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On a parlé de MP3+WAV, d’instinct animal et d’immortalité avec Sean

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Crédits photo: Alex Ducarel

Tandis qu’il vient de publier MP3+WAV, on a pris le temps de découvrir Sean entre les complexes lignes de son monde. 

Les phases lunaires ont fini de le perturber : Sean découvre son équilibre. Quelques mois après à moitié loup, où l’on découvrait un rookie à l’univers étonnement riche, dégoulinant de références et subtilités, le jeune artiste est parvenu à dompter ses pulsions animales. Le miraculé MP3+WAV, sauvé d’un cambriolage, prolonge l’identité qu’il s’est découvert. Avec plus de maîtrise, de rigueur, et sans cette dualité désormais convertie au servie d’une entité charismatique. À l’occasion de son nouveau projet, Sean nous a parlé d’immortalité, de créations artistiques et de cette divine poésie qui ruisselle de sa tracklist. À l’aube d’une explosion que l’on devine sans forcer, Sean n’a plus que du loup ces dents longues et ambitieuses.

Sean, comment tu te sens ?

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Je me sens super bien. Tout va bien. Hier, j’étais sur Mouv, on est en pleine promotion. Et, malgré le confinement, on arrive à faire des trucs, donc c’est cool.

À moitié de loup, c’était il n’y a pas si longtemps que ça : est-ce que t’as déjà fait un bilan de ce projet-là ?

Franchement, on a eu le temps de le digérer. En vrai, on est vite retourné en studio, on a fait de nouvelles choses pour rebondir. Dans ce projet, on a fait pleins de trucs, on a tenté pleins de trucs. Ça nous a permis d’aller vers quelque chose qui nous ressemble de plus en plus. Globalement, je suis très content de ce qu’il s’est passé autour de ce projet-là.

T’as bien expliqué que le projet était scindé en deux parties : celle de l’Homme et celle de l’animal. Disons que j’ai préféré la partie Animal : qu’est-ce que ça voudrait dire sur moi ?

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Ça voudrait dire que t’es un loup. « Être un loup », c’est plus une mentalité. Avoir l’instinct animal, dans certaines situations.

T’es passé de la teinture rouge à la teinture verte. Si on cherche un symbole dans ces couleurs on pourrait se dire que t’es passé de la colère au calme.

Ça ne veut pas dire ça, même si je me trouve plus apaisé et plus sûr de moi. Mais non, il n’y a pas de symbolique dans la couleur de mes cheveux. Le vert, on a vraiment voulu tourner tout le projet MP3+WAV autour de cette couleur. Je ne sais pas pourquoi : parce que je kiffais le vert, certainement.

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Deux entités se battaient dans ton dernier projet. Ce n’est pas vrai pour ce projet-là. Est-ce que l’une d’entre elle à gagner ?

Non, c’est plus un bon équilibre des deux. Il n’y a plus deux entités, mais une seule qui est plus forte.

On va parler du projet, et j’ai envie de commencer par la fin. À la fin de l’outro, tu dis que tu es retourné « là où tout a commencé ». 

Je suis retourné chez Roodie, et on s’est vraiment posé. On a pris du temps pour écouter pleins de sons, se dire où on allait. On a écrit plein de choses et, de là, on a commencé à aller dans des nouveaux studios, découvrir des compositeurs que l’on voulait rencontrer. Et aujourd’hui, on travaille avec eux. On est d’abord aller à Noble, le studio qu’a monté Espiiem. C’est un tout nouveau studio, on a rencontré un ingé avec qui on travaille tout le temps. Il est un peu devenu notre ingé et aussi notre réal d’ailleurs. Il va apporter une vraie réalisation: des arrangements, beaucoup de choses qui vont donner de l’ampleur à notre musique. Et il y a aussi Goldstein où on fait beaucoup de co-compositions. En fait, maintenant, je ne fais plus uniquement des sessions d’enregistrement, mais également de la compositions avec pleins de gars (Johnny Ola, Pibé, Roodie, Elyo, etc.). Ils sont tous en train de jouer des instruments et on a un truc beaucoup plus organique.

Tu joues toi ?

Je joue de la guitare, je pianote un peu… Je ne dirais pas que je compose avec eux, mais j’ai un œil un peu de réal sur la composition où je les oriente sur mes envies. Ça peut être sur un bruit de snare : en ce moment, on travaille des sons où on remplace les snares par des bruits de tous les jours. On fait des trucs de fou.

MP3+WAV, pourquoi ce titre ?

