Musique
Quatre albums toujours pas disque d’or (et c’est scandaleux)
On a sélectionné quatre albums, sortis ces derniers mois, qui mériteraient d’être couverts d’or. On parle de Dinos, Oboy, Lefa et Népal.
Il y a quelques mois, Interlude publiait ses quatre albums toujours pas disque d’or (et c’est scandaleux). Dans cette liste, purement exhaustive, se retrouvait J.O.$. de Josman, Jok’Travolta de Jok’Air, UMLA d’Alpha Wann et enfin Imany de Dinos. Les trois premiers ont, depuis, franchi la symbolique barre des 50 000 ventes, synonyme de disque d’or. On a donc jugé nécessaire de mettre cette sélection à jour, histoire de (re)mettre la lumière sur certains projets au nombre d’écoutes clairement en-deçà de leur qualité.
Dinos – Imany et Taciturne
Dinos a sorti deux des oeuvres les plus riches et complètes de ces dernières années, mais Dinos n’a toujours pas le moindre disque d’or accroché à son mur. Un paradoxe épuisant. D’abord, Imany. Publié en avril 2018, l’opus était déjà dans notre première sélection en octobre 2019, mais n’a toujours pas eu droit à son disque d’or. Et très sincèrement, il s’avère difficile d’expliquer pourquoi : éclectique et travaillé, l’album renferme de nombreuses pépites, à l’image des deux très populaires « Placebo » et « Helsinki ». Mais la réédition du projet, quelques mois plus tard, n’y fera rien : l’opus n’est toujours pas couvert de dorée, alors qu’il a déjà soufflé sa deuxième bougie. La notoriété de Dinos était-elle encore trop faible ? La traversée du désert de l’opus qui a mis plusieurs années à sortir avait-elle refroidi certains fans ? Tout ça reste de l’ordre de la spéculation.
Parlons désormais de Taciturne. Publiée en novembre 2019, l’oeuvre regorge d’une direction artistique épurée, coincée entre la douceur du jour et la mélancolie de la nuit. Un projet fascinant, à l’écriture brillante, qui offre une consistance rap difficilement égalée lors des derniers mois. Ce qui manque à l’appel ? Encore, une fois, difficile de se prononcer. Peut-être une collaboration plus mainstream, sans pour autant dénaturer l’album. L’excellent « No love », en compagnie d’une Marie Plassard (qui explosera avec certitude les prochains mois) perd en visibilité par l’absence de notoriété de la chanteuse, bien que renfermant un fort potentiel de tube. Un même titre avec une chanteuse plus populaire (Angèle ?) l’aurait propulsé dans une autre sphère en agrandissant, ainsi, l’exposition de l’album. Toutefois, boosté par quatre bonus, un freestyle sur Booska-P ainsi que dix morceaux supplémentaires, Taciturne pointait à 37 000 ventes début juin, selon les calculs de Ventes Rap.
Oboy – Omega
Alors qu’il vient de dévoiler son nouveau projet Mafana, Oboy s’approche peu à peu du disque d’or avec son album Omega, dévoilé un an plus tôt. Ce très bon projet de quinze morceaux traverse l’univers voluptueux et complexe d’un artiste singulier. Porté par de très bons morceaux, comme « Olympe », « Avec toi » ou « Rien à fêter », le projet s’approche des 40 000 ventes, comme l’a relayé Ventes Rap et pourrait être certifié disque d’or au cours de l’année. Il manque peut-être quelques collaborations pour gonfler la visibilité du projet et intriguer quelques fans en dehors de sa fan-base. On peut également regretter le bilan contrasté de sa collaboration « Je m’en tape », avec une Aya Nakamura alors en pleine hype.
Lefa – FAME
Une fois n’est pas coutume, difficile d’expliquer ce qu’il manque à FAME de Lefa pour être disque d’or. Ce projet, publié en novembre 2019, rassemble tous les éléments d’un excellent album. De grosses collaborations, d’abord, dont une parfaitement réussie avec Vald sur « Bitch », mais également Tayc, Dosseh ou encore Caballero & JeanJass. L’ambiance de l’album est également magistralement organisée, avec tout un univers construit autour d’une drogue, qui découle jusque dans la superbe cover réalisée par Koria. Puis, les morceaux en solo avec l’envoûtant « Mauvais » et le mélancolique « T’y arrivais pas ». Esthétique des clips, perfectionnisme dans la créativité artistique : FAME est clairement l’un des opus les plus réussis des derniers mois. Bénéficiant désormais de 13 tracks supplémentaires avec Laylow, Josman ou encore PLK, l’album devrait obtenir le boost nécessaire jusqu’à la certification dorée. De toute manière, lorsque l’on voit que son excellent 3 du mat vient tout juste de franchir les 50 000 ventes, on se dit qu’il faudra être patient…
Népal – Adios Bahamas
Il est certainement encore tôt pour se plaindre de l’absence de disque d’or pour Adios Bahamas de Népal. Après tout, l’opus n’est sorti qu’en janvier 2020. Pourtant, les tragiques circonstances de sa sortie amputent sérieusement la défense commerciale du projet. Alors, qui en parlera, si ce n’est la communauté de l’artiste ? Les 12 tracks qui composent l’opus offrent des voyages respectifs au milieu des mondes dessinés par Népal. Parfois éclaircis, parfois sombres. « Trajectoire », « Sundance » ou encore « Daruma » déploient un éventail artistique fascinant, en pleine extension, qui mérite une exposition beaucoup plus large. Virtuose et animé par une flamme artistique inégalable, et même si Népal n’était pas de ceux qui courrait derrière les certifications, Adios Bahamas aspire au plus bel hommage avec un disque d’or.
Mentions honorables
Évidemment, des dizaines de projets méritent des succès commerciaux plus grands ces derniers mois. Parlons de mixtapes, par exemple, avec Diavolana de Tsew the Kid ou encore le complexe Projet Blue Beam de Freeze Corleone. On pourrait également évoquer Vréalité de Kekra, bien qu’il ne soit pas réellement le meilleur projet de sa discographie. Et que dire de la mixtape TRAP$STAR 2 de Leto qui devrait aussi être couronnée d’un disque d’or dans les prochains mois. De plus, viendra bientôt le débat autour du encore trop récent Trinity de Laylow, qui pointe, pour l’heure, autour des 30 000 ventes. Et pour conclure avec les projets sortis au cour de l’année, NOUVO MODE de Sneazzy ainsi qu’État d’esprit de S.Pri Noir semblent de nettement de ceux à la rigueur artistique bien plus élevée que leur succès commercial.