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Devant les NRJ Music Awards, j’ai découvert une cérémonie qui ne voulait pas de moi
Les trois heures de show qui ont traversé la soirée de samedi soir, sur TF1, n’auront cessé de me prouver à quel point les NRJ Music Awards n’étaient pas pour moi et ne pouvaient pas l’être.
De toute manière, à quoi je m’attendais ? En prenant place sur mon canapé, aux alentours de 21 heures et aux côtés de mes parents, je n’avais clairement pas prévu de pogo. Les nommés, je les connaissais. J’en avais déjà parlé, d’ailleurs, à l’occasion d’une polémique qui entourait une sortie bancale de Roméo Elvis sur Instagram. Toutefois, je n’avais pas prévu de rédiger cet article, légèrement blasé.
Je suis le premier à en avoir marre de ces éternelles controverses. Mais au fil de la cérémonie, j’ai découvert une industrie musicale qui semblait venir d’un autre pays. Voire d’un autre monde. Cette cérémonie NRJ Music Awards m’inquiète. Non pas que nommés et vainqueurs ne soient pas méritants, non. Mais l’émission entière ne s’adresse pas à moi, ni à tous les autres fans de la scène urbaine. Certifications, records et performances artistiques m’ont semblé complètement vains. Pendant une soirée, je n’avais clairement pas l’impression d’être invité.
Les NRJ Music Awards m’inquiètent
Je sais, ma réflexion est naïve, parce que, invité, je ne l’étais par réellement. Les NRJ Music Awards s’adressent logiquement aux auditeurs de NRJ, desquels je ne fais pas parti. Je l’entends et je le comprends. De toute manière, quand je surprends mes parents sourire en voyant la casquette de Bigflo ou au survêt’ de Soprano, j’ose à peine imaginer Ninho monter sur scène.
En fait, cette cérémonie est faite pour eux. Les NRJ Music Awards n’ont aucun devoir d’impartialité, d’exhaustivité, et encore moins de représentativité. Ces artistes sont made in TF1, ultra-corporate et tout public. On parle de ceux que les gens connaissent, qui passent à la télévision, qui participent aux télé-crochets. Bref, ceux que les gens ont envie de voir.
Ces arguments ne m’empêchent toutefois pas de grincer des dents à l’absence de « Au DD » lors des clips de l’année, ou aux non-nominations de Nekfeu, Niska, Ninho ou Lomepal dans n’importe quelle autre catégorie. Ils me confortent quand même dans ma position qu’ils n’auraient rien à faire là. Niska, entre Christophe Maé et Jenifer. PNL, succédant au Trois cafés gourmands. Improbable, certes, mais n’est-ce pas là la France de 2019 ?
Le clivage permanent entre le rap et le reste
Pourquoi éternellement vouloir imposer un clivage entre le rap et le reste ? Je comprends tout à fait l’idée que ces artistes, non diffusés en radio tout au long de l’année, ne peuvent être invités à la cérémonie. Et de toute manière, ils ne viendraient pas. Mais devons-nous réellement prendre ça comme un acquis ?
La mésentente entre le rap et la société devient problématique. Et finalement hypocrite, dans les deux cas. Les NRJ Music Awards en viennent à balayer des artistes incontestables de ses catégories. Les rappeurs en viennent à sous-considérer ces cérémonies, les jugeant inaptes à leur art. Mais quelle est la conclusion ? Le rap n’a jamais semblé aussi fort, mais reste fort, dans son coin. Le rap explose des records, caracole en tête des ventes mais se contente de regarder « la vraie France » à la télévision. Triste réalité.
Mes parents n’écoutent pas de rap, et face à leur écran, ils se moqueraient sûrement de l’autotune de PNL. Mais si personne ne leur montre, si personne ne considère le rap dans de gros événements publics, sûrement n’auront-ils jamais l’occasion de découvrir que M Pokora, artiste le plus titré des NRJ Music Awards, est bien loin d’être le meilleur vendeur français de 2019. Ni que cette année, un groupe a tourné un clip depuis le sommet de la Tour Eiffel.