Tout simplement parce qu’on s’est fait cambrioler nos studios le soir de la fête nationale. MP3+WAV est né le lendemain. On voulait rebondir, on s’était fait voler toutes nos tracks donc on allait sur nos mails respectifs, Roodie et moi, et on a trouvé des exports MP3, deux exports WAV. On s’est dit : « Vas-y : MP3+WAV ».

Le premier single, c’est « Le bon, la brute, le truand » : comment tu l’as choisi ?

En parlant avec tout le monde. Ce n’est pas forcement moi qui ai dit : « Ça va être celui-là ». Le but de cette chanson, c’était de personnifier trois personnages et créer une mini-histoire entre les trois. À la fin, quand il y a le rapprochement du bon, tu captes qu’ils se connaissent. Je dis : « Il y a le truand qui fait des rondes ». T’as l’impression qu’ils sont connectés et qu’au final, tu as entendu parler des trois dans la chanson.

Un peu comme à l’époque de Mercucio, quand je rentrais vraiment dans la peau de Mercucio ou de mon alter-égo. Je parlais en son nom. Là, c’est un peu pareil avec ces trois personnages. Même si, cette fois-ci, c’est vraiment moi qui jette un regard sur eux. Ça peut laisser supposer une personnification lointaine, mais c’est plus un personnage omniscient qui regarde le bon, la brute et le truand.

Je n’arrive pas à arrêter de replay « mood ». Parle-moi de la construction de ce morceau.

Ça c’est fait tellement vite. C’est un son qu’on n’a pas du tout écrit. Roodie avait la production sous la main, il me l’a faite écouter, je l’ai topliné directement. La topline du couplet et du refrain est hyper simple, mais le refrain est entraînant. Les paroles, elles, sont simples, mais je trouve qu’elles veulent dire pleins de choses. « 22. 45. 23 comme MJ » , « Sac plein, shopping, j’aime les énergies ». C’est des trucs qui ne veulent rien dire et qui veulent dire énormément de choses en même temps.

Une question qui résonne avec l’intro : à quel moment tu as réalisé que tu n’étais pas immortel ?

Il y a longtemps. C’est à certains moments que tu te penses immortel. Je ne me suis jamais vraiment pensé immortel à part quand tu es très jeune. C’est vraiment à des moments de ta vie ou tu te sens surpuissant, où tu te dis : « Rien ne peux t’arrêter ». C’est à ce moment-là qu’il y a un sentiment d’immortalité, de puissance.

Il y a des vidéos clips qui accompagnent l’album en racontant une histoire. Laquelle ?

C’est l’histoire d’une soirée de Sean, où il déçoit une fille et il se passe plein de choses dans le regard. Au début il est dans la salle du bon de la brute et du truand, il y a cette fille, qui n’est ni ange ni démon. On ne sait pas trop si elle est gentille ou méchante, mais elle est écorchée.

Ensuite, dans « immortel », cette même fille a des immenses ailes déployées. C’est ce sentiment de puissance qui arrive : elle se trouve au-dessus d’un toit mais à la fin on ne sait pas si elle va sauter. Ensuite il y a des moments de vie et de plaisir avec elle. Sur « mood » par exemple : on est dans un parking, en train de jouer au golf avec des canettes. Tous ces plans séquences, c’est vraiment des petits moments de vie capturés au ralenti, où il ne se passe pas grand-chose, mais c’est le mouvement qui est important. Tu as le temps d’analyser ce mouvement et il peut faire sortir d’autres choses. Il y a pleins d’interprétations à en faire.

Et les derniers mots du projet c’est : « Et dire qu’on voulait jeter nos rêves ».

Il y a un moment où tu te dis : « Est-ce que je deviens rappeur ou est-ce que je continue ma vie et j’entreprends autres chose ? ». C’est à ce moment-là que tu te poses des questions. Tu es dans le doute, mais je pense que je l’ai passé. Je suis resté longtemps dedans : je n’étais pas sûr, parce que j’aime beaucoup de choses dans la vie et le rap aussi. Mais là, j’ai mis les deux pieds dedans. Avant, j’avais un pied dedans et un pied sur la Lune. Du coup c’est ce moment-là que j’ai failli jeter mes rêves. Me dire : « Vas-y, tout ce que j’ai rêvé, je le mets de côté et j’avance à gauche ».

T’as annoncé le projet en disant que ces sons étaient à la base destinés à être jetés. À quoi ressemble la musique que tu es sûr de garder ?

Faudrait que tu écoutes, je ne peux même pas t’en parler. Si on l’a gardé, et que c’est notre futur, c’est qu’on trouve ça bien. Et comme je disais : je pense que l’on se rapproche de plus en plus de là où on veut vraiment aller. Et ce qu’on veut vraiment faire.

MP3+WAV, Sean. Nice Prod, Bendo Music. 

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