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Classico : on a comparé « Woah » et « Bande organisée »

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bande organisée

Avec « Bande organisée », tout Marseille s’est réunit autour des forces en présence de sa cité. Un projet qui rappelle celui de Sofiane et du 93 quelques années auparavant. Parlons-en. 

Du stade Vélodrome au stade de France, des Bouches-du-Rhône à la Seine-Saint-Denis : quelques années après la réunion des rappeurs du 93 autour de Sofiane, voilà que Marseille bombe le torse avec Jul et sa « Bande organisée ». La cité phocéenne, qui regorge d’un vivier de rappeurs exceptionnel, s’allie à travers un projet commun, plus d’une décennie après Les chroniques de M.A.R.S.. Avec cette union percutante, la bande du Sud a propulsé son titre jusqu’au top 200 mondial de Spotify. Un succès puissant, qui rappelle évidemment celui de « Woah », quelques années plutôt. On a donc mis à plat ces deux performances autour de critères pertinents pour comparer ces deux entrées en scène départementales.

Une identité marseillaise chaleureuse

D’abord, parlons de l’âme des morceaux, qui découlent de deux stratégies différentes. « Woah » a choisi de marquer l’empreinte du 93 à travers sa force de frappe. Le morceau regroupe de nombreuses têtes d’affiche de la scène locale, qui apportent, tour à tour, des performances puissantes. Regroupés autour du refrain entêtant de Kalash Criminel, les artistes laissent éclater quinze ans de domination sur le rap via les voix de ses plus fiers représentants du moment. Du côté de Marseille, Jul et sa bande organisée aborde une autre approche : celle de la mise en relief ultime de l’identité marseillaise. À la production, l’auteur de La machine se dresse en chef d’orchestre, maîtrisant les accords de ses différents invités. Et ça marque l’identité : « Bande organisée » transpire Marseille, quand « Woah » exhale à travers le charisme de ses artistes.

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C’est d’ailleurs cette alchimie qui façonne toute la beauté de « Bande organisée ». Cette unicité concentrée autour des tuniques bleu ciel au coeur du Stade Vélodrome : on avait attendu ça si longtemps. Couplet après couplet, chaque artiste rend hommage à la cité phocéenne et distribue des passes D à Jul. Une ferveur sympathique fièrement illustrée par Naps et son déjà culte «le J c’est le S», lorsque toute la troupe pointe son doigt vers leur hôte. Du côté de la Seine-Saint-Denis, on est plus dans la performance que dans le clin d’oeil, plus dans la rigueur personnelle que dans la tonalité chauvine. On appréciera quand même le court passe-passe de Sofiane et Vald, ainsi que la folie de la photo finish.

Le casting immanquable du 93

En termes de performances personnelles, franchement, difficile de reprocher quoique ce soit à l’un, ou à l’autre. Sur « Bande organisée », SCH déploie une maîtrise folle dès l’ouverture, tandis que Kofs, Naps et Soso Maness servent de grands couplets assaisonnés à la sauce méditerranéenne. On pourrait en revanche émettre quelques incertitudes sur l’ordre des passages : difficile pour Solda et Houari de conclure le morceau et de maintenir l’auditeur en haleine jusqu’au bout après tant de forces commerciales concentrées en début et milieu de morceau. Le dosage était meilleur sur « Woah » où Heuss l’Enfoiré et Soolking, encore rookies, s’étaient entremêlés entre Sofiane et Vald. Le 9.3 livrait d’ailleurs un sans-faute en termes de performances, où les couplets, variant les styles et les flows, se complétaient parfaitement.

La force de « Woah » provient également de sa capacité à allier la fine crème des forces du département à l’heure du morceau. Un Vald en pleine bourre, un Sofiane hégémonique, des nouvelles têtes en pleine hype et des valeurs sûres : le casting est parfait. Il aura même généreusement pris en prestige avec l’âge, alors que Soolking et Heuss l’Enfoiré jouissent désormais d’un tout autre statut. Du côté de Marseille, on apprécie fortement les forces en présence qui n’ont finalement pas tant collaboré ensemble. Jul ne s’est jamais associé à Naps, SCH ou Kofs, et cette première, mise en scène dans la mythique enceinte olympienne, marque un grand coup. On regrettera quand même de grandes absences qui auraient permis d’appuyer l’impact du titre sur les autres générations : Alonzo, Soprano, Akhenaton, l’Algerino, etc. Ils seront certainement dans le projet, mais là, il manque cette touche de figure paternelle qu’apportait Mac Tyer sur « Woah ».

Au final, le « 13 » s’organise autour de la force commerciale et charismatique de la cité phocéenne. Plus que des comparaisons, 13 organisé peut s’inspirer des arguments indéniables de son prédécesseur de la Seine-Saint-Denis. Cette manière de ratisser au plus large du département, en proposant des morceaux alliant collaborations inédites, inter-générationnelles, parfois même improbables. L’empire imaginé par Sofiane et son collectif aura été une pleine réussite et celui de Jul le sera inévitablement. Ces empreintes locales ne font que renforcer la pluralité d’un rap français qui résonne à travers ses deux grandes villes antagonistes.

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