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Musique

Quand Booba parlait de l’échec de « Je sais » et d’auto-tune il y a six ans

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© Marcello Peschiera

Il y a six ans, Booba évoquait l’échec de son titre « Je sais », sans savoir que son couplet se retrouverait sur son dixième et ultime album, ULTRA.

Sept ans trop tôt, dirait-on. En mars 2014, quasiment sept ans jour pour jour avant la sortie d’ULTRA, Booba se risquait à un petit freestyle sur sa chaîne YouTube. Intitulé « Je sais », cette courte capsule en piano-voix reprenait l’instrumentale du tube « Stay » de Rihanna. L’échec a toutefois été colossal. Sur YouTube, les dislikes grignotent inhabituellement la barre de likes et le morceau soulève de vives interrogations y compris parmi les médias. «Va-t-il trop loin ?», titre même LesInrocks dans une analyse à chaud.

« Je sais », à la base, une erreur de parcours

À l’époque, « Je sais » est un OVNI très particulier. Bien que Booba se soit déjà risqué à quelques tentatives plus ou moins bancales parmi ses différents morceaux et projets, le titre souhaite assumer une parfaite compréhension d’un auto-tune qui cristallise déjà de lourds débats. Bien que le morceau ait indigné sa communauté, l’artiste est tout de même allé au bout de son idée, en le repartageant sur YouTube, en mars 2014, avec quelques modifications : «Pour ceux qui n’ont pas aimé et bien on vous le re-balance».

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S’il aurait pu craquer et supprimer ce qui s’apparentait alors à une faute de parcours, Booba a conservé sa ligne directrice en s’expliquant vivement par la suite aux Inrocks, un an plus tard, en mars 2015. «Quand j’ai décidé de mettre en ligne le freestyle sur Stay de Rihanna les gens m’ont bien fait rigoler. J’ai marqué « freestyle » car c’était un délire que je venais de faire en studio. Ils ont pris ça pour une tentative ratée alors que c’est juste un douze mesures sur lequel je fais des petites mélodies. Calmez-vous les mecs !» Et d’ajouter : «Ils se sont un peu acharnés car je fais rarement des erreurs».

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Booba : «Si j’avais arrêté le vocoder, je ne serais peut-être plus là aujourd’hui»

Une erreur qui, finalement, n’en était pas réellement une. Si, en 2021, le morceau prête encore à débat, la tendance s’est tout de même largement inversée et « Je sais » n’a plus rien de si singulier. Au contraire même, la plupart des albums de rap comptent sur ces ballades auto-tunées, devenues régulières. Et squattant d’ailleurs les tops streaming. On pourrait citer, entre autres, « Lettre à une femme » de Ninho, qui s’est imposé comme l’un des plus gros tubes de 2020.

D’ailleurs, pour Booba, l’auto-tune a été plus un levier de transformation qu’autre chose. «Si j’avais arrêté le vocoder, je ne serais peut-être plus là aujourd’hui. Combien de succès j’ai faits avec ?, poursuit-il au magazine en 2015. (…) Tout le monde m’a critiqué quand j’ai commencé à chanter sur l’album 0.9 en 2008. Mais j’ai bien fait de continuer car tout le monde m’a imité après. Je me serais bien fait baiser si j’avais arrêté. Quand on me dit d’arrêter de mettre de l’auto-tune, j’ai envie d’en mettre trois fois plus !». 

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Et, effectivement, Booba en a mis trois fois plus. Sans le moindre doute. L’artiste a construit l’essentiel de ses tubes de ses dernières années autour de ce procédé qui a profondément bousculé la musique, et surtout le rap. En incluant « Je sais » dans ULTRA, un freestyle depuis recomposé par Dany Synthé, Booba déploie au coeur de la tracklist de son dernier album un morceau qu’il considérait lui-même comme une erreur il y a six ans. Un acte finalement symbolique qui prouve qu’en plus d’avoir bien fait de persévérer, il s’est positionné au point d’ancrage de la métamorphose du rap.

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