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Interviews

On a parlé voyages, égo-trip et confinement avec Lord Esperanza

Jeremy Gentit

Publié

le

De retour avec un nouveau projet enregistré, Lord Esperanza Dans Ta Ville II, le rappeur parisien a voyagé pour chercher des collaborations tout autour de globe.

«Bienvenue sur Lord Esperanza Airlines.» Avec sa casquette de commandant de bord, l’artiste s’est confortablement installé dans le cockpit, pour proposer à ses auditeurs un voyage à travers le monde. Du Maroc aux États-Unis, en passant par la Corée du Sud ou la République Tchèque, Lord Esperanza propose de multiples rencontres à l’international, pour promouvoir une musique cosmopolite, toujours teintée des thématiques qui forgent le caractère d’un artiste à l’identité bien marquée. On a parlé avec lui de ce nouveau projet de dix-huit titres, dégoulinant d’influences et produit par son label Paramour. Rencontre.

Tu as mis deux ans à réunir tous les morceaux de ce projet, peux-tu nous expliquer sa genèse ?

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Effectivement, on a mis deux ans à faire ce projet. Le premier titre a été fait en octobre 2018 à New York : il s’agit de « Poison Ivy », qui a été écrit avec Riz La vie. D’ailleurs, pour l’anecdote, on était dans le studio où 2pac s’est fait tirer la première fois dessus, on a croisé Young Thug dans l’ascenseur et mon manager est allé aux toilettes et a vu Busta Rhymes se laver les mains (rires). Quand on est arrivé, il y avait tous les disques de platine de Beyoncé, A$AP Rocky, c’était incroyable.

Et pour en revenir au projet, dès que j’ai eu l’opportunité de voyager grâce aux concerts, ça a commencé à New York et à Montreal. Je me suis dit que je devais en profiter pour faire du son. Donc grâce aux réseaux de mon équipe, on a pu trouver des artistes dans chaque pays. Certains titres ont deux ans, mais s’ils sont encore là, c’est que j’estime qu’ils ont assez bien traversé les âges. D’autres ont peut-être une durée de vie plus courte, mais je me rappelle de l’émotion que j’avais quand je les ai fait. Après Montreal, du coup, on est parti à Berlin, où on est resté quelques jours de plus pour le morceau « Alles Klar ».

Il y a également des morceaux avec des rappeurs francophones dont Arma Jackson, comment s’est passé la connexion ?

Pour commencer, Arma Jackson est incroyable. Ensuite, pour la petite histoire, j’avais d’abord fait le titre tout seul en séminaire Universal à Bruxelles, en février. Je voulais refaire un banger un peu comme « Maria » mais plus trap, avec une batterie qui cogne et des sub. Je voulais un francophone dessus, et du coup, je me suis dit : pourquoi pas la Suisse ? Une fois là-bas, j’en parle à mes tourneurs TCO qui me parlent d’Arma. Ça me parlait, car j’avais déjà vu ses vidéos. On s’est connecté et on a fait le morceau. Il faut mettre beaucoup d’espoir en lui car musicalement, textuellement, il est très fort et je suis très fier de l’avoir sur ce projet.

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Ce projet s’appelle Lord Esperanza Dans Ta Ville, mais là c’est plus Lord Esperanza dans ton pays, il a des featurings du monde entier dedans.

Oui c’est vrai, mais avec toutes les interludes dans le projet qui nous emmènent vers pleins de villes, on trouvait ça cohérent. Je voulais pas forcement que les gens écoutent le premier projet avant d’écouter le deuxième mais il y a quelque chose que j’aime bien, par exemple chez Damso, PNL ou même Nekfeu, c’est de sortir un projet, et que, quatre ans après, il y ait une réponse que tout le monde découvre, alors que c’était prévu.

Dans ce projet, l’égo-trip est encore très présent. Comment procèdes-tu pour l’écriture de ces lignes ? 

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Tu es dans un personnage, donc il y a moins le filtre de jugement que tu pourrais avoir sur un morceau où tu te livres plus. Dans un track où tu te livres, tu as peur de ne pas prendre les bons mots, alors que sur un égo-trip, dans ma conception de ce style, tu es en roue libre. Forcement, ça repose sur des choses pleines d’humour que tu peux penser à certains moments. Par exemple, quand tu sors de scène, que tu as été animé d’une puissance avec l’adrénaline, tu te mets en mode 4e degré.

