Musique
Sinik raconte son clash avec Booba : «Pendant un an, j’avais un calibre sur moi»
En 2007, Sinik et Booba se sont clashés par morceaux interposés. Après la réponse du Duc, Sinik a préféré ne jamais sortir son clash « Carton rouge ».
L’histoire est un grand épisode du rap français. Pour recontextualiser brièvement, en 2007, après quelques critiques de Booba essuyées par Sinik, l’artiste décide de passer la seconde avec un clash virulent à l’encontre du Duc. Intitulé « L’homme à abattre (Carton jaune) », le morceau est un monument des années 2000 et également l’un des diss-tracks les plus importants de l’histoire du rap français. Dans la foulée, Booba adressera une réponse à Sinik, « Carton rose », puis les deux artistes en resteront là (exceptés, évidemment, de nombreux pics via interviews interposées).
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Sinik : «C’est le plus gros dilemme de ma carrière»
Pourtant, dans son morceau, Sinik déclarait : «Tant qu’tu parles, je réponds». Une promesse qu’il n’a pas tenue, puisque sa réponse, « Carton rouge », n’a jamais été publiée. Lors d’un entretien avec Driver dans Featuring Sinik, l’artiste a considéré qu’il s’agissait là de sa plus grosse erreur dans ce clash. «On savait qu’il allait répondre, avoue Sinik. Même si il disait à l’époque « Ouais, je m’en bas les c*uilles, je ne calcule pas ». Deux semaines après, il a fait son morceau, donc ça l’a piqué. Mais le seul truc que je n’avais pas prévu, c’est que la réponse serait aussi claquée».
Ainsi, après la sortie de « Carton rose », Sinik et son équipe se sont trouvés face à une impasse : était-il réellement nécessaire d’aller plus loin ? «C’est le plus gros dilemme de ma carrière, reprend le rappeur. C’est la fois où on s’est le plus pris la tête : un coup c’est oui, un coup c’est non. On fait quoi : on l’allume et on le termine ? On rajoute de l’huile sur le feu ou on essaye de faire les mecs intelligents sans « enfermer » notre carrière là-dedans». Finalement, Sinik a pris la décision de ne pas sortir un autre morceau. «On a fait le choix de laisser les morceaux aux gens : il y a un morceau chacun, faites-vous votre avis».
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«Pendant un an, je marchais et j’avais un calibre sur moi»
Malgré tout, Sinik reconnaît une erreur de communication dans son propre morceau, puisque sa promesse ne sera jamais exaucée. C’est réellement la qualité du clash de Booba, qu’il juge médiocre, qui l’a guidé dans son choix. En revanche, le rappeur ne regrette en aucun cas de ne pas avoir sorti un autre clash. «Quand tu vois ce qu’il s’est passé avec d’autres artistes, on a été un peu « visionnaires », poursuit Sinik. On a vite compris que notre carrière allait tourner autour de ça, on ne voulait pas, avec tout ce qu’on a fait, qu’on résume ma carrière à deux morceaux».
Pourtant, Sinik assure avoir enregistré « Carton rouge » : «Le morceau était tellement vénère, sale, lourd et méchant en clash qu’on s’est dit : « Là, c’est autre chose ». Ça va déclencher une guerre mais mondiale !» L’auteur de Sang froid avoue même avoir eu peur pour sa propre intégrité physique. «À cette époque-là, c’était vraiment une période de parano. On m’a dit : « Sors calibré ». Pendant un an, je marchais et j’avais un calibre sur moi. Tous les jours. Parce que je me disais : je peux me faire allumer n’importe où, par n’importe qui».
Un témoignage qui dévoile le climat de tension des artistes décuplé en période de clashs. Sinik, lui, a préféré laisser de l’eau couler sous les ponts pour passer à autre chose. Il avoue même qu’il ne pensait clairement pas qu’on reparlerait encore de cette histoire une quinzaine d’années après.
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