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Musique

Non, Ninho n’est pas recordman de singles de diamant grâce à ses featurings

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Ninho vient d’obtenir son douzième single de diamant, devenant ainsi l’artiste le plus récompensé en singles. Et non, ce n’est pas grâce à ses feats.

L’artiste aux plus de trois millions d’auditeurs sur Spotify a de quoi faire rêver. Après deux albums solo et sa série de mixtapes M.I.L.S., Ninho arrive en troisième place des rappeurs les plus écoutés de France depuis 2010, derrière PNL et Jul. Avec une activité échelonnée sur seulement une poignée d’années. À une époque où les succès éphémères s’enchaînent, Ninho s’est construit une communauté fidèle et efficace en un temps record, devenant par extension le symbole d’une génération streaming et la kryptonite ultime du SNEP.

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Un succès personnel fracassant…

Son succès est édifiant et les certifications parlent d’elles-même : il est devenu le recordman des singles d’or et de platine avec 71 singles d’or et 26 singles de platine. Et les chiffres gonflent de jour en jour. Avec « Un Poco », certifié single de diamant le 1er juin, il porte son total à 12 et devient désormais l’artiste diamant le plus récompensé également. Bref, une hégémonie stupéfiante.

Toutefois, la domination de Ninho se heurte à quelques écueils : beaucoup jugent que ses collaborations faussent ces données mirobolantes. Alors, détaillons ces certifications. Ninho a donc 12 singles de diamant : 7 d’entres elles ont été obtenues en solo, les cinq autres sont en featuring. Comparons avec les autres gros vendeurs : Booba compte 5 collaborations sur ses 10 singles de diamant ;Damso en a 3 également sur 10 et Nekfeu en dispose de 5 sur 8. Donc, proportionnellement, Ninho n’a clairement pas à rougir de ses certifications. Seul PNL, évidemment, fait figure d’exception avec ses dix singles.

Ainsi, cette analyse fausse la puissance commerciale de l’artiste, car ces sept certifications diamant en solo relèvent d’une force musicale sans précédent. Ils témoignent de la discographie déjà bien chargée du rappeur de 24 ans (!). La certification diamant de « Un Poco », qui date de 2016, marque la longévité brillante de l’artiste. Et nul doute que M.I.L.S. 3, son dernier bébé, conserve quelques certifications en devenir, du déjà-tube « Lettre à une femme » à « Zipette ».

…sublimé par une série de featurings à succès

Plus que cette théorie qui indique que Ninho ne s’appuie clairement pas sur ses collaborations pour accrocher des matières précieuses au mur de son studio, on pourrait même inverser l’hypothèse : les artistes ajoutent Ninho sur leur tracklist en quête de certifications. Comme le détaillait Rapsodie dans une intéressante analyse en janvier, lorsque l’auteur de Destin est invité sur un album, le son est en moyenne 5,8 fois plus streamé que le reste de l’album. C’est plus que Damso (5,5 fois) et Nekfeu (2,8). On peut donc logiquement arriver à la conclusion que Ninho est une tremplin efficace vers l’or, le platine et le diamant.

De plus, il est important de noter l’omniprésence de Ninho lors de ses apparitions. Reprenons nos cinq featurings diamant. Dans « Air Max », « De l’autre côté » et « Elle est bonne sa mère », l’artiste se charge du refrain. Sur « Distant », il le partage à 50% avec Maes, et il se montre un brin plus discret sur « Madre Mia ». En bref, même quand ils jouent à domicile, les hôtes de Ninho profitent de son talent si particulier pour les refrains accrocheurs et les gimmicks et se mettent volontairement en retrait. Rajoutez à ça quelques couplets efficaces et vous pouvez prétendre à intéresser le SNEP.

Et que dire des choix des collaborations ? En s’associant avec Rim’K, Damso ou encore Nekfeu, non seulement Ninho fait gonfler son pourcentage de chance d’obtenir des certifications, mais il permet également aux fans d’assouvir des fantasmes. L’artiste est un monstre de productivité, mais ses multiples associations avec des rappeurs issus d’autres sphères ou d’autres univers, permettent des géniales rencontres au sommet. Plus que ça, il met également sa valeur commerciale au service de « plus petits » artistes, à l’image de son cousin Hos Copperfield, Yaro ou encore Da Uzi. Cette manière de donner de la force à ses proches rappelle un peu celle de Nekfeu, et son équation couplet + refrain chanté qui garantissait une certification à ses hôtes.

Ninho : «Il faut que ça continue»

Dans son single « Promo », en featuring avec le Bruxellois Damso, Ninho fait le point sur son succès. Ses avantages, l’argent qu’il a gagné «millionnaire avant la fin», mais aussi ses conséquences. Ainsi, malgré le succès grandissant autour de sa musique, il se rend compte des limites que cela peut avoir et le refrain illustre parfaitement ces questionnements : «Je finirais au sommet, étant p’tit j’avais l’vertige». Une belle ascension, mais une peur du succès. D’ailleurs Damso lui répond et l’amène à se questionner sur le but d’une vie, et de l’importance de faire les bons choix : «La vie est courte, la mort aussi, entre les deux, j’sais qu’tout est possible».

Car ce modèle de Ninho dérègle tous les stratagèmes établis par les grosses pointures du milieu. Quand Nekfeu, Damso, PNL ou encore Booba jouent la carte de la discrétion pour faire de leur retour des événements, Ninho surfe sur une vague de réussite qui semble inépuisable. Mais c’est le risque : la productivité emmène souvent la lassitude, puis le déclin. Les retours de son dernier projet M.I.LS. 3 font déjà valoir un certain sentiment d’épuisement chez certains auditeurs. Mais l’artiste s’avoue lucide, ambitieux, et prêt à redoubler d’efforts pour conserver un trône sur lequel il s’est désormais confortablement installé. «Il faut que ça continue, avouait-il à Konbini, en réaction à ses records. Il ne faut pas profiter sur le moment, mais sur la durée. Si ça dure longtemps, on en sera fier. Si je travaille beaucoup, il faut des récompenses.»

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