Musique
Cinq choses que les Belges font mieux que nous dans le rap
C’est l’histoire d’une bande de mecs qui a mis à l’amende le rap français en trois ans. Mais avant toute comparaison mieux vaut rendre aux Belges ce qui appartient aux Belges.
Depuis que deux gars pas franchement connus ont balancé « Bruxelles arrive » en 2016, ça n’arrête plus. Le rap belge a dépassé le statut de « mode » qui lui collait à la peau ces derniers temps pour devenir un nouveau modèle de référence. Mais bon dieu, comment tous ces mecs, si discrets pendant plusieurs décennies, ont réussi du jour au lendemain à nous faire regarder devant un miroir en répétant : « Suis-je si fier d’être français ? ». On abuse à peine : décryptage.
Une musicalité tellement smooth
Avant toute analyse sociologique bancale, parlons musique. Le rap belge a quelque chose d’identifiable, unique. Musicalement, il semble insuffler une nouvelle vibe, porté par des artistes qui chevauchent aussi bien le griffonnage de texte que la console de beatmaking. Prenons Damso, exemple en la matière. À l’aise à la production, il embrasse ses instrumentales avec une finesse particulière qui rend le tout plus abouti.
C’est également le cas de Hamza, notamment sur son énorme hit « 50x », où il est au texte et à la prod. Le (trop) méconnu génie en la matière s’appelle Krisy, qui jongle avec son alter-égo De la Fuentes à la production des plus gros artistes du plat-pays. Une inspiration à l’américaine qui fonctionne plutôt bien, à en voir l’allure des mecs.
Un nationalisme à toute épreuve
Oui, les Belges sont fiers d’être Belges. Est-ce là un crime de dire qu’ils sont plus fiers de l’être que les Français sont fiers d’être Français ? Pas franchement. Là où les artistes de l’hexagone se contentent de se représenter à l’échelle locale ou, au mieux, départementale, nos voisins parlent de la Belgique comme d’un tout uniforme. À quelques exceptions près.
Peut-être est-ce le sentiment d’appartenir à une minorité en train de plier le game qui rend la chose si évidente, nul ne le sait. Mais là où les Français se contentent souvent de critiquer le système du pays, les Belges mêlent l’incrimination et la fierté. « Belgique Afrique » de Roméo Elvis en est un admirable exemple : l’artiste martèle amoureusement sa nation, sans accepter pour autant ses agissements envers le Congo.
Une entraide presque touchante
Cela nous mène au troisième point, sensiblement proche du premier : les Belges s’entraident tellement fort qu’ils ont quasi tous réussi à creuser leur petit trou. Outre la bande des Roméo Elvis, Caballero et autre JeanJass, ils s’avouent tous proches les uns des autres.
Angèle, par exemple, faisait les premières parties de Damso, lui-même proche d’un certain Hamza. Les Belges ont plié le game ensemble, c’est beau. Et ça continue : encore récemment, Damso donnait de la force à la nouvelle pépite de Bruxelles, D.A.V.
Des femmes fortes
Là où le rap français peine encore quand on lui parle de femmes, la Belgique va un peu mieux. Et ce, avec l’aide de deux fortes têtes. La première se nomme Shay, et après avoir longuement était une fière représentante du 92i, elle a balancé son deuxième album Antidote. Succès commercial prometteur, la rappeuse affiche une ambition et une aura inestimable au bon coeur d’un rap français en cruel manque de présence féminine.
La seconde répond au nom d’Angèle. Loin d’un charisme hip-hop, elle vit quand même avec cette vibre qu’elle a acquise au rythme de ses relations. Fraternel, d’abord, avec Roméo Elvis, puis artistique avec Damso ou encore Caballero et JeanJass. Porteuse de messages forts et nécessaires, elle souffle jusqu’à la France un vent progressiste qui fout un délicieux coup de pied au cul du rap français.
La folie des festivals
L’été, la Belgique est devenue la capitale du rap. Dans toute la Belgique, les festivals qui s’y déroulent accueillent la crème de la scène hip-hop internationale pour des événements de feu. Cette année, Dour compte encore mettre le feu avec un line-up qui transpire la rime et les punchlines. A$AP Rocky, Orelsan, Damso, Action Bronson ou encore Vald : il va falloir sérieusement préparer des serviettes pour la nuque.
La surprise du chef : un festival dans le festival, proposé par Roméo Elvis en collaboration avec Dour. Ce Strauss Fest, bébé de l’amour entre l’enfant du pays et le festival témoignent de la volonté commune de faire de la Belgique un point culminant et avant-gardiste de la scène rap. Et ça, c’est beau. Pour se rendre compte de la folie de Dour, rien de plus simple, se rendre directement sur place, le festival à lieu du 10 au 14 juillet et des places sont encore disponibles.