Ce que j’aime bien dans l’égo-trip aussi, c’est avoir des personnages très Lord avec des voix dans tous les sens. C’est un vrai exercice que je ne n’avais pas forcement fait sur mon ancien projet Drapeau Blanc car les instrus étaient banger mais plus «bizarres». Là, j’ai repris des prods vraiment banger avec des singles. J’étais beaucoup dans la recherche avec Drapeau Blanc, et là, après le Bataclan, je me suis dit qu’il y avait encore un cap à passer et qui ne se passe pas sans des singles. Donc là, je me suis dit que je devais y aller, faire du son, faire des tubes et ce projet Lord Dans Ta Ville II était un bon essai pour ça.

Le projet sort dans un climat très particulier, quelle vision en as-tu en tant qu’artiste ?

Avec tous les évènements de ces dernières années et le climat social avec Black Lives Matter et même, plus généralement, le climat actuel des choses, le COVID, la grève, les Gilets jaunes, j’ai essayé de faire un album assez léger. Il y a deux-trois tracks mélancoliques, mais j’ai l’impression que c’est l’opposé de Drapeau Blanc. C’est plus en mode « Eh, on se voit demain, on prend un verre », il y a quelque chose de plus chill. Il y a tellement d’énergies obscures, qu’il faut ramener un peu de sobriété. Et c’est surtout que je suis heureux en vrai ! J’ai des potes, j’ai mon label, j’ai une marque d’habits. Même si le bonheur ne passe pas que par l’accomplissement professionnel, je suis heureux.

Sur tes anciens projet, Majeur Mineur et Nelick étaient très présents, ils le sont moins sur celui-là, peux-tu nous en parler ?

Sur Drapeau Blanc notamment, le fait que Majeur Mineur ait tout produit ça a des vertus, c’est un album cohérent. Lui, maintenant, a ses projets avec ITZAMA, c’est de la musique rétro-wave. Alors, il a produit quelques titres sur ce LEDTV II: « Politesse », « Poison Ivy », « Aless Klare » ainsi qu’un morceau caché plus reggaeton. Donc là, sur dix-huit titres, il est présent sur quatre. Même si notre collaboration durera, on sent que c’est cool pour lui comme pour moi, de prendre de nouvelles expériences pour peut-être revenir plus fort ensuite. Nelick aussi est présent sur le projet, c’est le track qu’on a fait avec RedBull « en feat avec ». Lui a écrit son texte mais du coup moi j’avais le texte imposé par les participants.

Tu as produit ce projet en indé avec ton label Paramour et cela te permet d’avoir la possibilité de produire d’autres artistes. Quelles sont les dernières actualités de ton label ?

Il y a Sally, j’en suis très content. On vient de sortir un nouveau single, elle a fait des premières parties d’Angèle, elle a un fait un Colors, elle a eu plein de présence sur les médias. C’est un beau rêve qui s’accomplit, j’en suis très fier. Il y a aussi Dellati qu’on a signé, hyper cool. Musicalement, on est content, professionnellement aussi, il y a des beaux featurings qui arrivent. Et aussi, peut-être une troisième signature qui arrive… On a aussi la marque, les ventes se passent très bien, les gens soutiennent. C’est une belle aventure qui commence que je vois sur le long terme, donc je ne suis pas pressé. J’y vais très chill car j’ai déjà la chance d’avoir pu lancer ça.

Pour finir, on vient de sortir de confinement, comment est-ce que tu la vécu ? Tu as été productif ?

Le confinement s’est très bien passé, j’ai fait quelques freestyles. Et j’ai surtout bossé sur tous les visuel du projet. Je n’avais jamais fait d’album concept a proprement parlé, sur Polaroïd il y avait un peu cette idée de capturer l’instant, mais on n’avait pas trop poussé le concept. Mais là avec LEDT II, on a monté toute une direction artistique précise et ça m’a vraiment donné envie d’aller faire des albums avec des fils rouges, des concepts. Et visuellement, je n’avais jamais été aussi inspiré et le confinement a été hyper prolifique pour ça. Tous les visuels, les storys, le merchandising avec la tour de contrôle, les avions, c’est vraiment fun.

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