reste de sa discographie en solo. Et ça, ça implique de nouvelles responsabilités. Car derrière les pics de Booba se cachaient quelques réflexions sur la direction artistique de Lithopédion pertinentes, notamment sur son manque de single. Depuis « Smog », aucun autre morceau n’a été clippé. Autre chose : QALF renferme une proximité exceptionnelle entre l’artiste et sa communauté, une sorte de projet partagé depuis ses débuts. Et ça, c’est un prisme que Damso se doit de conserver intact en confirmant que, plus qu’un maître de communication occulte, il est un rappeur d’exception.
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